Et si les progressistes arrêtaient leur « terrorisme » intellectuel à l’égard des gens qui ne pensent pas comme eux?

Le Québec en ce magnifique printemps 2023 est un champ de bataille idéologique. Une « guerre » qui se joue sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les associations étudiantes, les syndicats, les firmes de marketing, les conseils d’administration. Pour les progressistes, chaque occasion est bonne pour pousser un programme politique radical. Mais il semblerait que le plan ne se passe pas comme prévu. Il y a une réaction depuis peu et même le début d’une contre-offensive. Une analyse de la guerre culturelle au Québec s’impose.

Une publicité qui met de l’avant « l’inclusivité » d’un plat de pâtes carbonara sans porc pour accommoder des musulmans qui mangent halal. Ça sonne bizarre. À une époque pas si lointaine, nous appellerions ça simplement de la convivialité. Si une personne de notre famille vient souper et qu’elle est végétarienne, il est de rigueur d’offrir une alternative ou bien que la personne apporte quelque chose à cuisiner. À moins d’être intraitables, la plupart des hôtes accepteront certains compromis. Même chose pour des allergies, des intolérances. Donc, pourquoi politiser ici des pâtes carbonara au nom de l’inclusion?

Vous trouvez ça ridicule? Nous aussi! Ainsi que n’importe quelle personne normale. Mathieu Bock-Côté qui a rapporté la nouvelle sur Cnews explique que l’on va après accuser ceux qui évoquent la politisation de cette campagne publicitaire comme étant des idéologues obsédés. En gros, le camp progressiste qui politise une recette de pâtes accuse les conservateurs de politiser… une recette de pâtes.

Ainsi, nous avons un parfait exemple de la guerre culturelle au Québec qui se développe chaque jour avec une intensité toujours renouvelée. David Santarossa dans son excellent essai La pensée woke explique que le wokisme est l’idéologie dominante au Québec. Pas dans la population qui la rejette massivement. Car pour être dominante, une idéologie n’a pas besoin d’être plébiscitée par le peuple. C’est par les médias, la culture, le divertissement, le sport, les institutions telles que les universités et les grandes entreprises qu’une idéologie devient dominante.

Nous allons prendre un exemple. Bien que nous pourrions parler de la « race », du féminisme, de l’avortement ou de bien d’autres sujets controversés, prenons le cas des orientations sexuelles et du « genre ».

C’est ainsi qu’au cours des années, nous parlions au départ des droits des gays et des lesbiennes. Après, ce fut au tour des personnes bisexuelles et transgenres. Et maintenant même des personnes impliquées dans ces causes sont incapables de dire à quoi correspondent toutes les lettres de l’acronyme commençant par «LGBT … » qui change constamment. Et encore moins de pouvoir définir clairement ce que signifie chacune des lettres.

Comment voulez-vous expliquer ce qu’est la non-binarité à des enfants de 5 ans, si moi, avec une expérience de vie et une culture politique, je n’avais jamais entendu parler de ce concept avant 2014? Peut-on vraiment imposer un programme politique aussi trouble à des enfants qui ne savent pas encore lire?

Un exemple grave de cette politisation d’enjeux inexistants il y a à peine 10 ans s’est montré comme un cheveu dans la soupe. C’est dans un dessin animé Netflix destiné aux enfants de 3 à 5 ans qu’un veau se définissait comme non-binaire et qui voulait qu’on le définisse par ses pronoms et qu’on l’appelle Fred, car « ça sonne aussi bien pour un garçon que pour une fille ». Les exemples se multiplient chaque jour.

Extrait de la série pour enfants Ridley Jones avec un veau s’affirmant comme « non-binaire »

C’est là le problème du progressisme. Ceux-ci représentent l’idéologie dominante. Ils contrôlent le cinéma, les universités, et même les écoles de vos enfants. On enfonce dans la gorge de gens qui n’ont rien demandé des concepts flous, aux contours mal définis (quand ce n’est pas volontaire), qui exigeront ensuite une adhésion sans faille, au risque d’être ostracisés socialement dans leur milieu (les étudiants nationalistes et conservateurs pourront vous en parler).

On se le demande régulièrement sur Québec Nouvelles, est-ce qu’il y a une demande aussi folle pour montrer des drag queens à la télé, dans nos festivals, nos bibliothèques et nos écoles? Pourquoi un tel acharnement à mettre de l’avant une sous-culture jadis marginale réservée au monde de la nuit entre adultes consentants?

Les réponses possibles à cette question sont nombreuses. Mais on va simplement dire ceci à ceux qui se définissent comme « progressistes » : arrêtez ! À force de harceler des gens qui veulent mener une vie normale avec leur famille dans vos médias, vos films, dans vos spectacles, vos conférences de presse, vous magasinez une quantité absolument effroyable de haine. On a remarqué depuis quelque temps une hausse du sentiment homophobe chez les jeunes générations. Il n’est pas impossible que le matraquage médiatique autour des « LGBT… » développe un sentiment de lassitude si ce n’est pas d’hostilité.

Ce n’est pas en insultant les gens en les qualifiant de réactionnaires que vous ferez progresser votre agenda en faveur des minorités. Ni en politisant ce qui est des comportements normaux d’une vie en société comme le fait d’accommoder des régimes alimentaires surtout s’il s’agit d’amis ou de membres de notre famille.

Des centaines de co-signataires d’une pétition ont récemment demandé une « pause » quant au développement de l’intelligence artificielle. Selon eux, les innovations vont trop vite et nous n’avons pas assez de recul pour comprendre ce qu’il nous arrive. Avant que ne survienne une catastrophe. Disons la même chose aux « progressistes ». Prenez une pause. Arrêtez-vous un temps et calmez-vous. À force de toujours tirer sur tout le monde, vous ne réalisez pas les risques que vous faites courir à l’ensemble de la société. Cela sera salutaire pour tout le monde.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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