Bon. Nous sommes vraiment pris dedans. Une crise historique avec des mesures historiques. Mais ce n’est pas une raison pour tout jeter par-dessus bord et de ne pas dénoncer ce que nous croyons comme aberrant non plus.
Mesures de Moyen-Âge
C’est quand même incroyable que plusieurs siècles après la Peste Noire et cent ans après la grippe « espagnole qui venait aussi de Chine », avec toute notre technologie et notre savoir, que nous devions utiliser une mesure du Moyen-Âge pour limiter la propagation d’un virus et espérer ainsi réduire au maximum le nombre de décès. L’objectif est 100 % louable, mais il masque la réalité : notre système n’était pas prêt à recevoir un surplus de patients soudainement. Et pas seulement au Québec, mais je vais me concentrer sur le Québec et le Canada.
Nous avions déjà eu plusieurs alertes dans le passé : H1NI, SRAS, tuberculose au Québec dans le passé (au moins 33 000 décès au Québec entre 1896 et 1906), les épisodes de grippes saisonnières engorgeant nos systèmes, etc. Des mesures devaient être prises après ces épisodes ; elles l’ont été en partie, comme le stockage suffisant de matériel. Or, il s’est passé de drôles de choses dans cette crise : comme 16 tonnes de matériel donné en février à la Chine par le genre de PM du Canada, au nom d’une collaboration quelconque, ou encore le gouvernement du Québec qui a vidé au cours des dernières années sa réserve stratégique d’équipement de protection.
Je l’ai mentionné dès le début de la crise : c’est un virus qui met à l’épreuve nos capacités à soigner les gens en ressources humaines, matériel, temps, etc. Et le seul remède que nous ayons trouvé, en attendant l’autorisation d’utiliser l’hydroxychloroquine et son alliée l’Azithromycine, c’est le confinement.
Stocks en jeu
Et là, soudainement, le président Trump annonce qu’il veut garder pour son pays les masques, limitant les exportations en dehors des États-Unis (pas seulement le Canada mais aussi d’autres pays), utilisant tout le pouvoir que lui donne le « Defense Production Act », ce qui lui permet de virer la production manufacturière en modèle de production de guerre.
Panique ! Non seulement nous avions flushé nos stocks, mais en plus nous ne produisons plus ce type d’équipement, maintenant fabriqués en Chine comme le reste.
Aujourd’hui le 7 avril, 3M va continuer à en vendre au Canada. Mais contrairement aux États-Unis, nous n’utilisons pas ce type de pouvoir, disponible au Canada, pour changer nos productions. Car oui, nous sommes en guerre et peut-être pas seulement contre un virus biologique (un autre texte à venir). Il serait temps de le constater et d’agir de la sorte, cesser de se plaindre et aller de l’avant avec tout notre savoir et nos forces de production dont nous sommes capables de faire preuve. Encore faut-il que la machine gouvernementale suive rapidement la cadence et approuve les nouvelles productions locales. Nous n’étions pas prêts.
Les comparaisons
Je suis tanné d’entendre chaque jour des commentateurs à la télé et même le premier ministre du Québec se flatter la bedaine et comparer notre performance de nombres par rapport aux États-Unis.
D’abord, une des premières choses qu’on apprend dans un baccalauréat en science politique ce sont les échelles de références. Les États-Unis : environ 333 millions d’habitants et plus d’un million 200 mille tests. On ne peut même pas non plus se comparer à l’Italie, 60 millions d’habitants, ou l’État de New York 19.5 millions d’habitants.
Mais on peut se comparer à la Virginie 8,5 millions d’habitants avec : 2878 cas, 54 décès et le premier cas le 7 mars, 355 cas/million. Ou encore avec la Norvège 5,37 millions d’habitants et pays nordique : 5903 cas, 89 décès, 1099 cas/million. Ou finalement la République Tchèque de 10,6 millions d’habitants : 4944 cas, 88 décès, 462 cas/million.
Donc, vraisemblablement, on peut faire mieux, mais il faut voir comment les autres font aussi. Dans la République Tchèque, le port du masque pour tous les citoyens est venu tôt dans le processus. De plus, notre système de CHSLD va malheureusement faire augmenter le nombre, en regroupant massivement des personnes âgées déjà à risque. Après la crise, nous devrons revoir cette approche.
Le confinement
Nous ne pourrons pas passer tout l’été en confinement. C’est déjà la troisième semaine et aujourd’hui 7 avril cela va jusqu’au début mai. L’argument utilisé : pour sauver des vies. Or, le virus a aussi massacré notre économie. Cela engendre déjà énormément d’anxiété, emmène des tensions énormes dans les ménages, provoque des dépressions, favorisera les suicides (il faut tenir bon, il y a un après), ruinera des familles, etc.
Même dans trois semaines, le virus sera encore présent. Nous devons tout de suite se préparer à retourner travailler avec le risque connu, avec les mesures d’évitement et de distanciation sociale et le port de masques pour tout le monde.
Quant à l’annonce du premier ministre du Québec M. Legault de sélectionner quelle entreprise sera jugée essentielle, je trouve cela aberrant : en effet, la simple règle devrait être de permettre à toute entreprise permettant le télétravail et/ou les mesures de distanciation appropriées de repartir, avec des mesures spéciales s’il le faut. Car ce qui n’est pas essentiel pour le gouvernement peut l’être pour le citoyen. Faites confiance aux entreprises ; s’il le faut qu’ils fournissent leurs plans de mesures appropriées.
Nous devons être prêts à repartir ou bien nous allons vraiment reculer vers le Moyen-Âge social et économique.
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