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Une bataille sur tous les fronts

Vous connaissez le jeu Pandémie ? Jeu de table (board game) populaire chez les joueurs de jeux de société et adeptes de soirée de jeux. Ce jeu de stratégie consiste à jouer en collaboration contre le jeu afin d’endiguer quatre virus menaçants le monde et éviter la propagation en s’attaquant aux virus eux-mêmes. Les habitués vous diront que c’est très difficile de gagner. Présentement, nos gouvernements sont à collaborer afin d’éliminer cette menace à tout prix.

À tout prix. Dans la réalité, ils ont à gérer la menace sur plusieurs fronts. Tous les fronts. D’abord en essayant d’abaisser la courbe via la distanciation sociale ainsi que les mesures de confinement dans le but ultime de ne pas submerger notre système de santé déjà surchargé. Mais aussi, pour palier au possible manque de matériel médical nécessaire à nos « anges » qui sont plus que jamais sur la première ligne.

Le 24 mars dernier, afin de s’assurer que le plus de gens possibles soient confinés à la maison, le premier ministre du Québec, François Legault, a mis le Québec sur pause. Seules les entreprises et organisations offrant des services jugés essentiels demeurent actives. Pour ce faire, nous sacrifions une grande partie de notre économie. L’industrie de la fabrication aéronautique et spatiale en fait partie.

Le secteur de l’aérospatiale comporte trois industries soit, la fabrication aéronautique et spatiale, le transport aérien et les aéroports. En 2018, l’industrie aérospatiale du Canada a contribué à la hauteur de 25 milliards de dollars au PIB et 213 000 emplois à l’économie canadienne. Le Québec détient une grande partie de ces entreprises. Nous sommes considérés comme le 3e pôle mondial en aérospatiale. Notons, que nous sommes le seul endroit où toutes les composantes d’un aéronef se retrouvent dans un rayon de 40 kilomètres de Montréal et des appareils sont fabriqués de A à Z ici au Québec.

Sur les 213 000 emplois mentionnés plus haut, ce sont près de 65 000 travailleurs québécois qui œuvrent dans ce secteur économique comptant 186 entreprises en fabrication aéronautique et spatiale dont 152 PME, 203 entreprises en transport aérien ainsi que 141 aéroports.

Alors que partout ailleurs, notamment en France,  en Italie, aux États-Unis (Ohio, Michigan, Californie) et récemment par notre province voisine l’Ontario , tout a été mis en œuvre afin de faire perdurer les activités manufacturières de l’aérospatiale. Ici, au Québec, nous sommes sur pause. Il va s’en dire que ce sont nos entreprises québécoises qui risquent de subir des déficits concurrentiels et c’est l’économie du Québec qui en éprouvera aussi les dommages collatéraux.

À tout prix. Certes, nous sommes tous préoccupés par cette flambée de nouveaux cas qui augmentent à un rythme effréné mais combien de temps devront nous être sur pause ? Personne ne peut répondre à cette question présentement. Par contre, bientôt nos gouvernements feront face à des décisions qui seront extrêmement difficiles. La santé, oui, mais à quel prix ? L’arrêt complet ou presque de notre économie ne pourra perdurer. Nous devrons collectivement envisager la relance.

Élargir la définition de services essentiels deviendra cruciale. Et la fabrication aéronautique et spatiale doit en faire partie.

Quand l’adversité rime avec solidarité

Cette crise sanitaire sans précédent fait ressortir aussi beaucoup de belles choses. Soulignons en quelques-unes.

Les différents transporteurs aériens lourdement touchés par cette crise continuent de rapatrier nos canadiennes et canadiens confinés dans différents pays étrangers, apeurés et loin des leurs. Et ce, malgré les décisions difficiles de mises à pied et les coûts faramineux des conséquences de cette lutte à la Covid-19. Cette solidarité dépasse le secteur de l’aérospatiale.

Plusieurs entreprises ont décidé de convertir leur chaîne de production afin de fabriquer des produits médicaux essentiels au bon fonctionnement de nos hôpitaux. Cela leur permet à la fois de maintenir leurs activités mais aussi, de fournir notre système de santé québécois, alors que nous avons cruellement besoin d’être capable de répondre à notre propre demande.

Des mesures économiques ont été misent en place rapidement afin de rassurer les québécoises et québécois qui se sont retrouvés sans emploi du jour au lendemain. De nouvelles subventions pour appuyer les entrepreneurs et PME jadis florissantes, qui ont dû fermer boutique de manière drastique.

Nous faisons preuve d’une belle solidarité, c’est rassurant de voir que malgré cette situation difficile, nous sommes unis et derrière nos gouvernements. Une image, ma foi, plutôt rare et rafraichissante.

Par ailleurs, je ne peux terminer cette chronique sans mentionner la proactivité de nos gouvernements face à cette crise. Ils sont présentement nos chefs d’orchestre et plus nous collaborerons, plus vite nous nous en sortirons et pourrons en tirer des leçons. Sur ce restez à la maison et peut-être que tout comme moi, vous vous découvrirez de nouvelles passions !

Julie Landreville

Ancienne Attachée politique du député de Vimont et coordonnatrice - Communications et stratégie, Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale (CAMAQ)

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