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Les libéraux ont-ils des chances en 2022 ?

Ainsi, le Parti libéral du Québec a couronné une femme noire montréalaise, ex-présidente de la Coalition Avenir Québec et ancienne ministre de l’économie, pour le diriger. Dominique Anglade dirige désormais un parti qui a refusé d’utiliser l’opportunité qu’est une course au leadership pour se remettre en question. Si le Parti conservateur du Canada, notamment, a été capable d’avoir une course à la chefferie en 2016 — 2017, le PLQ se sera révélé incapable de faire un tel exercice démocratique. Est-ce qu’un tel parti dispose de chances pour la prochaine élection de 2022 ? Voyons ensemble les raisons qui me permettent d’en douter.

Premièrement, l’usure du pouvoir ne s’efface que très rarement après la première défaite électorale. Les Québécois se souviennent du long combat qu’a été la mise à la porte du régime libéral qui, je le rappelle, aura duré 15 ans et laissé derrière lui un Québec particulièrement divisé. Quand la campagne de 2022 commencera, les troupes de François Legault auront beau jeu de rappeler de bons souvenirs du régime libéral, comme la paix sociale solide qu’on avait en 2012, ou encore la générosité du gouvernement Couillard en début de mandat. J’avais oublié qu’on me pardonne, l’unité nationale à toute épreuve qu’on avait pendant le débat sur le racisme systémique. La corruption n’ayant pas existé est un bon sujet aussi. N’est-ce d’ailleurs pas une dénommée Dominique Anglade qui parlait « d’élections avec trame de corruption au Parti libéral » ? Ou encore la mairie de Montréal, qui était contrôlée par un maire prolibéral, qui à découvert ce que c’était l’intérim de l’intérim quand Gérald Tremblay puis son successeur intérimaire ont dû quitter le pouvoir, le deuxième après une arrestation. Bref, les bons souvenirs vont vite revenir hanter les libéraux. Comme les conservateurs l’ont vécu en 2019 au fédéral, malgré une course à la chefferie, on peut difficilement invoquer l’usure du pouvoir quand on a été soi-même au pouvoir sur une longue durée.

Le débat identitaire favorise aussi fortement le parti de François Legault. En effet quand la cheffe libérale va annoncer vouloir détruire la loi 21, le peuple québécois majoritaire « n’ayant pas toujours raison » pourrait décider d’utiliser l’élection pour rappeler qui a raison et qui a tort entre un peuple et des tribunaux non élus. Il est toutefois probable que, après un certain nombre de défaites électorales, les libéraux finissent par faire avec le multiculturalisme ce que les nationalistes québécois ont fait avec la souveraineté : leur deuil. De plus, le gouvernement Legault est jusqu’ici très populaire et dispose d’une excellente communication politique. Il sera très difficile de déloger le gouvernement Legault s’il ne commet pas d’erreurs importantes.

Comme nous l’avons vu, même s’il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions hâtives sur le résultat des élections générales québécoises de 2022, plusieurs facteurs semblent favoriser la CAQ. Si on ne peut pas changer le passé, l’avenir peut très bien regorger de surprises. Ainsi, si je ne m’attends pas à une victoire libérale en 2022, reste que ce sera à François Legault et son équipe de se battre pour se faire réélire. Je ne m’avance pas trop en disant que Denis Coderre a donné l’exemple de ce qui peut arriver quand un dirigeant prend sa réélection pour acquis.

Benoit Khézami

Jeune homme de 17 ans qui aime la politique et qui a souvent écrit pour Porter Medium et Terra Bellum à propos de l'actualité internationale.

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