Il a été révélé dans les dernières heures que la fille du nouveau directeur de la Police de Montréal aurait publié des photos d’un déguisement inapproprié sur Instagram lors du dernier Halloween. Si c’est plus particulièrement l’arme jouet d’apparence réaliste qui est pointée du doigt, il faut bien reconnaître que c’est la cagoule et le style hip hop qui consolide le malaise en cette période de montée de la violence par les gangs de rues à Montréal.

Sur les photos en question, on aperçoit ainsi la fille du directeur de la police accoutrée d’un haut de bikini bleu électrique, d’une cagoule de la même couleur et de pantalons noirs posant dans un stationnement vide en pleine nuit avec ce qui semble être une arme à feu.

Il n’en fallait pas plus pour que la chose soulève la controverse pour le nouveau directeur de la police de Montréal, qui n’a pris ses fonctions qu’à la mi-décembre.

Sa fille aurait confirmé qu’il ne s’agirait que d’une arme jouet achetée chez Walmart et s’est empressée de supprimer les photos de son compte Instagram, mais en l’absence d’un bout de canon orange, son père confirme que si cette séance photo avait été signalée aux policiers, ils auraient agi comme si c’était une arme réelle.

C’est que Montréal est confrontée à une augmentation fulgurante de la violence par arme à feu depuis un an, particulièrement de la part des gangs de rues. Et c’est d’ailleurs le problème ici.

Alors que le focus est mis strictement sur l’arme, il est évident pour tout le monde que c’est le costume en général qui est inapproprié. Un individu se serait déguisé en chasseur ou en militaire qu’on aurait quand même condamné le port d’une arme trop réaliste, mais on n’aurait pas pu faire de lien avec la violence montréalaise.

La réalité, c’est qu’au-delà de l’arme, il s’agit ici d’une manifestation claire de célébration de la criminalité par la mode hip hop. Les signes ne trompent pas ; l’accoutrement, la cagoule, les positions de squat ou de twerk hypersexualisé dévoilant le bas du bikini sous les pantalons… Un style qu’on imaginerait très bien dans un vidéoclip de gangsta rap et qui pointe directement la culture des gangs de rues.

Cette mode a beau, en dehors des gangs, être raffolée par le grand public, elle n’est pas pour autant moralement acceptable. On en a la confirmation dans le fait qu’on le réalise instantanément lorsqu’il s’agit de la fille d’un directeur de police.

Plutôt que de limiter cette controverse à un enjeu sur les armes à feu et leurs répliques, il est plus que temps de questionner cette vénération des criminels dans des modes qui touchent particulièrement nos jeunes. Il faudra un jour avoir le courage de critiquer la culture rap qui, loin du mythe des poètes s’émancipant du ghetto, ont plutôt créé un cercle vicieux de glorification de la violence qui fait sombrer même les familles les plus aisés.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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