Imaginez que le Québec était en mesure d’ajouter 95 milliards de dollars à son PIB au
courant des quinze prochaines années. Imaginez tous les impacts positifs que cela
apporterait sur l’emploi, nos programmes sociaux, notre niveau de vie, notre système de
santé, sans oublier notre endettement collectif. Imaginez que pour y arriver, les
Québécois devenaient des leaders mondiaux dans la lutte aux changements climatiques.
Seriez-vous intéressé? Pourtant, cette opportunité est à portée de main.
Le sous-sol québécois regorge d’une véritable solution pour réduire les gaz à effet de
serre (GES). Je parle bien sûr de notre gaz naturel. Ce gaz émet 50 % moins de GES
que le charbon lorsqu’il est utilisé pour produire de l’électricité, n’importe quel ingénieur
vous le dira. En 2020, le combustible le plus utilisé dans le monde est encore le charbon.
Si, comme certains avancent, le pétrole est une «énergie du XXe siècle», alors que dire
du charbon? Selon l’IEA (International Energy Agency), le gaz naturel est la meilleure
alternative au charbon, voir l’énergie de transition par excellence. En cette ère d’urgence
climatique, ce gaz est un actif stratégique.
Compte tenu des avancées scientifiques des dernières années au Canada, et de la
possibilité de produire du gaz naturel liquéfié (GNL) grâce à notre hydroélectricité, le GNL
du Québec serait parmi les plus petits émetteurs de GES au monde. Les Québécois ont
toutes les cartes en main. Ils peuvent s’enrichir en produisant du GNL tout en réduisant
les GES, même à l’étranger. Le beurre et l’argent du beurre, rien de moins.
Alors, pourquoi le Québec ne produit pas massivement son GNL? Produire du GNL
québécois empêchera-t-il la Chine et l’Inde de développer des énergies renouvelables?
Ces pays vont-ils cesser spontanément de consommer du charbon ? Balivernes. Il y a
7.6 milliards d’humains sur Terre. Il y en aura 9 milliards en 2050. Nous aurons besoin
d’énergie, et de plus en plus. Sera-t-il possible de convertir la planète à l’énergie
renouvelable en 15 ou 20 ans? Posez la question est y répondre. Que faire alors pour
gérer l’urgence climatique? Un seul mot : innover.
Notre objectif doit être de réduire l’intensité en carbone de nos sources d’énergie; de
toutes nos sources d’énergie, actuelles comme futures. Une grave erreur serait de rester
les bras croisés pendant que la planète poursuit sa course vers l’énergie renouvelable.
Cependant, si le Québec a la possibilité de réduire des GES aujourd’hui, doit-il y renoncer
simplement parce que cette réduction proviendra du GNL et non de l’énergie
renouvelable? Bien sûr que non, un tel dogme n’a pas de sens. Il faut combattre cette
idée trop souvent véhiculée par les écologistes. D’ailleurs, pourquoi ces derniers
refusent-ils de discuter sérieusement de l’option intermédiaire du GNL? N’y a-t-il pas là
une contradiction face à l’idée même de la transition énergétique?
Nous y voilà! Les écologistes devraient être les premiers à réclamer que le Québec
produise du GNL. Ils ne le font pas car leur objectif n’est pas une transition énergétique.
Leur objectif est une transition politique. Malheureusement, plusieurs Québécois ignorent
cette réalité.
Vous en doutez? Dernièrement, l’activiste Dominic Champagne déclarait qu’il rêvait de
voir la sociologue Laure Waridel devenir ministre des Finances du Québec ou encore
présidente du Conseil du trésor. Ce commentaire peut paraître banal, mais il est très
révélateur.
Figure de proue du mouvement écologiste, il faut savoir que Laure Waridel embrassé la
doctrine de l’économiste Hongrois Karl Polanyi. Ce dernier proposait de réduire les
libertés économiques individuelles et d’instaurer un système politique où les bureaucrates
sont mis aux commandes d’une économie planifiée qu’ils dirigent. J’ai l’impression que
bien peu de Québécois se reconnaissent dans une telle proposition politique, c’est
pourtant la « transition » à laquelle nous convie le mouvement écologiste québécois : un
changement radical de régime politique.
Sous une épaisse couche de verni vert, les écologistes font constamment la promotion
de cet agenda : conférences sur conférences dans les écoles pour y diffuser leurs
dogmes aux jeunes, occupation de l’espace médiatique et désobéissance civile.
D’ailleurs, dans son dernier livre, Laure Waridel cautionne sans réserve les gestes
radicaux posés par des organisations comme Extinction Rébellion qui ont déplu à tant de
Québécois en bloquant le Pont-Jacques Cartier à Montréal en octobre dernier. La fin
justifie les moyens, semble-t-il.
Rappeler-vous, si l’agenda des écologistes était purement environnemental, urgence
climatique oblige, ces gens chercheraient à stimuler la production de GNL au Québec,
pas à la bloquer. Le problème est plutôt que toute démonstration que le système actuel
peut produire une solution intéressante devient pour eux une vérité qui déboulonne leur
agenda politique.
Au lendemain de l’épisode du Pont Jacques-Cartier, le Premier ministre du Québec a
dénoncé, avec raison, le blocage du pont par des radicaux. On peut se poser la question
aujourd’hui à savoir si on dénonce suffisamment les tentatives de blocage de la
production et de l’exportation de GNL par le Québec?
Les Québécois ne veulent pas d’une transition politique, encore moins d’une doctrine
radicale. Je pense qu’ils souhaitent une transition énergétique, tangible et
pragmatique. Le potentiel derrière le GNL nous offre non seulement cette possibilité, elle
nous offre également de devenir des leaders mondiaux de cette transition
énergétique. La responsabilité de notre gouvernement est désormais de nous permettre
de réaliser cette ambition.
Nicolas Gagnon
Directeur des opérations
Québec FIER, Canada Strong and Proud
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