Paul St-Pierre Plamondon, premier dans les sondages depuis des mois a annoncé qu’un troisième référendum était inéluctable. Logiquement, il devra y avoir un camp du oui, qui ratissera large entre le Parti Québécois, une partie de Québec solidaire et d’autres plus petits partis ou bien des indépendants. Cependant, ce n’est pas du futur camp du oui qu’il sera question ici. Mais du camp du non qui lentement mais sûrement se rassemble. Petit tour d’horizon de cette troisième prise référendaire et les possibles acteurs en présence.
Frédéric Bérard est un avocat et constitutionnaliste, préoccupé par les « droits de la personne ». Il est en première ligne de la contestation judiciaire contre la loi 21 sur la laïcité de l’État. Récemment, il était engagé par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) pour contester devant les tribunaux l’interdiction des signes religieux pour les enseignantes. FAE qui a refusé d’appuyer ses membres en grève l’automne dernier, mais qui a un budget considérable pour ce qui n’est que quelques exceptions.
Ce n’est pas tellement de laïcité qu’il sera question ici, ou de la décision douteuse de la FAE. Mais plutôt du fait que Me. Bérard est de tous les combats pour miner la légitimité du gouvernement québécois. Celui-ci a véritablement une obsession pour la culture des « droits individuels », ce qui est une des bases du trudeauisme et du fédéralisme canadien en général. Au nom des mêmes droits individuels, on raconte qu’il dit à ses étudiants que c’est Lord Durham qui aurait apporté la liberté au peuple canadien-français.
S’il a des opinions plus que contestables, il est connu dans les médias pour constamment fustiger « l’extrême droite » et les « nationalistes ». Cela ne l’empêche pas d’aller voir Radio X à l’occasion. Si la gauche « woke » déteste tout particulièrement Mathieu Bock-Côté, il y a néanmoins des vases communicants entre les libéraux, le NPD, Québec Solidaire et la droite « Metallica » des radios de Québec.
Cela pourrait paraître contre-intuitif, mais les deux camps ont en commun une sacralisation des « identités » individuelles, et des droits individuels ayant primauté sur les droits collectifs. D’où le fait que Radio X s’inquiète d’un Québec indépendant qui violerait les droits de propriété, pendant que la gauche libérale s’inquiète pour les droits des minorités religieuses.
Dans les deux camps, il y a aussi un report régulier à la charte canadienne des droits et libertés. Pendant la pandémie, les animateurs de Radio X ainsi que des influenceurs complotistes se rapportaient à la charte de Trudeau père, ajoutée à la constitution canadienne suite au « coup d’État » du rapatriement depuis Londres.
Pivot, site de propagande solidaire, affirme régulièrement que les minorités dans un Québec indépendant ne seront plus protégées par la « charte des droits ». Ceci sans mentionner que la charte canadienne s’est largement inspirée de la charte québécoise des droits et libertés, votée par Robert Bourassa en 1976, et qui sera une référence pour les gouvernements successifs du Parti Québécois.
Quant à de plus obscurs acteurs d’un futur camp du non, mentionnons le Parti canadien du Québec, avec le chef Colin Standish. Si le parti a obtenu moins de votes que le Parti Québécois dans Westmount, il demeure quand même une référence pour les fédéralistes les plus radicaux. Ceux-ci veulent ouvertement discuter de la possibilité de faire de Montréal une nouvelle « province » canadienne.
Ceci sans connaître les difficultés insurmontables d’une telle initiative, qui doivent recevoir l’assentiment d’une majorité de provinces canadiennes, dont le Québec, qui ne voudra jamais se départir de sa métropole.
Finalement, mentionnons le Parti libéral du Québec, qui ne fait plus le secret de son hostilité envers l’État québécois et ses prérogatives. Il n’y a pas si longtemps, les libéraux votaient aux motions reconnaissant l’intégrité territoriale du Québec ou sur son droit à l’autodétermination. Avec Marc Tanguay, ce n’est plus le cas. Le parti a consommé le divorce avec le Québec des « régions ». Et il le fait savoir. Il est d’ailleurs en montée dans les sondages, cause indirecte de l’émergence du Parti Québécois comme futur gouvernement.
Pour conclure, il est probable que la gauche radicale québécoise appuie en bonne partie le camp du non, quand les modérés appuieront le Parti Québécois dans sa démarche référendaire. Le camp du non sera en gros des gens de gauche plutôt radicale, des libéraux et des libertariens associés au milieu de Québec et de la Beauce. 2026 sera une année cruciale et personne ne manquera d’exprimer son opinion. Les paris sont ouverts.
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