Pour espérer venir à bout de l’itinérance, il faut combattre la consommation de drogues dures

C’est dans un contexte tendu que s’ouvre le sommet de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) sur l’itinérance. Le maire de Québec Bruno Marchand appelle à la « révolte » des élus de tous les paliers gouvernementaux pour combattre ce fléau. L’itinérance est de plus visible dans nos villes, et il y a des raisons à cela. Elle coûte cher aux contribuables et surtout en qualité de vie à plusieurs de nos concitoyens les plus vulnérables. Quelques réflexions sur cette problématique qui touche l’ensemble du monde occidental, et de plus en plus au Québec, jusqu’à présent relativement épargné.

Selon une étude commandée par l’UMQ, et mentionnée par le maire Marchand dans sa présentation aux élus du Québec, une personne dans la rue coûte plus de 72 521$ par année aux contribuables. À la fois en services d’urgence, en frais médicaux et judiciaires. Les problèmes de santé des gens de la rue étant beaucoup plus difficiles à traiter. Alors que les prendre en charge dans un appartement coûterait au système environ 65 000$ par année.

Parmi les raisons mentionnées sur la hausse de plus de 40% d’itinérance au Québec depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ en 2018, il y a bien sûr la crise du logement, qui est amplifiée par les politiques d’immigration de Justin Trudeau. Les nouveaux arrivants mettant une pression sur les logements disponibles, en augmentant les prix, ou encore en occupant le peu de logements encore abordables qui auraient pu aller à des gens déjà présents ici.

Un autre facteur qui est mentionné, c’est la pandémie. Celle-ci a provoqué la fermeture des frontières pendant un temps, permettant la prolifération de drogues fabriquées localement, mais de qualité encore plus médiocre. Il n’est pas rare de sortir en ville et de voir des gens intoxiqués et instables. Est-ce possible que la politique laxiste en matière de drogues du gouvernement Trudeau ait empiré le problème?

L’idée n’est pas de blâmer les consommateurs, mais plutôt de voir si le gouvernement ne tolère pas trop le trafic? Une personne toxicomane devrait être considérée comme au Portugal, c’est-à-dire comme une personne atteinte d’un problème de santé publique. Peut-être qu’au lieu de permettre aux usagers de tester leur drogue dans des centres supervisés, il n’est pas passé par l’esprit de nos décideurs de mettre des moyens dans les programmes de désintoxication?

Au Québec, à moins d’avoir une ordonnance d’un juge qui estime que l’on représente un danger pour soi ou les autres, il est parfaitement légal de refuser des traitements pour toxicomanie. Nous sommes plutôt dans une politique dite de réduction des méfaits, comme en Californie. Durant les années 90, la Californie a commencé à implanter des centres d’injection supervisés pour les toxicomanes. Mais après une trentaine d’années, le constat d’échec est clair. Plus de gens que jamais meurent des suites d’overdose au fentanyl.

C’est le cas de Vancouver qui vit la crise de l’itinérance la plus aiguë au Canada. Plus de 11 000 personnes sont mortes des suites de leur consommation en Colombie-Britannique depuis 2016. Des gens sont agressés dans la rue par des toxicomanes en manque ou désorganisés. Il existe pourtant des solutions que des pays tels que le Portugal, la Finlande ou les Pays-Bas ont mis en place.

En Alberta par exemple, on a décidé de construire des centres de traitement pour les toxicomanes, et qui sont libres d’accès pour les personnes qui en font la demande. Au Québec, on charge parfois un montant aux usagers qui ne sont pas bénéficiaires de l’aide sociale. Si la politique de la guerre contre la drogue est un échec qui ne devra plus jamais être répété, on constate également que la politique de réduction des méfaits se révèle tout aussi problématique.

Oui, la question des finances publiques est importante, mais il n’existe pas de pensée magique qui permettrait de jeter ces problèmes sous le tapis et qu’ils disparaissent. Il faudra investir beaucoup pour commencer dans le logement, les services sociaux, les institutions psychiatriques et les soins aux toxicomanes pour aider les itinérants et réduire leur nombre. Car si rien n’est fait, c’est allonger pour toujours la facture. Et personne n’est gagnant là-dedans. Ni le contribuable ni le sans-abri.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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