Pandémie meurtrière : La Grippe espagnole de 1918-1919

À la fin de la Première guerre Mondiale, le monde était traumatisé par la barbarie de cette boucherie.  Mais le globe n’a pas eu de répit.  De 1918 à 1919, l’Humanité a été touchée par un virulent et dangereux virus : la grippe espagnole.  Elle sera désignée ainsi à cause de la neutralité de l’Espagne durant le conflit.  Ce pays fut le seul à rendre public librement les informations concernant cette maladie.

« En quelques mois, elle fera entre 50 et 100 millions de victimes – trois fois plus que la Grande Guerre elle-même. Le tiers de la population mondiale sera infecté, le taux de mortalité atteignant 50 % dans certains pays ! Des îles du Pacifique aux villages inuits du Nord canadien, aucune région de la planète ne sera épargnée ».

Les camps militaires des États-Unis : les incubateurs

Les États-Unis sont entrés en guerre en avril 1917.  On a rapidement mis en place des camps afin d’entraîner les soldats américains avant leur départ pour la France.  En mars 1918, le premier cas de grippe apparaît dans un des  camps.  Rapidement, la maladie va se propager dans l’ensemble des bâtiments militaires.

« Trois semaines plus tard, ce sont des milliers de soldats qui sont cloués au lit ; 237 développent une pneumonie et on dénombre 38 décès », relate le microbiologiste français Patrick Berche, dans son livre Faut-il encore avoir peur de la grippe ? Histoire des pandémies (Odile Jacob, 2012).

D’autres camps militaires sont victimes du virus et il se propage  dans la population civile.

En avril 1918, l’Europe est à son tour touchée par la maladie.  Elle a été transportée sur des navires provenant des États-Unis.  Le fléau va rapidement devenir une pandémie.

« L’expansion est rapidement mondiale, en raison de l’intense trafic maritime. Fin mai, l’Inde déplore ses premiers cas, chez les dockers de Bombay ; c’est ce pays qui paiera finalement le plus lourd tribut, avec environ 20 millions de morts ».

La seconde vague meurtrière

Durant la saison estivale de 1918, on constate un apaisement. On observe un déclin du nombre d’infections.  Mais une deuxième vague arrive.  Des personnes vont avoir des symptômes de grippe plus virulents (source : l’ouvrage de Patrick Berche).  Le virus mortel va arriver en Amérique du Nord en provenance du Vieux continent.  Il pénètre en Amérique par les ports de la côte Est Amérique et aussi par un port en Nouvelle-Écosse au Canada.  Les soldats américains sont gravement touchés par la maladie.

«  On ne sait pas pourquoi cette seconde vague, survenue en août-septembre, est si meurtrière, car aucune souche virale issue de la première vague n’a pu être étudiée. Les seuls échantillons dont on dispose datent de la seconde vague, explique le docteur Berche. Mais on est certain qu’il s’agit du même virus, car toutes les personnes qui avaient eu la grippe au printemps étaient immunisées ensuite. » Le virus a-t-il muté ? A-t-il trouvé des conditions plus favorables ? Quoi qu’il en soit, il se répand comme une traînée de poudre et sème la mort ».

Contrairement à la grippe ordinaire, qui tue principalement les vieux et les nouveaux nés, ce sont les jeunes de 20 à 40 qui sont les victimes de cette souche : 50% des décès provient de ce groupe d’âge.

Les principaux symptômes de la grippe espagnole sont des maux de tête, de la fièvre et de la congestion.  Mais des symptômes plus graves apparaissent : une toux violente, le patient crache du sang et  des problèmes respiratoires.  De plus, le virus s’attaque aussi aux systèmes digestif et cardiaque.

« Beaucoup de patients sont prostrés, en proie au délire, certains saignent par le nez, les yeux, les oreilles, les selles. D’autres suffoquent du fait de l’obstruction des poumons. On voit sourdre une mousse sanglante entre leurs lèvres bleuies », écrit le spécialiste français. Sans antibiotiques ni antiviraux à leur disposition, les médecins sont impuissants : « On donnait de l’aspirine, parfois des injections d’huile camphrée, mais la maladie se compliquait rapidement d’une double pneumonie », se rappellera le docteur Albert Cholette en 1976.

En 1919, une troisième phase de la grippe apparaît et après, cette dernière disparaît dans la nature.

En conclusion, de 1918 à 1919, entre 50 et 100 millions de personnes sont morts de la Grippe espagnole (14 000 au Québec).  Cette pandémie fut une des plus meurtrières de l’histoire de l’Humanité avec la peste noire.  À côté de ces dernières, la pandémie de COVID-19, c’est de la petite bière.

Simon Leduc

Ancien éditeur en chef du Prince Arthur Herald et ex-blogueur au Huffington Post Québec. Chroniqueur pour le journal Contrepoids et blogueur.

Recent Posts

Assiste-t-on à la naissance du nouveau camp du non?

Paul St-Pierre Plamondon, premier dans les sondages depuis des mois a annoncé qu’un troisième référendum…

16 heures ago

La langue française massacrée par le wokisme au nom de « l’inclusion »

Le wokisme, on le connaît tous pour le voir s’infiltrer dans nos vies de diverses…

19 heures ago

Québec Solidaire : un parti passé date?

La futurologie est hasardeuse. Prédire comment sera le futur est quelque chose de difficile. Mais…

2 jours ago

Amalgame Poilievre/Diagolon – Trudeau en mode panique

Le contexte: Pierre Poilievre est allé rencontrer un groupe de manifestants qui campent à Fort…

3 jours ago

Toujours plus d’Américains voient la Chine comme un « ennemi »

Traduit de l’anglais. Article de Tara Suter publié le 1er mai 2024 sur le site…

3 jours ago