Nous lisions dans les pages de La Presse, la semaine passée, qu’une étude du groupe de pression Investors for Paris Compliance prétendait que la fenêtre d’opportunité pour venir en aide à l’Europe par une exportation de gaz naturel canadien était passée, et que les promoteurs de projets de terminaux d’exportation devraient réviser leurs plans. « Le Canada arrive trop tard dans la course », affirmait-on. Or, il s’agit là d’une grossière simplification : l’Europe a encore besoin de gaz naturel afin de se libérer de sa dépendance au charbon, au lignite et au gaz russe, et les arguments avancés pour invalider le GNL canadien en tant qu’énergie de transition ne tiennent pas la route.
Selon Renaud Gignac, porte-parole du groupe de pression, ce rapport serait « un avertissement pour les caisses de retraite et tous les investisseurs », et il vaudrait mieux se « tenir loin » de ces projets. Pour avancer cela, il note les prévisions de plus en plus incertaines au sujet de la demande future pour la ressource en raison d’un ralentissement dans les dernières années ainsi que la montée de la concurrence mondiale.
D’abord, il faut quand même préciser que le retrait de la Caisse de dépôt et placement des investissements dans les hydrocarbures en raison de ses politiques ESG lui a fait perdre des milliards en revenus potentiels dans les dernières années, alors que la demande était à la hausse en raison, principalement, de la Guerre en Ukraine. Ensuite, il est vrai que personne ne s’entend vraiment sur les projections à long terme de l’industrie, notamment en raison des politiques de transition accélérée de pays européens comme l’Allemagne, qui déclarait en septembre être moins intéressée par le gaz naturel canadien qu’elle ne l’était en 2022. Or, il persiste une incertitude équivalente – voir encore plus grande – à l’égard de ces politiques de transition dans de nombreux pays qui, comme le Québec, craignent de manquer d’électricité dans les prochaines années.
C’est d’ailleurs le cas de la Pologne, qui cherche à se débarrasser de ses centrales au charbon et au lignite, qui sont extrêmement polluantes et représentent plus de la moitié de sa production électrique. Des rapports gouvernementaux démontrent que les initiatives de transition énergétique occasionneront une hausse rapide de la demande électrique, et que les modes de production d’énergie dite « verte », telle que l’éolien et le solaire, ne seront pas à même de suffire à cette hausse. Ainsi, le pays devrait manquer d’électricité autour de la fin des années 2020 et début des années 2030. Puisque le recours au charbon est hors de question à ce stade et deviendra de plus en plus déficitaire d’un point de vue opérationnel, le recours au gaz naturel s’avère l’option la plus logique et représente, encore une fois, une très bonne occasion d’affaires pour le Canada.
Et c’est sans parler du marché asiatique, où la majorité des émissions mondiales sont produites en raison du recours massif au charbon, qui devra absolument être remplacé dans les prochaines années. Cela représente une opportunité d’affaire indéniable, mais aussi une manière beaucoup plus efficace de réduire drastiquement les émissions mondiales.
À cela, le rapport répond que l’offre de gaz naturel liquiéfié aussi a augmenté dans les dernières années pour répondre à la demande en croissance, et qu’en l’occurence, il pourrait être de moins en moins profitable pour le Canada de se lancer aussi tard dans l’aventure. En effet, on se rappelle qu’en l’absence d’un accord avec le Canada, l’Europe s’était tournée vers le Qatar. De plus, on souligne la prévision d’une politique agressive des États-Unis dans ce marché sous la gouverne de Donald Trump, qui a fait campagne sur le slogan « drill, baby, drill! ». Or, encore une fois, ces considérations ne prennent pas en compte la position stratégique du Canada pour alimenter les marchés Européens, qui diminue considérablement la distance de transport et donc, son coût et son impact environnemental.
Elles ne prennent pas non plus en compte l’accessibilité et la quantité de nos ressources : le Québec, par exemple, dispose de la plus grosse source non exploitée de gaz naturel au monde directement sous ses pieds. Évidemment, une telle proximité entraîne aussi de la méfiance chez les citoyens au sujet des méthodes d’extraction et des potentielles fuites, mais c’est sans compter le développement incroyable qui a été fait dans cette industrie depuis plus d’une décennie.
D’ailleurs, un autre argument majeur de l’étude d’Investors for Paris Compliance est celui selon lequel « En termes de cycle de vie, le GNL est parfois pire que le charbon et n’est
jamais nettement meilleur ». On ajoute aussi que « Même si l’on ne tient pas compte de ce fait, il existe déjà suffisamment de projets de GNL en développement pour excéder les besoins nécessaires pour remplacer la consommation de charbon ». Or cet argument ne tient pas du tout la route et s’avère complètement paradoxal.
En effet, les raisons pourquoi on affirme que le GNL n’est pas mieux que le charbon sont précisément celles qui justifient que ce soit le Canada qui assure l’approvisionnement nécessaire au remplacement du charbon au niveau mondial!
D’abord, le premier argument là-dedans, c’est le fait que l’extraction pourrait entraîner des fuites de méthane, un gaz à effet de serre (GES) beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone à court terme, et que celles-ci pourraient annuler les avantages du GNL par rapport au charbon en termes d’émissions. Or, justement, le Canada est parmi les endroits les plus réglementés et où il y a eu le plus de développement dans les dernières années pour assurer une extraction sécuritaire ; c’est donc au Canada où le gaz naturel a le plus de chance d’entraîner une réduction effective des émissions en remplacement du charbon.
Ensuite, l’autre raison invoquée concerne le fait que la liquéfaction nécessite une quantité énorme d’énergie qui provient souvent de centrales qui sont déjà polluantes, annulant pour une bonne part la réduction réelle des émissions par le gaz naturel. Encore une fois – et d’une manière encore plus évidente – l’avantage du Canada est justement de pouvoir disposer d’entrée de jeu de sources d’électricité propre, comme au Québec, où elle est produite à 94% par des barrages hydroélectriques. La solution d’Investors for Paris Compliance serait donc de laisser des pays plus polluants s’occuper de la liquéfaction du gaz nécéssaire à la transition énergétique du reste du monde? Ça ne fait aucun sens.
Mais ça ne s’arrête pas là : une autre raison qui rend le gaz naturel plus polluant, ce sont les émissions produites par son transport. Comme nous l’avons mentionné, le Canada est géographiquement avantagé et beaucoup plus proche du marché européen que ses compétiteurs américains ou moyen-orientaux, et en très bonne posture vers les marchés asiatiques. Encore une fois, Investors for Paris Compliance est-il indifférent au fait de laisser des options plus éloignées s’occuper de cette offre qu’il juge « suffisante »?
Ce sont là, précisément, les raisons pourquoi un approvisionnement canadien serait beaucoup plus souhaitable, tant sur le plan économique que sur le plan environnemental! L’étude du groupe de pression indique même que le gaz naturel canadien coûte plus cher à produire : eh bien oui, parce qu’il est plus réglementé et incidemment, plus propre. On voit donc à quel point les arguments avancés par ce think thank environnementaliste sont boiteux et, loin d’invalider l’opportunité d’affaire du gaz naturel au Québec et au Canada, viennent probablement le confirmer.
Traduit de l’anglais. Article de Christopher Nardi publié le 13 décembre 2024 sur le site…
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