L’obsession malsaine des médias pour les apocalypses

Dans notre société où les idéologies se mêlent à l’ère du post-factuel, les annonciateurs de la fin du monde sont de plus en plus abondants. En effet, on peut compter ceux qui annoncent l’apocalypse climatique (venant d’une certaine nouvelle-gauche; les sjw), ceux qui prédisent la fin de la famille traditionnelle et la civilisation judéo-chrétienne (venant d’une certaine nouvelle-droite, la alt-right).

On connaissait déjà les gens atteints au niveau psychopathologique qui invectivaient les gens dans la rue de l’appel de l’Armageddon ainsi que plusieurs fanatiques religieux préférant fédérer leurs adeptes pour davantage de contrôle sur leur esprit. Aussi les mouvements complotistes qui ont agrémenté le buffet findumondiste de leurs délires diffus, ceux-ci prédisant la fin de l’État de droit, de la liberté et de la démocratie.

Par ailleurs, les intempéries névrotiques traversées par des adeptes on ne peut plus obsédés des plateformes de médias sociaux sont aussi bien agrémentées par certains médias traditionnels. On peut notamment user de la stratégie de l’inclusion de buzz words afin d’exciter les algorithmes et augmenter la propension de clics sur les différents articles avec les titres les plus frappants les uns des autres. La Presse avec l’Agence France-Presse titrait : ‘’La moitié des démocraties dans le monde sont en déclin, selon un nouveau rapport’’. Voulaient-ils inciter l’attention en sous-entendant que nous étions concernés? Notre système canadien est-il en déclin au point de faillir et devenir un État totalitaire ou un État-client corrompu dénudé d’institutions fiables?

Dans l’article susmentionné, on indique que sur 52 démocraties des 173 pays concernés d’un rapport de l’IDEA[i], 27 de ces États se seraient tournés vers l’autoritarisme contre plus d’une dizaine qui ont opté pour la démocratie. Pourtant, dans un autre rapport paru l’an dernier du Democracy Index, 44.3% de 167 nations étudiées possèdent une démocratie imparfaite à une démocratie à part entière.

Ce n’est pas tant le fait que les études se contredisent qui cause problème, mais la lecture de celles-ci; lecture, bien-sûr, faite par des journalistes et des médias achetant leurs articles sur des agences de presse. Un téléphone arabe du chercheur passant par le chroniqueur et allant jusqu’aux yeux des lecteurs assidus des journaux et téléspectateurs.

La conséquence de chercher plus de vues et d’engagement serait-elle l’intoxication des jeunes cerveaux ne voyant qu’un avenir rempli de désespoir et des vieilles cervelles imprégnées d’une nostalgie de plus en plus regrettée et lointaine?

Ce n’est plus juste Steeve avec ses vidéos dans sa voiture, le mendiant en psychose, le jeune cégépien végane et woke ou le boomer épris d’un nationalisme chrétien qui infectent le plus le débat public : c’est désormais le média traditionnel lui-même.


[i] Think tank IDEA International, l’institut international pour la démocratie et l’assistance électorale

Samuel Rasmussen

Formé à l’École de Politique Appliquée de l’Université de Sherbrooke, il se passionne pour la géopolitique et le développement des relations internationales. Collaborateur de différents podcasts notamment Ian et Frank et Agora Underground, il intervient souvent sur l’actualité. Il s’intéresse principalement à la psychologie du pouvoir et de son impact sur le plan individuel comme au sens large.

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