Pente glissante : le Canada en voie d’interdire le « négationnisme » du soi-disant « génocide » autochtone?

Selon Chris Selley du National Post, en reconnaissant un soi-disant « génocide » des Premières Nations, le gouvernement canadien sera tôt ou tard forcé de rendre illégal le fait d’en douter, comme il l’a fait pour le négationnisme de l’Holocauste l’an passé. C’est une pente très glissante puisque ces lois de pacotille s’attaquent à la liberté d’expression (même celle d’opinions controversées) sans réellement régler quoique ce soit. Nous disposons déjà de lois efficaces contre les discours haineux visant des groupes particuliers et ces nouvelles lois ne sont que des signalements de vertu qui relèvent de la censure. D’autant plus que la réalité d’un génocide autochtone au Canada est loin, très loin d’être avérée.

D’abord, précisons que le gouvernement n’a pas exactement banni le négationnisme de l’Holocauste l’an passé, mais le négationnisme utilisé à des fins haineuse et antisémite. Ce qui revient essentiellement au même que la loi sur les discours haineux, en simplement plus spécifique. Ce n’était qu’un beau coup d’éclat, un beau signalement de vertu de la part du gouvernement pour donner l’impression qu’il se préoccupe du respect des mémoires.

Cela dit, cette nouvelle loi, bien qu’elle ne change pas grand-chose à ce qui existait déjà, crée un précédent qui se répercutera dans le dossier autochtone. En effet, en reconnaissant hâtivement un soi-disant « génocide » des Premières Nations au Canada, le gouvernement Trudeau se place dans la situation délicate de devoir légiférer de la même manière qu’il l’a fait avec l’Holocauste.

Se pose instantanément la question : est-il vraiment légitime de comparer les pensionnats autochtones aux camps de concentration nazis? Dispose-t-on réellement de preuves suffisantes pour affirmer l’existence d’une politique génocidaire, c’est-à-dire d’élimination systématique (et non pas indirecte) au Canada? N’est-ce pas, en soi, un immense manque de respect que d’oser la comparaison?

Enfin, le gouvernement semble avoir tranché sans même avoir pris le temps d’exhumer une seule tombe anonyme d’un pensionnat. Tout est basé sur des scans, des témoignages d’abus (tristes, mais pas génocidaires) et des présupposés décoloniaux qui font de l’entièreté de l’époque coloniale un supposé génocide par les méchants blancs chrétiens. Pas une once de recul ou d’analyse sérieuse, simplement cette légende populaire que les blancs auraient pris plaisir à exterminer les autochtones d’Amérique.

Maintenant, Kimberly Murray, « l’interlocuteur spécial pour les enfants disparus et les tombes anonymes des pensionnats autochtones », suggérait vendredi dernier (ainsi que dans son rapport intérim) que le Canada se munisse de « sanctions civiles et criminelles » contre ceux qui remettent en question l’idée que la politique des pensionnats autochtones au Canada relevait du génocide.

Cet appel de Murray a rapidement trouvé écho auprès du ministre de la Justice David Lametti, qui s’est affirmé ouvert à « une solution légale et un bannissement [du négationnisme du « génocide » autochtone]. Et sans surprise, il a suggéré que le Canada s’inspire de ses lois relatives à l’Holocauste et à l’antisémitisme…

On glisse de plus en plus vers une atteinte à la liberté d’expression et on porte ombrage aux autres recommandations du rapport Murray, beaucoup plus importantes, notamment celle de faciliter l’accès des familles aux documents gouvernementaux et écclésiastiques et empêcher leur destruction, qui pourrait expliquer le caractère anonyme de nombreuses sépultures. Mais comme l’explique Selley, ces lois ne sont au bout du compte que de la poudre aux yeux et ne protègent rien qui ne soit déjà protégé par les lois existantes au sujet des discours haineux. Et surtout, on est en train de subordonner nos lois à un révisionnisme historique particulièrement insidieux sans même se donner au moins l’assurance d’une seconde opinion ou d’une critique constructive de cette appellation grossière de « génocide » pour ce qui n’en est tout simplement pas un.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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