Chemin Roxham : pourquoi ce qui est bon pour pitou ne serait pas bon pour minou ?

La mauvaise foi du Canada anglais est décidément sans limites. Après avoir accusé le Québec de manquer de cœur face à l’arrivée des migrants illégaux par le chemin Roxham, plusieurs maires de l’Ontario et des politiciens de l’Ouest canadien disent que la coupe est pleine et qu’ils sont dans l’impossibilité d’accueillir des migrants. Décryptage d’un Québec bashing feutré de politiquement correct.

Nous parlions déjà il y a peu des chroniqueurs de La Presse et du Devoir qui accusaient le gouvernement du Québec et sa population de tomber dans une rhétorique identitaire. Thomas Mulcair a fait du chantage à l’émotion en parlant quasiment de déportation de migrants du Québec vers l’Ontario. Radio-Canada porte l’odieux de l’envoi d’Haïtiens francophones en Ontario, qui sont dans l’impossibilité d’y recevoir des services en français. Là, après les Québécois qui reprochent à leurs concitoyens de manquer de cœur ou d’humanité, une nouvelle voix s’est ajoutée : celle des élus du Canada anglais.

En effet, le maire de Niagara Falls se soucie de l’image de sa ville auprès des touristes suite à la modeste arrivée de migrants dans sa ville. Il fallait y penser! Ville sans intérêt qui a construit des arcades, des boutiques de souvenirs et des restaurants pour retenir les touristes plus que les quelques heures requises pour voir les chutes, Niagara Falls par la voix de son maire considère qu’ils n’ont aucune responsabilité à l’égard du Québec. Si Montréal utilisait le même argument, soit les touristes qu’il ne faut pas trop intimider, la ville serait accusée de racisme. Et ce n’est pas le seul cas.

Dans d’autres villes ontariennes, on affirme être à bout des ressources disponibles pour aider, loger, éduquer et soigner les migrants. Et le Québec dans tout ça? Ça fait des années qu’on doit ouvrir nos portes sans broncher, sans l’aide du gouvernement fédéral. À verser des chèques d’aide sociale. À amplifier une crise du logement qui ne touche plus seulement les démunis de chez nous, mais de plus en plus la classe moyenne. Certains ont même le culot de blâmer le gouvernement du Québec d’être à l’origine d’une crise humanitaire majeure chez nous.

Il n’a pas que l’Ontario qui ne souhaite plus accueillir les migrants. La Saskatchewan affirme qu’elle en fait beaucoup pour recevoir des réfugiés ukrainiens, mais que pour les migrants du chemin Roxham, qu’ils n’ont plus les ressources. C’est quand même fascinant de voir la réaction du Canada anglais, si prompt à faire des leçons de morale au Québec. Petit Québec intolérant qu’il faudrait discipliner et mettre sous tutelle!

À chaque fois qu’il arrive de mauvaises choses au Canada anglais, par exemple des femmes musulmanes agressées, il faut toujours porter le blâme sur le Québec et ses lois linguistiques et sur la laïcité. Et si le Québec est à bout pour loger des migrants toujours plus nombreux qui se pointent à nos portes, l’Ontario, la Saskatchewan et les autres provinces sont incapables de faire leur part. Il faut les comprendre! Ça pourrait faire peur aux touristes! Et c’est à ces intolérants de Québécois de payer la facture! Car si on demande au Canada de faire sa part pour la responsabilité de Justin Trudeau dans cette crise, là c’est des déportations!

Le Canada, avec la fausse image de pays progressiste et de phare de l’humanité qu’il essaie de projeter à l’étranger, sait qu’il ne peut pas explicitement ordonner au Québec d’accueillir la terre entière. Et surtout dans un but assimilateur à l’égard d’un peuple d’irréductibles qui ne souhaite pas mourir dans un libéralisme libertaire anglophone. Mais il fait de l’inversion accusatoire pour son propre racisme. Le Canada ne souhaite pas accueillir ces gens originaires d’Afrique ou d’Haïti. La seule raison pourquoi le chemin Roxham existe, c’est justement pour pousser le Québec dans ses derniers retranchements et l’empêcher un jour de devenir un pays libre et capable d’assumer son destin.

Le Canada anglais est un pays raciste qui a comme plan d’éliminer le Québec et sa culture. Et cela passe notamment par l’immigration massive, légale ou non. Mais dans cette maison de fous dirigée par Justin Trudeau, c’est toujours la faute du Québec qu’il faudrait responsabiliser! Il y a des nids-de-poule au Québec? C’est la faute aux lois linguistiques! Un couple homosexuel se fait insulter sur la rue par un imbécile intoxiqué? C’est la faute au mouvement indépendantiste! Une femme voilée se fait pousser dans les escaliers à Toronto? C’est la faute à la loi 21 du Québec sur la laïcité de l’État! Et on me demande toujours pourquoi le Québec devrait devenir un pays indépendant? Et quitter un pays fondamentalement hostile qui vise notre assimilation? Vous avez ici un début de réponse…

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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