L’inaction d’Ottawa a créé un consensus en défaveur de l’immigration massive

Traduit de l’anglais. Éditorial publié le 13 janvier 2024 sur le site du Globe and Mail.

Il s’agit d’un revirement étonnant, mais tout à fait prévisible, de l’opinion publique.

Il y a moins d’un an, un sondage réalisé par Nanos Research montrait que 61 % des Canadiens pensaient que les niveaux d’immigration devaient être augmentés ou maintenus, conformément à un consensus vieux de plusieurs décennies qui accueille les nouveaux arrivants dans ce pays.

L’opinion publique s’est inversée, selon Nanos. En décembre, 61 % des Canadiens estimaient que les niveaux d’immigration devraient être réduits, et seulement 34 % pensaient que le Canada devrait maintenir ou augmenter le nombre de nouveaux arrivants.

Il existe peu de précédents à une telle volte-face de l’opinion publique. Interrogé à ce sujet, Nik Nanos, président de Nanos, a évoqué le débat sur le libre-échange des années 1980, lorsque l’opposition généralisée s’est transformée en un soutien solide. Ce changement s’est produit grâce au leadership politique. Le revirement sur l’immigration est le résultat d’un manque.

Pendant des années, les libéraux ont choisi d’ignorer la contradiction évidente qui consiste à augmenter les chiffres de l’immigration dans un contexte de pénurie de logements qui a fait grimper en flèche les prix des maisons et des loyers. Ce n’est pas comme si le gouvernement n’avait pas été averti : La Presse canadienne a rapporté jeudi que des fonctionnaires d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada avaient explicitement signalé le risque en 2022, alors que les libéraux élaboraient des objectifs en matière d’immigration jusqu’en 2025. (En fin de compte, cela se traduirait par une augmentation de la migration permanente annuelle à 500 000 en 2025, contre 341 180 en 2019).

Le briefing des fonctionnaires n’aurait pas pu être plus clair : « Au Canada, la croissance de la population a dépassé celle des unités de logement disponibles », ajoutant que « les augmentations rapides exercent une pression sur les soins de santé et les logements abordables ».

Peut-être le cabinet n’a-t-il jamais entendu ce briefing, peut-être n’a-t-il tout simplement pas écouté. Quoi qu’il en soit, le gouvernement fédéral n’a pas réagi à ces avertissements, jusqu’à très récemment.

Depuis la fin de l’été, les libéraux ont commencé à prendre des mesures significatives dans le dossier du logement. Leur démarche est judicieuse, mais il faudra plusieurs années pour que ces efforts aient un effet significatif sur le resserrement de l’offre.

Jusqu’à présent, en matière d’immigration, seules les mesures les plus timides ont été prises : pas d’augmentation des objectifs d’immigration permanente en 2026, après des années d’augmentation, et un doublement du montant des ressources financières que les étudiants étrangers doivent avoir avant d’entrer dans le pays.

[…]

Ottawa peut faire plus en matière de logement, mais c’est en matière de politique d’immigration qu’il est le plus déficient. La première mesure évidente consiste à prendre des mesures énergiques pour réduire le nombre de migrants temporaires. Comme nous l’avons déjà souligné dans cet espace, le gouvernement fédéral devrait supprimer la possibilité pour les étudiants étrangers de travailler en dehors du campus. D’un seul coup, cela éliminerait les incitations à délivrer des diplômes douteux à partir de centres commerciaux et redonnerait au programme sa véritable fonction.

De même, le programme des travailleurs étrangers temporaires doit être radicalement réduit et limité aux secteurs qui ont un besoin critique de main-d’œuvre, comme l’agriculture. Les entreprises ne doivent pas être subventionnées par l’importation d’une main-d’œuvre bon marché, en particulier lorsque les droits à la mobilité de ces travailleurs sont réduits.

[…]

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