On a parlé ici à plusieurs reprises de la crise qui secoue les médias au Québec ou ailleurs dans le monde. Durant les dernières semaines, on a constaté le blocage des nouvelles Canadiennes et internationales sur Meta (Facebook) chez nous, la fermeture de Vrak annoncée pour le 1er octobre, et la disparition du journal Métro. Devrait-on pleurer leur perte? Sommes-nous responsables d’une certaine façon de leur disparition? Pourquoi faut-il à la place faire une analyse froide de leur situation? Analyse de deux affaires qui ont fait beaucoup jaser au Québec.

La première chose, c’est la fermeture de Vrak. C’est une chaîne qui a marqué la génération Y par ses émissions comme Une grenade avec ça ou encore bien sûr Radio enfer et Dans une galaxie près de chez vous. Tous les jeunes entre 25 et 40 ans connaissent très bien ces émissions légendaires. Canal Famille, qui a précédé Vrak fait l’objet d’un certain culte par une génération pour qui la nostalgie de l’époque analogique, avant les débuts du numérique, est un beau souvenir.

Depuis, les choses ont bien changé. Vrak a par la suite cessé de produire du contenu québécois de qualité. Elle s’est cherché une nouvelle identité avec les « jeunes adultes » en abandonnant progressivement le contenu destiné aux adolescents. Dans le petit monde de la télé québécoise, les changements d’habitudes générationnels ont fait très mal aux diffuseurs. Les jeunes ne regardent plus la télé. Ils consomment du contenu sur internet, et le « temps de cerveau disponible » n’est pas extensible à l’infini.

Les chaînes québécoises sont prises dans un cercle vicieux, car les gens se désabonnent de la télé, donc ça fait moins de revenus. Donc moins de revenus, moins de contenu de qualité. On se retrouve maintenant avec énormément de contenu étranger mal traduit pour boucher les trous d’une case horaire jadis réservée à du contenu québécois. Le serpent se mord la queue.

Quant au journal Métro, c’est bien plus politique que Vrak qui ne faisant pas dans ce fond de commerce. Métro est un journal gratuit qui était jadis diffusé aux abords du métro de Montréal. Les camelots étaient précaires avec le statut de travailleurs autonomes. C’est ironique quand on connaît les positions très libérales et libertaires du journal. Pour ne pas dire gauchistes. Avec des chroniqueurs tels que Frédéric Bérard qui voient du racisme partout, jusqu’à Judith Lussier, qui représente les débuts du mouvement « woke » au Québec, nous étions servis.

Maintenant, les propriétaires blâment la distribution du Publi-Sac qui a été abolie à Montréal par l’administration Plante. Valérie Plante qui d’ailleurs se désolait de la disparition du journal en ligne sur X (Twitter). Bien sûr, le Publi-Sac a eu son intérêt pendant longtemps, mais de moins en moins utilise les circulaires papier. Même si les raisons environnementales évoquées par Valérie Plante sont démagogues, il est probable que le sac distribué aux portes ait fait son temps. Mais blâmer Valérie Plante ou les annonceurs c’est réducteur.

Il y a une telle offre en ligne pour des informations, et tellement de restrictions diverses avec des paywall, que les gens ne savent plus quoi regarder. Les gouvernements subventionnent massivement des organes de propagande comme La Presse ou Radio-Canada, mais ceux-ci trouvent toujours les moyens d’exiger toujours plus. À leur public (Radio-Canada fait payer le contenu de Tou.tv) mais aussi aux contribuables qui n’ont rien demandé.

On a appris que les libéraux demandent au gouvernement de sauver Métro. C’est bien sûr qu’ils ne vont pas s’abstenir de sauver les tribunes de Judith Lussier, et d’un libéral comme Fédéric Bérard, une des principales voix du fédéralisme au Québec et défenseur des « minorités » contre la majorité québécoise. C’est prendre les gens pour des valises. Pourquoi devrions-nous toujours sauver les médias libéraux? Alors que ces mêmes hypocrites passent leur temps à dénigrer les chroniqueurs nationalistes du Journal de Montréal ou appellent au boycottage du Devoir à cause de la présence trop gênante pour eux d’un esprit libre comme Christian Rioux? Il faut que les médias en question fassent leur examen de conscience avant de blâmer Meta, Google, les conservateurs ou l’administration Plante pour leurs malheurs.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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