L’immigration massive exacerbe la crise du logement et les tensions entre communautés

Des adultes contraints de retourner chez leurs parents, d’autres obligés de dormir dans leur voiture. Ce sont là des histoires devenues tristement banales des suites d’une crise du logement incontrôlable. Même si nos gouvernements sont parfaitement au courant, ils continuent de faire rentrer massivement de nouveaux arrivants, créant au passage des tensions dans la société d’accueil. Quelques réflexions sur un enjeu qui n’en finit pas de faire couler de l’encre.

Nous pensions jadis que ceux qui se retrouvaient à la rue étaient des toxicomanes ou des cas désespérés. Mais cela n’est plus vrai. Des adultes qui travaillent contraints de vivre dans leur voiture, cela existe maintenant au Québec. Comme aux États-Unis. Mais sans la douceur du climat californien. Pour les gens un peu plus chanceux, ils retournent vivre chez leurs parents, malgré les problématiques de cohabitation que cela peut engendrer.

Informez-vous dans votre entourage : il est probable que plusieurs n’arrivent plus à payer leur loyer, ou bien sont forcés de vivre avec des souris ou d’autres bestioles. Certains ont peut-être subi une expulsion par des propriétaires malhonnêtes. Bref, même pour les propriétaires, ça ne va pas bien du tout. Tout augmente. Incluant le nombre de nouveaux arrivants.

Justin Trudeau savait pertinemment qu’augmenter de façon drastique la population canadienne en si peu de temps allait mettre de la pression sur les services publics et le logement. Pourtant, il n’a pas écouté les économistes ni ses propres experts, et a décidé d’aller de l’avant dans une expérience d’ingénierie sociale. Les tensions sociales se multiplient pendant que les libéraux continuent de faire exploser la dette.

Dans un article publié hier par La Presse, on mentionne le démographe Frédéric Fleury-Payeur de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) : « Ça illustre à quel point l’immigration a été exceptionnelle en 2023. Sur les 220 000 nouveaux immigrants, environ 174 000 sont issus de l’immigration temporaire, note-t-il. »

Beaucoup de ces emplois pourraient bientôt disparaître suite à la modernisation des techniques industrielles, et bien sûr l’intelligence artificielle. Et n’oublions pas non plus que les chaînes de restauration qui les engagent voient leurs ventes baisser à mesure que les gens prennent conscience des dangers du fast food.

Pour les besoins immédiats du patronat à faire plus de profits, on crée des problèmes à long terme. Comment allons-nous reconvertir les travailleurs temporaires devenus résidents qui seront au chômage? Comment gérer les tensions sociales entre communautés? Le Canada de Justin Trudeau voit seulement des chiffres sur des tableaux, mais ils en oublient que les humains derrière ces statistiques ont une culture, une histoire, et que de faire du Canada un pays de 100 millions d’habitants d’ici 2100 est une folie.

Non seulement cela étendra jusqu’à l’infini les zones urbaines, qui ont déjà beaucoup de mal à suivre le rythme de l’accroissement de la population, mais comment gérer une politique étrangère quand nous devons satisfaire les intérêts divergents de différentes communautés aux intérêts antagonistes? Nous le voyons actuellement avec les tensions entre le Canada et l’Inde sur la question sikhe.

Le Canada protège des radicaux sikhs, ce qui provoque la fureur de New Delhi. Ainsi, à cause du lobbying d’une minorité bruyante, cela empêche le Canada, qui est pourtant l’un des pays ayant inspiré le système politique indien, à entretenir des relations de qualité avec cette puissance émergente.

Quant au logement, rien n’indique qu’il y aura amélioration. Nous pouvons toujours attendre quand les poules auront des dents, mais il est peu probable que le Canada ralentisse son projet d’avoir une population de 100 millions d’habitants d’ici 2100. Les promoteurs immobiliers sont contents, les lobbys religieux, les banques, les assureurs, l’agroalimentaire, trop d’industries profitent de cette « manne », même si cela appauvrira à terme tout le monde, nationaux comme nouveaux arrivants.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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