Mardi le 8 septembre prenait place le 2ème débat pour la chefferie du Parti Québécois. Les sceptiques, et Dieu sait qu’ils sont nombreux, clament haut et fort qu’une telle course est foncièrement inutile, pour la simple et bonne raison que le parti politique est déjà six pieds sous terre. Pourtant, en dépit des tendances lourdes, se pourrait-il qu’un chef prochainement élu parvienne à renverser la dynamique à l’œuvre?
Sachant le 17% d’intentions de vote, le Parti québécois peut-il aspirer à une résurrection substantielle ? Mon pronostic, à cet effet, est que la potentielle nomination de Guy Nantel pourrait être la cause d’une reconstruction significative, voire même l’émergence d’une véritable opposition québécoise.
Au départ, force est de constater qu’il était bien difficile que de prendre la figure de Guy Nantel au sérieux. En fait, cela amène un questionnement fondamental ; un humoriste peut-il légitimement être un politicien? C’est d’ailleurs l’interrogation que se posait Paul Saint-Pierre Plamondon hier soir. Pourtant, en cherchant à confronter son rival à cet effet, il n’aura fait que lui donner des munitions supplémentaires ; Guy Nantel a très bien prouvé qu’une conciliation est tout à fait possible, pour la simple raison qu’il est un candidat de qualité, qu’il connait amplement les dossiers politiques et surtout, qu’il est capable de connecter avec le peuple.
C’est, il me semble, un facteur crucial pour appréhender le phénomène Guy Nantel. Il possède une capacité de vulgarisation tout à fait remarquable, qui lui permet de rejoindre l’électorat populaire. Il a d’ailleurs confessé provenir d’un milieu modeste, et vivre dans un HLM jusqu’à l’âge de 16 ans. Une nette tendance populiste se dégage du personnage, et ça n’a absolument rien de péjoratif. Au contraire, les chiffres démontrent clairement que ce style d’approche fonctionne d’un point de vue pratique. Plutôt que de s’exprimer à partir d’un jargon technocratique complètement ésotérique et obscur, Guy Nantel utilise un langage clair et accessible afin de connecter avec le commun des mortels. Il a fait savoir que la Constitution qu’il souhaite rédiger sera en fonction de la volonté populaire, par le peuple et pour le peuple. Comme quoi les fantasmes de souveraineté populaire peuvent être bon vendeur.
Manifestement, une force d’attraction se dégage de l’individu. Même s’il est externe à l’establishment péquiste, il réussit malgré tout à s’implanter en tant que candidat de choix. Tout en conservant un esprit de cordialité, ses attaques vis-à-vis ses rivaux peuvent être particulièrement corsées. Le ringard en chef sylvain Gaudreault en avait fait les frais durant le premier débat, accusé d’ineffectivité et d’un manque de charisme flagrant, ce qui est tout à fait juste. Il faut dire que Gaudreault ne fait absolument pas le poids face à Nantel, en dépit de son expérience de politicien. Sa nomination serait un désastre irréversible pour le Parti Québécois, qui deviendrait désormais une copie identique de Québec Solidaire, c’est à dire un souverainisme globalement socialiste et progressiste.
La nomination de Guy Nantel pourrait donc redonner une vigueur insoupçonnée au Parti Québécois, que d’aucuns considèrent comme en difficulté. Nantel a clairement fait part de son intention de recentrer le Parti Québécois, afin de rapatrier les souverainistes et nationalistes de tous les horizons. De plus, il n’hésite pas à adopter un style populiste, donc à adopter un jargon qui rejoint les classes populaires, et qui vise à satisfaire leurs ambitions et désirs politiques. Sachant que la Coalition avenir Québec est quasiment en situation monopolistique, et qu’aucune alternative véritable ne se démarque présentement, alors le champ est libre pour le Parti Québécois. Guy Nantel possède le potentiel afin de remettre le bateau en marche. Issu d’un milieu populaire, il a la capacité de rejoindre l’électorat populaire qui espère un nationalisme québécois décomplexé, et non pas un nationalisme tiède et partiel. À cet effet, l’apport doctrinal de Frédéric Bastien pourrait certainement bonifier l’offre en construction.
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