Le procès d’Ali Ngarukyie, accusé pour tentative de meurtre d’un policier en janvier 2021, se déroule depuis déjà quelques semaines devant jury. La complexité chronologique et les multiples confusions dans cette affaire, à commencer par l’arrestation erronée de Mamadi Camara, ont quelque peu détourné l’attention du public ces dernières années. Portrait de la situation.

Une chronologie confuse

Le 28 janvier 2021, Sanjay Vig, un agent du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) effectuait un arrêt routier pour un cas de cellulaire au volant. Alors qu’il retournait vers son auto-patrouille afin de remettre une contravention au conducteur, un dénommé Mamadi Camara, le policier s’est fait attaquer par-derrière à coup de barre de fer par un autre individu surgit de nulle part.

S’ensuivit une bataille sur le sol où l’agresseur est parvenu à s’emparer du pistolet du policier et tenter de lui tirer dessus. Au moins un coup de feu fut tiré, ce qui obligea Sanjay Vig à se réfugier dans un édifice en attendant des renforts.

Mais entre-temps, l’agresseur a pris la fuite, et Mamadi Camara, alerté par les bruits de la bataille, a contacté autorités.

Le hic, c’est que Camara et l’agresseur se ressemblaient beaucoup physiquement. Non seulement ils étaient tous deux noirs, mais les traits de leurs visages étaient effectivement très ressemblants, au point où, dans la confusion et l’adrénaline du moment, Sanjay Vig pensait être attaqué par Mamadi Camara, le conducteur à qui il devait remettre une contravention, ce qui mena à l’arrestation erronée de ce dernier.

Brouillage militant

Dans l’ambiance militante explosive au sujet des brutalités policières et du profilage racial – on se rappelle que les émeutes américaines autour de la mort de George Floyd avaient occupé une bonne part de l’actualité l’été précédent – de nombreuses organisations militantes ou anti-racistes québécoises s’étaient insurgées de cette erreur sur la personne.

Très vite, on a accusé le policier qui venait d’échapper à la mort de « profilage racial » et on en a fait un grand débat de société qui fit rapidement ombrage au véritable enjeu.

Quoique l’arrestation erronée de Camara soit extrêmement déplorable et ait dû lui faire vivre une avalanche d’émotions, il n’en demeure pas moins qu’un individu avait tenté d’assassiner un policier, s’emparant de son arme et tirant dessus. La gravité et la confusion du moment explique très bien cette erreur de bonne foi.

Et plus l’enquête progressait, plus on réalisait que cette attaque, loin d’être la rage aléatoire d’un individu instable, était en fait dûment planifiée et fort probablement de nature terroriste.

Une planification élaborée

C’est seulement des semaines plus tard dans l’enquête que le véritable suspect, Ali Ngarukiye, fut arrêté dans une mosquée de Toronto où il se cachait.

Divers éléments de preuve comme des traces d’ADN sur les armes utilisées et des caméras de surveillance ont pu blanchir Camara et confirmer qu’un autre individu s’en était pris au policier tout de suite après qu’il ait parlé à Camara.

Apparemment, Ali Ngarukiye avait planifié cette attaque de longue date, en volant des voitures et en les plaçant dans des endroits stratégiques afin de pouvoir fuir le plus rapidement possible en Ontario. L’élément de préméditation devient donc assez sérieux.

De plus, Ngarukiye faisait déjà l’objet d’un suivi de la part de différentes agences de lutte anti-terroriste, ce qui indique qu’on le considérait déjà à risque.

Meurtre d’un codétenu et mutilation

Ça ne s’arrête pas là. Alors qu’il attendait la suite de son procès au centre de détention de Rivière-des-Prairies, à Montréal, Ngarukiye aurait tué et mutilé le cadavre de son codétenu de 57 ans, André Lapierre.

Serait-ce pour plaider la folie que ce triste individu ira jusqu’à cette extrémité? Il tentera pendant des mois de faire valoir son inaptitude à subir un procès en raison de troubles mentaux, ce qui sera rejeté par le juge à l’époque.

Dans tous les cas, ce nouvel acte de violence ajoutera une couche accablante à son dossier, et les accusations d’outrage à un cadavre entraînerons des soupçons encore plus fort de motivation terroriste de nature islamiste.

« Tuer des non-croyants »

Ce motif sera d’ailleurs renforcé par le témoignage d’Hassan Habib, l’imam de la mosquée de Toronto où Ngarukiye s’était réfugié.

En effet, quelques mois avant de procéder à son attaque méticuleusement planifiée, Ngarukiye aurait confié à cet imam sa volonté de tuer des policiers, arguant que le Canada était un pays de « non-croyants ».

Cette vision manichéenne tristement commune dans les cercles islamistes radicaux donne malheureusement des airs de déjà-vu. Il faudra évidemment attendre la décision du jury, mais les intentions terroristes du personnage semblent plutôt claires. Et sa propension au meurtre, entièrement confirmée par l’assassinat de son partenaire de cellule.

Des leçons à retenir

Toute cette saga parsemée de revirements inattendus devrait servir de leçon aux observateurs du débat publique.

D’abord, les militants anti-racistes devraient se garder une gêne avant de vouloir mousser un outrage et se lancer dans des accusations de profilage racial. Le métier d’un policier est très difficile, très dangereux, et ce genre de combat pour survivre peut rapidement devenir confus. La méprise entre Ngarukiye et Camara était de bonne foi ; des photos confirment rapidement la ressemblance des deux individus.

On devrait d’autant plus se garder une gêne considérant la gravité de l’attaque, qui, en bout de ligne, s’avère de toute évidence de nature terroriste.

Est-ce plus choquant qu’un policier fasse une erreur sur la personne en situation de panique, ou bien qu’il y ait un telle prévalence de terroristes en puissance qui aspirent à tuer des mécréants dans nos rues? On ne peut s’empêcher d’y voir le triste résultat de l’immigration de masse au Canada, et du laxisme dans l’application de nos mesures anti-terroristes.

On se rappelle que de nombreuses élites politiques dans notre société se portent instantanément à la défense d’individus radicalisés, comme par exemple Alexandre Trudeau ou Françoise David, qui avaient ouvertement soutenu Adil Charkaoui, qui invitait récemment les gens d’une manifestation à « tuer tous les sionistes » qu’ils rencontreraient.

La menace terroriste est bien réelle et n’est pas simplement le fruit de spéculations militantes sur le profilage racial dans les corps de police.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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