Assiste-t-on à un appauvrissement généralisé de la population?

Depuis la pandémie, on est toujours dans l’expectative de la crise qui vient. Celle-ci pointe présentement le bout de son nez. Avec de nombreuses fermetures de restaurants, de commerces, des gens qui perdent leur emploi, nous assistons en effet aux conséquences des politiques gouvernementales face à la pandémie de Covid-19. Petite analyse sur comment nous sommes en train de nous appauvrir collectivement.

Il serait faux de dire que la crise ne fait que commencer. Depuis bientôt quatre longues années, nous avons assisté à de nombreuses scènes aberrantes. Vous vous souvenez des mesures sanitaires? C’était hier pourtant. Maintenant nous récoltons les « fruits » toxiques de ces mesures gouvernementales prises sans recul. Les travailleurs de la santé comme de l’école publique sont à bout. La grève l’a très bien démontré. On parlait en effet de hausses de salaire, mais aussi d’amélioration des conditions de travail. Et ce dans un contexte qui voit nos écoles et nos hôpitaux ne plus être en mesure d’offrir les services auxquels nous avons droit collectivement.

La Covid n’a pas aidé ces secteurs, les fragilisant encore davantage, après des années de coupes irréfléchies par les libéraux de Philippe Couillard. Ainsi que la centralisation poussée par Gaétan Barrette et ses successeurs. Oui, l’accès aux soins et à l’éducation est compromis. Cela contribue à cet appauvrissement de la population, qui continue de payer toujours plus de taxes pour moins de services.

Tout le monde veut sa part du gâteau. Les villes haussent les taxes, compromettant toujours davantage la santé financière des commerçants et des petits propriétaires. Si elles n’en créent pas carrément de nouvelles. À Sherbrooke, par exemple, une nouvelle taxe « piscine » sera instaurée pour les propriétaires possédant une piscine. De même qu’une taxe sur l’asphalte utilisé par les commerçants pour leurs stationnements. Qui va payer la facture au final? Les consommateurs comme d’habitude.

Quant à l’inflation, elle continue toujours de faire son œuvre. S’il était possible de magasiner les spéciaux à l’épicerie, il faut dire maintenant que les « bonnes affaires » se font rares ces temps-ci. De même que pour bénéficier d’un rabais sur certains aliments, il faut désormais être membre du programme de fidélité de l’épicerie. Encore une chose imposée aux gens sans qu’ils ne puissent rien dire.

La guerre en Ukraine a le dos large sur le prix de l’essence. Celle-ci fut déclenchée il y a bientôt deux ans, mais le prix à la pompe est demeuré à peu près inchangé. Les médias et les gouvernements trouvent toujours de bonnes excuses pour justifier un litre d’essence ayant quasiment doublé en quelques années : la guerre en Ukraine, la pandémie, le terrorisme au Moyen-Orient, les sanctions contre la Russie et l’Iran. Est-ce possible en réalité que nos gouvernements savent qu’ils pourront taxer tant qu’ils veulent sans que l’on puisse se passer de mettre de l’essence dans la voiture? Il faut bien continuer d’aller travailler. Il serait intéressant de savoir combien nous payons du litre au nom de la lutte contre les « changements climatiques ».

Quant aux commerces, plusieurs restaurants montréalais emblématiques ont annoncé leur fermeture définitive. En effet, ils ont seulement quelques semaines pour rembourser leur prêt auprès du gouvernement canadien. Certains estiment que le tiers des restaurateurs ayant demandé un prêt seront dans l’impossibilité de le rembourser. Et pour les autres, rembourser le prêt à disons 3000$ par mois, ça veut probablement dire couper un poste.

Nous parlons trop de « pénurie de main-d’œuvre », mais est-ce possible que nous vivions dans un contexte de chômage grandissant? Plusieurs messages sur des pages « Spotted » demandent à trouver de l’emploi. Il est possible que nous soyons dans une économie qui ressemble maintenant à celle du Japon. C’est-à-dire une stagnation économique, beaucoup d’emplois médiocres à pourvoir, et une baisse progressive du niveau de vie.

Oui, tous les indicateurs semblent pointer vers une récession, voire peut-être même une crise économique majeure dans la prochaine année. Les gens doivent affronter des taux d’intérêt toujours plus élevés, un marché de l’emploi plus compétitif, moins de « bonnes affaires » à l’épicerie et des prix de l’essence toujours trop élevés. 2024 ne sera pas une année facile.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

Recent Posts

D’accord, jouons. Déconstruisons le « pétromasculinisme ».

La journaliste et avocate Stéphanie Marin se penchait hier sur le concept de "pétromasculinité" sur…

1 heure ago

Citoyenneté et histoire ; avoir le sens des priorités

Deux récents sujets de l'actualité politique québécoise me semblent être des exemples éloquents de ce…

1 jour ago

Un bilan catastrophique pour Valérie Plante

Dans la vie, il y a ceux qui assument leurs responsabilités, et les autres. On…

3 jours ago