Il y a seulement quelques années, la Chine était « the new big thing » : plusieurs Occidentaux travaillaient là-bas comme profs d’anglais avec de très bons salaires à enseigner dans des centres pour les jeunes enfants. Pour les expatriés aux compétences plus développées, c’était la garantie de contrats très bien payés dans un environnement excitant. Et pour un nombre incalculable de Chinois, c’était l’arrivée du confort voire du luxe dans leur vie. Aujourd’hui, l’eau a coulé sous les ponts. Le pays vit une crise profonde, qui va bien au-delà de simples conséquences de la politique zéro COVID. Analyse d’un pays en sursis.
Rien ne va plus en Chine : même si le prix des immeubles et logements est constamment en train de baisser, personne ne veut acheter dans un tel contexte. Dans certaines villes, on constate des baisses jusqu’à 30%. Et pourtant, on démolit tous les jours des tours, car il n’y a plus de financement pour les finir. Donc d’acheteurs. Sur l’application Xiao Hong Shu (Petit livre rouge, équivalent chinois d’Instagram), des jeunes montrent comment ils ont réussi à aménager les quatre murs de leur appartement non terminé. Pour certains sans électricité. Car en Chine, c’est courant d’acheter un appartement qui n’est pas prêt à accueillir des gens (donc sans plomberie et les murs achevés), les propriétaires exécutant par eux-mêmes les travaux. Mais ce qui est nouveau, c’est que de jeunes propriétaires ne complètent pas les finitions, l’électricité, la plomberie, le chauffage, la décoration.
Des vidéos font également état d’un nombre surprenant de personnes sans abris dans les villes. À une certaine époque, les sans-abri étaient chassés sans ménagement par la police. Mais de plus en plus de gens se retrouvent forcés à (sur)vivre dans des chantiers de construction abandonnés. Pour d’autres, ils sont forcés de retourner dans leur province d’origine, car il n’y plus d’emplois dans le secteur industriel des grandes villes du Guangdong. Les géants comme Samsung, Apple, Sony et bien d’autres ont décidé de plier bagage et de soit retourner dans leur pays d’origine, ou bien de s’installer dans des pays rivaux de la Chine comme le Vietnam, l’Indonésie ou l’Inde.
Le suicide de la chanteuse hongkongaise Coco Lee a fait parler partout en Chine. Elle s’est suicidée après des années de dépression, mettant en lumière des problèmes majeurs dans ce pays. Elle n’est que la pointe de l’iceberg d’une estimation d’environ 200 millions de Chinois souffrant de problèmes mentaux, exacerbés par des années de confinement anti-COVID, mais aussi une crise économique majeure après une croissance soutenue. Selon le site Chine Direct, il n’y aurait que 40 000 psychiatres en Chine, et le traitement par psychothérapie coûterait 10 000 yuans (environ 2000$ canadiens).
Le contrôle de la population est rendu tel dans certaines régions du pays que les gens protestent maintenant dans la rue, à leurs risques et périls. Qu’il s’agisse des musulmans Hui qui manifestent contre la fermeture d’une mosquée, ou encore des jeunes qui protestent contre la saisie de leur scooter électrique, il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles les Chinois n’ont plus peur de sortir publiquement contre leur gouvernement.
D’ailleurs, dans une vidéo récente du youtubeur Laowhy86, il explique en gros que Xi Jinping, par le biais de la propagande en ligne, exhorte désormais les Chinois à « endurer » leur sort. Qu’il n’y a rien à espérer à la fin d’une épreuve, contrairement à la mentalité occidentale. Plusieurs témoignages de jeunes gens sont mis de l’avant. Ils se demandent pourquoi ils ont fait des études des fois jusqu’à la maîtrise pour finir comme livreurs. Que leur vie sera moins bonne que celle de leurs parents.
Nous pourrions aussi longuement discuter de la crise démographique qui touche le pays. Le parti encourage maintenant les étudiantes à se marier et à avoir des enfants pendant leurs études, ce qui était interdit il y a quelques années dans les universités du pays. Universités qui interdisaient aux femmes enceintes d’étudier. La politique de l’enfant unique a créé un déséquilibre majeur, il est difficile de voir comment le pays s’en sortira à court ou moyen terme. Surtout en période de crise économique.
La Chine est peut être un pays aux ressources fantastiques, avec une immense population, néanmoins, elle est en train de sombrer, et il est possible qu’elle nous entraîne avec eux. La Chine étant partout sur la planète avec ses projets d’infrastructures, nos marchés de l’immobilier, d’investissements. Il faut se protéger des conséquences néfastes d’un effondrement de ce pays qui avait des ambitions planétaires, mais pas les reins assez solides pour y arriver.
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