Depuis déjà quelques années, il semble que toutes les politiques provinciales et fédérales soient subordonnées à la « transition énergétique », et ce, même lorsqu’elles comportent un risque de nuire à la prospérité économique et à la sécurité des Québécois et des Canadiens. Dans une logique un peu catastrophiste, on a proclamé « l’urgence climatique » et on est prêt à tout sacrifier pour « sauver la planète ». Néanmoins, de plus en plus de pays dans le monde jugent ces politiques de transition trop radicales et commencent à réévaluer leur application. Sans compter certains des plus grands pollueurs qui ne sont tout simplement pas intéressés à les appliquer.
Cette semaine, le premier ministre britannique Rishi Sunak a jeté un pavé dans la mare en repoussant de cinq ans l’interdiction des voitures à essence et en promettant une série d’allègements concernant la transition énergétique du secteur résidentiel. Ainsi, les citoyens britanniques pourront continuer d’acheter des voitures à essence neuves jusqu’en 2035, et pourront continuer de les vendre et de les acheter dans l’usagé après cette date. Pour ce qui est du chauffage résidentiel, les citoyens ne seront pas forcés de changer leur chauffage au gaz, et ne devront le faire qu’à la fin de la vie utile de leur système actuel.
Malgré une levée de bouclier chez les faiseurs d’opinions et les milieux d’affaires verts, le premier ministre s’est justifié en disant qu’il alignait ses politiques sur des pays comme l’Allemagne, la France, l’Italie, le Canada, la Suède et certains États américains comme la Californie et le Massachusetts. Il s’agit selon lui d’une série d’allégements nécessaires afin de ne pas heurter la population au point de la rendre davantage réfractaire.
En d’autres mots, il n’est pas prêt à ruiner le Royaume-Uni pour remplir des objectifs irréalistes de transition verte.
Une autre réflexion de sa part devrait d’ailleurs faire réfléchir les Québécois : Sunak affirme qu’étant donné l’avance du Royaume-Uni par rapport au reste du monde en matière d’énergies vertes et de développement durable, le pays peut se permettre de retarder un peu son échéancier. Le Québec, dont déjà 94% de l’électricité est produite grâce à des barrages hydroélectriques, pourrait se permettre la même réflexion et s’éviter de tomber dans les déficits énergétiques en forçant une électrification prématurée des transports.
Cette réévaluation des politiques de transition énergétiques au Royaume-Uni trouve aussi un écho en Californie, un État américain pourtant reconnu comme étant le plus progressiste dans le pays. Malgré ces sensibilités politiques, l’État dépend encore largement du gaz naturel, dont il est le deuxième plus grand consommateur aux États-Unis après le Texas. 40% de son électricité est produite au gaz et 60% des foyers sont chauffés au gaz.
Pour remédier à la situation, la Californie avait un plan agressif pour se débarrasser des énergies fossiles, incluant la fermeture de centrales au gaz, mais a dû y renoncer dans les dernières semaines. Son réseau électrique éprouve déjà de grandes difficultés, les pannes sont de plus en plus fréquentes, particulièrement durant l’été où l’usage de l’air climatisé est généralisé et les disruptions dans la chaîne d’approvisionnement a ralenti son acquisition de certaines technologies telles que des panneaux solaires et des batteries.
Ainsi, au début du mois d’août, il avait été décidé à contrecœur de mettre des centaines de millions de côté afin de continuer à payer pour un approvisionnement provenant de centrales au gaz qu’on annonçait pourtant vouloir fermer dès l’an prochain. Plus récemment, à peu près en même temps que l’annonce des allégements au Royaume-Uni par Rishi Sunak, la Californie a finalement décidé de maintenir les activités de ces centrales au gaz au moins jusqu’en 2026. Malgré toutes les convictions vertes de l’État progressiste, s’en départir trop tôt serait tout simplement trop risqué et causerait un trop grand déficit énergétique.
Maintenant, alors que le monde occidental se torture afin de se soumettre à des cibles de transition radicales, les principaux émetteurs de gaz à effets de serre comme la Chine sont encore bien loin d’évaluer la possibilité de s’y soumettre. Contribuant à 27% des émissions globales de CO2, le géant asiatique continue de dépendre fortement du charbon pour produire son électricité. Et bien que certains aient pu vanter le développement des énergies vertes en Chine, leur apport au bouquet énergétique demeure encore marginal et aucun engagement clair de transition a été formulé. Le pays n’a pas rejoint l’alliance « Beyond Oil & Gas », puisqu’il compte réduire sa dépendance au charbon en transitionnant vers le gaz naturel, sans pour autant émettre d’engagement clair. Malgré un important marché de véhicules électriques, il n’a pas signé d’engagement de passer à un parc automobile 100% électrique lors de la COP26, arguant que ces politiques seraient un frein dramatique à la croissance de son économie.
Bref, la Chine n’a pas l’intention de compromettre son développement et le gaz, le pétrole et le charbon ont encore de beaux jours devant eux.
Ces différentes approches à l’international ont de quoi faire réfléchir le Québec et le Canada, qui disposent somme toute d’un portrait environnemental enviable. Un discours catastrophiste étrange tente pourtant de convaincre la population de l’inverse, et pousse les décideurs à compromettre la stabilité économique du pays dans une transition prématurée vers le tout-à-l’électrique. Même le Québec, dont l’énergie hydroélectrique était la fierté, se fait désormais sermonner avec les concepts de « sobriété énergétique » et se place dans une position précaire en voulant convertir l’entièreté de son parc automobile. On évalue devoir construire l’équivalent « d’une moitié d’Hydro-Québec » d’ici 2050 pour répondre à la demande qui sera causée par cette transition radicale, et de nouvelles projections vont même jusqu’à parler de besoin de doubler l’offre énergétique… Ce sont là des perspectives peu encourageantes qui laissent entrevoir un avenir marqué par les déficits énergétiques. Bref, en quelques années, le Québec, qui disposait de généreux surplus pendant des décennies, deviendra extrêmement précaire, et tout ça en raison de politiques gouvernementales radicales et obstinées. Peut-être est-il temps de faire preuve d’un peu de sagesse et d’adoucir nos politiques de transition comme nos alliés ailleurs dans le monde l’ont fait.
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