Dans les ex-pays communistes, la voiture était bien souvent réservée à l’élite du parti. On disait aux ouvriers de prendre les transports en commun ou le vélo. Les déplacements entre les villes et les pays étaient parfois très compliqués. Il fallait un « visa de sortie » pour être autorisé à quitter le territoire. Parfois même sa ville. Nous croyions cette époque révolue. Pourtant, au nom de la lutte contre les changements climatiques, les donneurs de leçons au Québec agissent comme les apparatchik du parti communiste. Voyons voir.

Évidemment, nous ne pouvons comparer le Québec actuel avec une dictature comme l’Albanie qui interdisait les voitures individuelles. Mais les mécanismes de l’autoritarisme sont bien là. Par exemple un Luc Ferrandez qui affirme qu’il faut un leader progressiste autoritaire pour nous sortir de la « crise climatique ». Ou bien ces partisans de la décroissance qui prônent l’interdiction des voyages en avion.

Même si ce sont des discours, ceux-ci ont un écho parmi notre classe politique. De Québec Solidaire à la CAQ. Pierre Fitzgibbon a affirmé qu’il faudrait que le Québec compte moitié moins d’autos. Comment nous pourrions faire ça? Les infrastructures destinées à un tel projet sont inexistantes. Plusieurs villes d’importance ont un réseau de transport limité, sans compter l’absence de trains ou d’autobus interurbains.

C’est bien beau de faire porter le blâme de la « crise climatique » sur monsieur madame Tout-le-Monde, ce n’est pas avec des mesures punitives qu’ils vont arriver à leurs fins. Par exemple, le Québec n’a jamais compté si peu d’autobus interurbains. Il est maintenant impossible d’aller dans les régions rurales. Et même entre certaines villes, c’est compliqué et pas donné.

Pourtant, un pays comme l’Estonie a fait le pari des transports en commun gratuits pour les nationaux. En présentant leur carte d’identité, les Estoniens peuvent non seulement profiter des autobus urbains, mais aussi des trains régionaux. Au Québec, c’est l’inverse, car les tarifs des transports publics dans la région de Montréal ont explosé. Passant parfois au triple en quelques années avec les nouvelles zones tarifaires.

Quant aux voyages en avion, c’est ironique de se dire que passer une semaine dans le sud est moins cher que de visiter la Gaspésie. Les hôteliers comme les propriétaires d’attraits touristiques se sont plaints ces derniers temps du manque de visiteurs. Bien sûr, il faut tenir compte de la météo qui n’est pas idéale. Mais est-ce possible que les prix soient trop élevés pour une bonne partie de la population?

60$ par adulte pour visiter le zoo de Granby, c’est probablement un blocage psychologique pour beaucoup de Québécois. Dans les études de marketing, il y a une limite à ce que les gens sont prêts à payer pour des biens et services. De même que 200$ pour dormir une nuit dans un hôtel qui n’a rien d’extraordinaire en Gaspésie.

On blâme les voyageurs québécois de vouloir profiter de meilleurs tarifs à l’étranger, et malgré les prix abusifs pratiqués par les lieux touristiques, les hôteliers ne s’ajustent pas. L’offre ne s’ajuste pas à la baisse de la demande. Même les restaurants semblent profiter de l’inflation pour augmenter leurs profits. Ainsi, un trio Subway est maintenant d’environ 20$. Imaginez maintenant dans un restaurant à Percé ou à proximité du zoo de Granby.

Donc, au lieu d’accuser les Québécois d’être indifférents à la « crise climatique », nos décideurs comme nos militants écologistes devraient regarder notre capacité de payer qui n’est pas infinie. Les voitures électriques sont trop chères pour le commun des mortels, et les mesures gouvernementales en faveur de l’environnement enlèvent toujours plus d’argent de nos poches. Donc oui, les donneurs de leçons devraient regarder dans leur cour avant de nous blâmer.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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