Traduit de l’anglais. Texte de Tristin Hopper publié le 16 mai 2023 sur le site du National Post.
Quels que soient les problèmes politiques auxquels le Canada est actuellement confronté (et ils sont nombreux), le gouvernement continue généralement à fonctionner en mode « facile » : Le taux d’emploi est élevé, l’optimisme est en hausse et les taux d’intérêt restent relativement bas.
Toutefois, un certain nombre de signaux récents indiquent que le Canada – comme une grande partie du monde – est sur le point de voir sa période de prospérité s’achever. Les deux prochaines années pourraient se dérouler de bien des façons, mais il est plus probable qu’improbable qu’elles soient marquées par davantage de grèves, de chômage et de faillites.
D’une part, le Canada est déjà en pleine « récession par habitant ».
Une récession est généralement définie comme deux trimestres financiers de croissance négative ; en d’autres termes, l’économie se contracte pendant au moins six mois.
Les chiffres les plus récents montrent que le PIB canadien refuse de justesse de basculer dans une croissance négative. Toutefois, selon une analyse récente de Better Dwelling, toute analyse brute du PIB ne tient pas compte du fait que le Canada a gagné un million d’habitants au cours des 12 derniers mois, ce qui est sans précédent.
Si l’on considère qu’une économie stagnante est partagée par une population qui a augmenté de trois pour cent, Better Dwelling a constaté que la croissance économique par habitant a diminué de 0,9 pour cent au cours du dernier trimestre de 2022, puis de 0,2 pour cent de janvier à mars.
« En moyenne, les Canadiens se dirigent vers une érosion de leur qualité de vie et vers une diminution des opportunités », conclut l’analyse.
Dans le même temps, les principaux acteurs financiers tirent déjà la sonnette d’alarme sur un indicateur assez fiable de l’imminence d’une récession : soudainement, les gens n’achètent plus autant de choses.
Le mois dernier, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada a averti que ses volumes de fret étaient en baisse sensible, en particulier pour les produits de consommation.
« Nos volumes actuels reflètent une légère récession », a déclaré le directeur général Tracy Robinson aux analystes lors d’une conférence téléphonique. « Nous ne savons pas avec certitude quelle est l’ampleur de la récession, ni combien de temps elle durera. Mais ce que nous prévoyons, c’est une production industrielle nord-américaine négative pour l’ensemble de l’année ».
Lors de l’assemblée générale annuelle du géant de l’investissement Berkshire Hathaway, le week-end dernier, le PDG Warren Buffett a fait des déclarations similaires sur l’état de leurs opérations.
Berkshire Hathaway possède des participations tellement vastes et éclectiques – des matériaux de construction au rail en passant par les bonbons – qu’elle est souvent un indicateur assez fiable de l’économie nord-américaine dans son ensemble.
Samedi, M. Buffett, âgé de 92 ans, a déclaré que « la majorité de nos entreprises enregistreront cette année des bénéfices inférieurs à ceux de l’année dernière ». Son associé, Charlie Munger, 99 ans, a conseillé aux investisseurs présents de « s’habituer à gagner moins ».
Les analystes d’un autre poids lourd de la finance américaine, JPMorgan Chase, tenaient à peu près le même discours dès le mois de mars. À la suite d’une série d’effondrements de grandes banques américaines, les stratèges ont déclaré que le risque de récession avait « probablement déjà dépassé le point de non-retour ».
La société torontoise Brookfield Asset Management a entamé l’année 2023 avec un « trésor de guerre » de 125 milliards de dollars américains pour la même raison : La plupart des économies mondiales se dirigeant vers la récession, la société souhaitait disposer d’une bonne partie du « capital déployable » si les marchés du crédit commençaient à s’effondrer.
Alors que les analystes canadiens espèrent généralement que l’économie pourra éviter le pire de ce qui va frapper les États-Unis, il est probable que le Canada n’ait pas encore ressenti tout le poids de la hausse des taux d’intérêt.
Au début de l’année, RBC a prévenu qu’il fallait du temps pour que la hausse des taux d’intérêt se répercute sur l’endettement des consommateurs et des entreprises, et que les effets ne se feraient probablement pas sentir avant l’été. « Les ménages se sentant moins riches et les paiements de dettes et les prix plus élevés réduisant le pouvoir d’achat », a prédit la banque, « les dépenses de consommation devraient ralentir ».
« Aucune région du pays ne sera à l’abri des vents contraires qui soufflent sur l’économie », ajoute la banque.
Enfin, sauf en ce qui concerne l’immobilier. Alors que les récessions sont traditionnellement une période propice au retour à la normale des valeurs immobilières, le marché canadien reste si étroit que – en l’absence de toute nouvelle politique spectaculaire – les valeurs immobilières devraient continuer à grimper en dépit des coups portés au Canada en termes de PIB, de taux d’intérêt et de chômage.
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