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Vivre avec la peur au ventre

Sans vouloir dire pour qui je travaille, je dois vous dire que ces derniers jours ont été la preuve que nous ne vivrons jamais comme avant. La peur de tout, l’agressivité pour que soit maintenu le deux mètres de distanciation social et le questionnement sur le pourquoi des nouvelles consignes ont été mon quotidien.

Les hôpitaux sont devenus, et avec raison, des prisons ou personne n’entre sauf après avoir passé à la désinfection et au bureau central du questionnement. Pour faire 15 pieds, il faut se laver les mains trois fois, passer à travers trois agents de sécurité aux mesures strictes et s’enfiler entre trois panneaux de plastique transparent. Il n’y a pas autant de mesures restrictives en prison. Les gens ont peur de ces dernières mesures, les trouvant trop restrictives et combien irrationnelles parfois.

Je dois travailler chaque jour avec des personnes, avec des limitations physiques et intellectuelles, qui doivent se rendre aux différents services qui leurs sont indispensables. Comme ces personnes ont besoin d’aide, nous devons manipuler le matériel roulant ou d’assistance. Nous devons avoir une proximité qu’impose la situation et dont ils sont tributaires.
Donc, la peur, ils doivent la vivre aux quotidien. Ils doivent aller dans des milieux à risque et côtoyer des personnes qui pourraient être porteuses.

S’il y a des files d’attente devant les épiceries ou autres commerces, il en va de même aux portes des hôpitaux. Les files d’attente à l’extérieur des centres hospitaliers est chose courante et il n’y a aucune exception. La peur et l’incompréhension sont l’apanage de cette population fragile qui est passée à travers les maillons du gouvernement.

Des personnes en santé, mais confinées, ne peuvent s’imaginer ce que vivent des personnes qui n’ont que l’ouïe ou l’odorat comme repère et qui sont enfermées dans l’oubli. Des personnes à mobilités réduites qui attendaient calmement un déconfinement partiel, pour voir leur médecin pour une nouvelle évaluation, doivent vivre dans l’anxiété. L’incompréhension est fulgurante et la peur peut se lire dans leurs yeux.

Selon mes sources, plusieurs chauffeurs d’autobus, qui sont des retraités, comprennent mal pourquoi ils n’ont pas vu leurs petits enfants depuis plus de six semaines et qu’aujourd’hui, le gouvernement veut qu’ils reconduisent des enfants en classe. Des personnes âgées pleurent devant leur fenêtre à la vue de leur famille et désormais ils auront droit de les voir à l’extérieur des murs de l’édifice mais à deux mètre de distance.

La vie ne sera jamais plus comme avant, du moins, pour un certain temps, et cela perdurera selon les experts. Aurons-nous peur de nos voisins? Aurons-nous peur d’une poignée de main? Referons-nous des câlins, des accolades et des bisous d’amitié? La peur gagnera t’elle une population fragilisée par les médias et les contre-informations ? Le gouvernement a bien réagi selon les situations, mais, telle la grande faucheuse qui annonce la vie qu’elle prendra demain, la population reste dans cette crainte maladive et non contrôlable.

Oui la vie ne sera plus jamais la même. La distanciation sociale rentable n’est même pas pensable. Un cinéma, qui ne pourra accueillir des sales pleines, ne sera jamais rentable. Les restaurants, qui avaient déjà de la difficulté à joindre les deux bouts, ne pourront jamais ressusciter après cette pandémie. Les festivals de toutes sortes ne pourront plus avoir lieu, car les gens auront peur de leurs voisins. Bref, après cette crise, il ne faudra plus avoir peur. Il faudra résister à ce virus plus dommageable que la maladie. Le dicton dit: ‘’La peur est mauvaise conseillère’’
Le beau temps est à nos portes et nos plants de tomates prendront du volume. Assurons-nous de revivre dans une société plus consciente des dangers sans tomber dans cette peur qui finira par nous détruire. Claude Roy

Claude Roy

Ancien député de l'Action démocratique du Québec dans Montmagny-L'Islet.

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