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L’amour au temps de la Covid-19 : Quand l’état franchit le seuil de la chambre à coucher

La semaine dernière fut plutôt riche en matière de dérapages. La distanciation sociale étant à privilégier, qu’en est-il des couples qui n’habitent pas la même demeure ? Mon fil d’actualité ainsi que quelques nouvelles m’ont amené à réfléchir à ce confinement, aux limites de l’État ainsi qu’au gros bon sens qui devrait prévaloir.

Le gros bon sens… Je vais m’attarder un peu à cette ambiance pandémique qui donne plus de pouvoir que jamais aux corps de police ainsi qu’à ses agents qui doivent souvent appliquer leur propre jugement dans plusieurs situations inédites. D’ailleurs nous le faisons tous maintenant. Alors que certains règles et articles de loi sont plutôt clairs, dans cette situation particulière, ça ne l’est pas tant que ça.

Présentement, nous voyons différentes réactions émotionnelles face à cette crise sans précédent. Il y a certaines personnes qui banalisent la situation, il y a celles qui appliquent les règles selon leur interprétation et leur jugement et il y a celles qui paniquent, appliquent à la lettre et même plus encore les mesures de distanciation sociale. En aucun cas, il ne me viendrait à l’esprit de juger la réaction propre à chacun, c’est extrêmement émotif et humain. Cependant, certaines situations doivent être jugées au cas par cas. Allons-nous dénoncer automatiquement le voisin qui a une nouvelle voiture dans son stationnement ? Parce que c’est exactement ce à quoi les policières et policiers sont confrontés présentement.

Comme je le mentionnais plus haut, j’ai sursauté à quelques reprises cette semaine. Je me suis demandé si tout cela n’allait pas trop loin. Une de mes amies se questionnait, avec raison d’ailleurs, si elle était à risque d’avoir une amende salée parce que l’homme qu’elle fréquente depuis un bon moment déjà, venait dormir chez elle. Le matin même, une situation similaire avait amené des policiers à mettre à l’amende un couple qui n’habitait pas ensemble, exhortant la personne non domiciliée à cette adresse à retourner chez elle. Je me suis dit en lisant cet article qu’on allait beaucoup trop loin. Puis, j’ai cherché et cherché un article de loi dans le décret ministériel qui pourrait nous amener à sévir dans ce type de cas, mais en vain. Deux personnes, ce n’est pas un rassemblement.

Plusieurs célibataires se retrouvent seuls plus que jamais. Oublions la multiplication de rencontres via les plateformes dédiées, ce n’est clairement pas le moment. Qu’il en soit ainsi ! C’est juste le gros bon sens. Mais sérieusement, priver un couple de se voir parce qu’ils n’habitent pas la même demeure ?

Présentement, je plains vraiment certaines personnes qui demeurent dans les régions plus hautement surveillées et confinées. Dans ces cas précis, il est compréhensible de ne pas accepter que le conjoint ou la conjointe vivant dans une région plus à risques fasse augmenter le nombre de cas, sans le savoir, par sa seule présence sur le territoire. Mais deux personnes domiciliées dans la même région, ne travaillant pas dans des secteurs à haut risque ont-ils le droit de se voir ? Les personnes qui appliquent les règles selon leur bon jugement vous diront que oui. Après tout, tous les graphiques qui représentent la distanciation sociale démontrent que nous devons nous couper de 75 % de nos relations afin que ce soit efficient, pas 100 %. Pour certaines autres, plus en proie à la panique, ce serait presque criminel de même y songer.

Heureusement, notre premier ministre et son acolyte de la santé publique ont abordé le sujet la journée même. C’est une question de gros bon sens et c’est permis, encore une fois, au cas par cas. Bien sûr, comme le disait notre bon docteur, Horacio Arruda « la monogamie est à privilégier ces temps-ci ». Pour moi, la santé mentale a toute autant d’importance que la santé physique. Et couper tous les droits à notre société mènerait clairement à une forme de rébellion assez rapidement, confinement ou pas. Est-ce que cet appel à la dénonciation ne mène pas à certains dérapages ?

Le fameux retour en classe plus tôt que prévu, une forme de vaccination collective

Monsieur François Legault a laissé planer vendredi dernier que les enfants pourraient retourner en classe avant le 4 mai. Rapidement les réseaux sociaux se sont emballés et les pétitions se sont multipliées. Il a clarifié ses dires le lendemain mentionnant que bien sûr, ce sera l’agence de la santé publique qui aura le dernier mot. L’idée derrière ce retour en classe hâtif est d’immuniser naturellement une partie de notre société moins à risque de complications, nos enfants.

Notons par ailleurs, que dans presque la totalité des cas, ils ne développent que peu voire pratiquement pas de symptômes de ce virus. Une forme de vaccination collective. Tant qu’il n’y aura pas de remède ni vaccin, la Covid-19 reprendra rapidement ses droits au gré des périodes propices à la multiplication des virus. Pour couper l’herbe sous le pied de ce coronavirus plus tôt que tard, de 30 % à 70 % de la population devra être immunisée.

Il est impossible de rester confiné et sur pause pour 12 à 18 mois. Nous devrons un jour ou l’autre autoriser une certaine contamination communautaire et vaut mieux qu’elle soit contrôlée. Pour ce faire, nous devrons collectivement mettre nos peurs de côté et accepter que certains d’entre nous doivent contracter ce virus afin de nous permettre de recouvrer nos droits et de pouvoir enfin, à nouveau, serrer nos proches dans nos bras.

Julie Landreville

Ancienne Attachée politique du député de Vimont et coordonnatrice - Communications et stratégie, Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale (CAMAQ)

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