L’école québécoise a toujours fait jaser. C’est l’une des principales préoccupations de notre société (à juste titre!) et l’un des ministères les plus coûteux du gouvernement. Mais ce qu’on voit depuis quelque temps, cela était absolument inimaginable il y a de ça quelques années. Des classes sans professeurs qualifiés, qui n’exigent que d’être « adulte » pour surveiller des élèves souvent aux prises avec des difficultés d’apprentissage. Et des exigences toujours en baisse. Quelques observations sur l’école québécoise qui ne remplit plus ses promesses de donner un avenir à notre jeunesse.
Tout d’abord, commençons en parlant de l’actuel ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. Drainville, ministre vedette sous le gouvernement de Pauline Marois, meneur notamment de la fameuse « charte des valeurs ». Désormais, c’est comme si l’efficacité n’était plus au rendez-vous. Que Drainville depuis son élection sous les couleurs de la CAQ fonctionnait sur le pilote automatique. On voit un ministre fatigué, peu motivé, qui est capable de s’attirer les foudres des enseignants par des propos souvent médiocres.
Encore récemment, après avoir navigué d’une controverse à l’autre, il affirme que les enseignantes en maternelle l’ont plus « facile » que les autres. Alors que des femmes ont rappelé à juste titre que de s’occuper de classes d’enfants ayant des troubles d’apprentissage encore non diagnostiqués, et à un âge qui fera toute la différence par la suite pour le reste de la vie de l’enfant, que c’est tout sauf facile. La maternelle est déterminante pour l’avenir d’un individu et de ses difficultés futures dans la vie. Mais bon, il semblerait que le ministre de l’Éducation considère la maternelle comme étant seulement une salle de jeux.
D’autres propos hallucinants du ministre sont qu’il souhaite qu’il y ait « au moins un adulte par classe ». Peu importe qu’il n’ait qu’un diplôme du secondaire, on doit comprendre qu’il ne sera pas là pour enseigner, mais surveiller les élèves. Un comble quand il y a seulement une décennie, les professeurs étaient sous un statut précaire et sans permanence. Des professeurs qualifiés.
Plusieurs ont décidé de quitter la profession. À la fois par le manque de reconnaissance du gouvernement, les mauvaises conditions de travail, les élèves en difficulté qu’ils sont incapables d’aider, et le manque de discipline à la maison par des parents souvent difficiles.
L’école au Québec n’est pas traitée avec suffisamment de sérieux par la population, qui n’exige pas assez du gouvernement pour qu’il rehausse le niveau. Par exemple, c’est dans une indifférence quasi générale que l’on a appris qu’il n’y avait aucune liste de classiques à lire pour les élèves. Dans plusieurs pays beaucoup plus pauvres que le nôtre, comme en Russie par exemple, l’étude de classiques est obligatoire pour les élèves du primaire et du secondaire. Les Russes lisent Guerre et Paix de Tolstoï, une brique massive de plus de 2000 pages.
Sans pour autant exiger à ce point aux élèves québécois, est-il possible d’avoir au moins une liste de classiques québécois ou français (si possible pas de traductions) qui leur permettrait de lire des livres selon leur niveau ou intérêt? Il est parfaitement compréhensible de ne pas souhaiter lire Balzac ou Maupassant, mais pourquoi ne pas s’attaquer à une lecture plus accessible comme Le Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo ou L’étranger d’Albert Camus?
Certains nationalistes conservateurs regrettent avec raison l’abolition du collège classique et la richesse de la formation intellectuelle de cette époque avant l’émergence du cégep suite au rapport Parent sur l’instruction publique.
Grec, latin, rhétorique, syntaxe, belles lettres… des termes aujourd’hui désuets sur un système qui a formé des générations de grands intellectuels québécois. De Guy Rocher à Jacques Parizeau. Bien sûr, nous ne pourrons jamais retourner à une telle époque, car les besoins ont changé. Plus personne n’assiste à la messe, qui n’est d’ailleurs plus en latin.
Mais de passer d’un système classique, certes inégalitaire, mais humaniste et rigoureux, à un système technicien qui ne donne pas les outils nécessaires aux jeunes pour s’en sortir dans la vie, c’est une tragédie. L’école publique, sous prétexte d’égalité des chances, nivelle par le bas constamment, pour produire une nouvelle génération d’illettrés. Avec des professeurs non légalement qualifiés pour enseigner devant une classe d’élèves qui réunit des profils normaux avec ceux ayant besoin d’aide. Services scolaires déficients, voire inexistants. Une réalité brutale que devraient prendre au sérieux les Québécois.
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