Les actions du géant de la vente au détail Target [TGT] continuent de chuter suite au boycott en réaction à ses étalages de marchandise LGBTQ+ mis de l’avant pour souligner le mois de la Fierté. Dans cette foulée, la vente du titre par les actionnaires a entraîné une diminution de sa valeur, portant l’action de Target à son plus bas niveau depuis près de 3 ans. Au cours des 10 derniers jours, l’action du détaillant a subi une baisse de 14%, ce qui correspond à une perte d’environ 10 milliards de dollars en valeur boursière.

Outre une visibilité de la thématique LGBTQ+ jugée excessive, c’est la collection de vêtements pour enfants qui a suscité la grogne. On y retrouve un maillot de corps pour bébé à inscription « ¡Bien Proud! », une vaste gamme de t-shirts pour enfants dont plusieurs associent bizarrement les couleurs de la Fierté LGBTQ+ à La Guerre des Étoiles [Star Wars] et aux personnages de Disney. Sur un vêtement pour fille, on peut lire l’inscription «  Rebel Girls Celebrate Pride » [les filles rebelles célèbrent la Fierté].

Il y a aussi le fameux maillot de bain féminin une pièce dont l’étiquette annonce une construction adaptée pour le tucking. Le tucking est une technique souvent utilisée par les mâles trans-identifiés et les drag queens pour dissimuler la forme du pénis, afin qu’il ne se voie pas à travers les vêtements. Contrairement à des affirmations erronées devenues virales sur les réseaux sociaux, ce maillot n’est disponible que dans les tailles adultes.

Parmi les autres items controversés, un cahier de journal intime destiné aux enfants intitulé « My Queer Year – a guided journal » [mon année queer – un journal avec accompagnement] et des tasses à inscription « gender fluid » [genre fluide].

Aussi, des créations du designer Erik Carnell, qui s’identifie comme gai transgenre, dont un sac fourre-tout à inscription « Too queer for here » [trop ​​queer pour ici] et un pull « cure transphobia, not trans people » [éradiquons la transphobie, pas les personnes trans]. Une partie de la controverse est dûe au fait que sa ligne Abprallen crée aussi des articles qui contiennent des images de pentagrammes et de crânes de bélier à cornes associées au culte de Satan, bien que ceux-ci ne fassent pas partie des produits vendus chez Target. Michael Seifert, le fondateur de PublicSq a tweeté: « Les méga-corporations s’associent à de véritables satanistes pour promouvoir le transgenrisme auprès des enfants. »

L’appel au boycott des magasins Target s’est rapidement diffusé sur les réseaux sociaux. Les tenants de la diversité et de l’inclusion déplorent une montée de haine à l’endroit des personnes LGBTQ+. Bien que certains des points reprochés au détaillant soient effectivement inexacts ou exagérés, le décri ne peut pas être réduit à une réaction d’intolérance haineuse.

La mouvance LGBTQ+ n’est pas tombée hors des bonnes grâces d’une partie de la population sans provocation. La célébration des minorités sexuelles est devenue omniprésente. Cette prépondérance reçoit la bénédiction de la classe médiatique, qui parallèlement témoigne de peu de considération envers le « petit peuple » attaché aux valeurs traditionnelles. Chaque année, pendant le mois de la fierté, tout l’espace public devient saturé de la thématique LGBTQ+, des produits de consommation jusqu’aux devantures d’institutions financières. Et ça se poursuit au-delà, alors que les festivités s’échelonnent durant tout l’été d’une municipalité à l’autre.

Il y a d’autres irritants. L’intrusion de mâles humains dans les compétitions sportives féminines et dans les espaces réservés aux femmes. L’insistance de drag queens et autres militants queer à solliciter l’attention des enfants pour leur présenter la notion d’identité de genre et aborder des questions en lien à la sexualité. La mouvance LGBTQ+ cautionne les « soins d’affirmation de genre » pour mineurs, c’est-à-dire des hormones, bloqueurs de puberté ou chirurgies. Il s’agissait d’une série de lignes à ne pas franchir.

Malgré l’apparent traitement de faveur, les militants LGBTQ+ continuent à se peindre en victimes: on parle carrément de « génocide trans » dès que survient la moindre opposition idéologique ou politique. Pourtant, aucune autre catégorie sociale ne bénéficie d’une telle chouchouterie, pas même les fondamentalistes musulmans.

Quand les magasins Target ont tenté d’apaiser le contrecoup en déplaçant les étalages LGBTQ+ vers l’arrière des magasins, les militants LGBTQ+ se sont sentis lésés et ont eux aussi lancé des appels au boycott.

La comédienne Rachelle Lefevre a déclaré qu’elle refuserait dès lors d’emmener son fils de 7 ans, qui serait non binaire, faire du magasinage chez Target. Dans une publication sur Instagram, elle a accusé Target d’avoir essayé « d’effacer » la communauté LGBTQ+ en éloignant les sections de la Fierté dans des zones reculées des grandes surfaces.

Parallèlement, Anthony Bass, lanceur de baseball pour les Blue Jays de Toronto, a eu le malheur de partager une vidéo intitulée « the biblical reason Christians should boycott target » [la raison biblique pour laquelle les Chrétiens devraient boycotter Target] sur son compte Instagram. On y voit un homme qui invoque le chapitre 5 des Éphésiens: « ne prenez aucune part aux œuvres infructueuses des ténèbres » pour appeler au boycott du détaillant.

Anthony Bass a rapidement supprimé sa publication suite au tollé qu’elle a suscité parmi les militants LGBTQ+ et leurs alliés – y compris dans la classe médiatique. Il a ensuite commis l’erreur de formuler des excuses publiques via le compte des Blue Jays, probablement sous une intense pression. Erreur, parce que chacun devrait avoir droit d’exprimer son opinion.

Il n’y a rien d’à ce point répréhensible à comparer aux « œuvres infructueuses des ténèbres » une mouvance LGBTQ+ porteuse d’idéologie postmoderne et désireuse de l’exposer aux jeunes enfants. On pourrait aussi ne pas être d’accord avec les propos tenu par l’homme dans la vidéo, ni cautionner son appel au boycott, sans y percevoir des paroles absolument indignes. Inversement, les tenants du wokisme [ou marxisme culturel] ne se gênent pas pour associer les opinions qui leur déplaisent à de l’extrémisme ou de la haine.

Dans la foulée du fiasco Mulvaney/ Bud Light, une nouvelle ligne de front de la guerre culturelle s’est ouverte avec le contrecoup infligé à Target. Bien que ses pertes aient été considérables, le boycott du géant de la vente au détail sera beaucoup plus difficile à soutenir que celui d’une marque de bière. C’est peut-être naïf d’espérer un précédent, mais pourrait-il désormais s’installer une crainte de recul boursier, accompagnée d’un débarras d’actions, lorsqu’une entreprise adopte une posture ostentatoirement woke?

Ophélien Champlain

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