Les nationalistes conservateurs sont-ils les ennemis de tout le monde?

Gilles Proulx n’a pas l’habitude de faire dans la dentelle. Ce grand voyageur, amoureux de l’histoire de la Nouvelle-France, est aussi un chroniqueur passionné depuis des décennies. On l’aime ou on ne l’aime pas. Je pense néanmoins que la dernière « controverse » (si nous pouvons l’appeler ainsi) démontre une réalité des plus profondes au Québec et au Canada : les nationalistes, qu’ils soient conservateurs ou non, comme de la gauche patriote, sont les cibles principales à abattre pour tous les autres partis politiques. Analyse d’un phénomène récurrent dans notre histoire.

C’est ainsi que Gabriel Nadeau-Dubois a affirmé qu’on lui avait rapporté les propos de Gilles Proulx à l’émission de Richard Martineau sur les ondes de Qub radio. Proulx aurait été dire qu’il faudrait achever les députés de Québec solidaire. C’est ainsi que des propos déformés sont devenus une tempête médiatique dans un verre d’eau. Comme l’a expliqué Richard Martineau, c’est que Gilles Proulx disait simplement qu’à force que les Québécois se laissent manger la laine sur le dos par les anglophones, qu’ils se disent qu’ils peuvent maintenant les achever. Mais le mal était déjà fait. Québec solidaire joue les victimes et les autres partis politiques condamnent les propos « orduriers » de notre animateur qui a la malchance d’être un nationaliste conservateur. Heureusement, seul le Parti Québécois s’est gardé une réserve et n’a pas voté en faveur de la motion à l’Assemblée nationale.

Ce fait divers banal est plus profond qu’il ne laisse paraître. Depuis des décennies, il est de bon ton dans notre système médiatique et politique de condamner les nationalistes conservateurs. Certains encouragent même la violence à leur égard. C’est le cas de la tuerie du Métropolis qui est relativisée par La Presse, qui voit dans le tueur Richard Henry Bain un « amoureux du Canada à l’âme troublée », sans compter tous ceux qui regrettent que le tireur ait « raté » sa cible : Pauline Marois. Dépeinte comme un démon séparatiste tant par la gauche anti-nationaliste que par les animateurs anti-loi 101 de Radio X. Québec solidaire et ses militants accusant le PQ de se livrer à du nationalisme ethnique, avec sa charte des valeurs, aussi bien que par les animateurs de Radio X qui voient dans le PQ de vieux « séparatistes » souhaitant faire du Québec un dôme isolé du reste de l’Amérique du Nord ou une sorte de Venezuela en français seulement.

Si ce sont deux extrêmes dans notre culture politique, il n’y pas que l’extrême-gauche et les libertariens anti-loi 101 qui souhaitent la disparition des nationalistes, des indépendantistes, de gauche ou de droite. La principale cible des libéraux depuis des décennies fut le Parti Québécois. Tout a été fait pour faire monter Québec solidaire contre le Parti Québécois, même si cette stratégie a fini par coûter cher aux libéraux. De même que la Coalition avenir Québec, qui se veut remplacer le PQ comme étant le nouveau Parti « bleu ». Ce n’est pas d’ailleurs Geneviève Guilbault qui parlait des « crisse de péquistes »? La CAQ s’est réjouie de la défaite historique du Parti Québécois.

Cependant, nous voyons que ni les solidaires ni les caquistes ne peuvent répondre aux offensives répétées des libéraux fédéraux contre le Québec. À force de vouloir édenter le mouvement indépendantiste, qui est notre dernière carte contre la tyrannie soft d’Ottawa, qu’est-ce qu’il nous reste? Le Parti Québécois n’a pas un bilan parfait, et certains vont reprocher au parti d’avoir eu depuis 1976 pour faire notre indépendance politique, mais lorsque le PQ était au pouvoir ou influent, il faisait peur à ceux qui voulaient attaquer le Québec. Aujourd’hui, avec un parti ayant seulement trois députés, 90 députés caquistes interchangeables sans aucune volonté de rupture, et 12 députés solidaires empêtrés dans une culture politique toxique, Ottawa a toute la marge de manœuvre pour son offensive finale contre le Québec, son avenir, sa langue et sa culture. C’est vraiment ce que vous souhaitiez?

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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