Y a-t-il un appétit pour les programmes sociaux fédéraux de Justin Trudeau? La réponse : non

Le nouveau budget fédéral fait couler beaucoup d’encre. Programmes sociaux qui violent les principes mêmes du fédéralisme canadien en allant jouer directement dans les plates-bandes des provinces, Trudeau semble plus désespéré que jamais pour espérer regagner ses électeurs perdus. Y a-t-il un appétit pour les programmes sociaux fédéraux de Justin Trudeau? La réponse : non. Voici pourquoi.

À la base, le fédéralisme est un système visant à déléguer des tâches ou des compétences à des échelons gouvernementaux inférieurs (par exemple des provinces ou des États américains), car on estime qu’ils sont plus compétents qu’un gouvernement central pour gérer des besoins quotidiens. Cela peut se faire, car le pays est trop grand, et qu’un gouvernement comme celui d’Ottawa ne peut comprendre les subtilités d’une situation au Québec ou en Alberta. Cela peut aussi être pour des raisons culturelles et historiques.

Or, si l’éducation et la santé sont des compétences exclusives des provinces, il faut dire que le parti libéral avec la pression du NPD fait tout pour saboter les principes mêmes de la constitution et de l’acte de l’Amérique du Nord britannique. Et dessine des contradictions majeures. Par exemple, le Québec réclame plus de six milliards à Ottawa pour assurer le financement de son système de santé. C’est que le Québec se retrouve à payer toujours davantage pour la santé (avec le vieillissement de la population), mais toujours avec les mêmes moyens fiscaux. Le Québec est donc en droit de demander à Ottawa de payer une partie de la facture puisque le fédéral accapare une bonne partie des impôts des Québécois sans qu’ils aient de services directs.

Mais voilà qu’une simple demande du Québec n’est pas respectée qu’Ottawa va créer un programme de soins dentaires que personne n’a demandé sauf le NPD. Le Québec assure déjà les enfants par la RAMQ, et les personnes sur l’aide sociale. Le programme fédéral visant essentiellement les enfants est donc totalement inutile au Québec. Québec qui se retrouvera à payer en double une facture qu’il n’a jamais demandée.

Quant aux repas à l’école, le gouvernement québécois et des fondations assurent déjà la distribution de petits déjeuners aux enfants défavorisés. Il faudrait rappeler que le gouvernement fédéral nous fait un « cadeau » que l’on va devoir payer en double. Car désolé de l’apprendre aux gens, mais l’argent dépensé par le gouvernement fédéral n’est pas gratuit. Il s’endette et augmentera le fardeau fiscal pour assurer ces beaux programmes sociaux.

Et finalement, le cerise de ces intrusions du gouvernement fédéral dans les compétences des provinces, ce sont les mesurettes afin de réglementer davantage le logement et les droits des locataires. Au Québec, nous avons déjà le tribunal administratif du logement et des lois dans notre code civil pour protéger les locataires. Est-ce que le gouvernement Legault est incompétent en la matière? Certainement. Mais un autre parti au Québec pourrait très bien simplement appliquer les lois déjà existantes de manière plus forte.

Dans un autre article, on expliquait comment à chaque fois que le gouvernement fédéral crée un nouveau programme, il ne fait qu’augmenter le poids de la bureaucratie, fardeau qui sera tout simplement refilé aux provinces qui n’ont rien demandé. Ainsi, on se retrouve avec toujours plus de bureaucratie que l’on a jamais demandé, et donc plus de coûts financiers. Sans pour autant avoir une plus grande part de l’assiette fiscale, accaparée en bonne partie par Ottawa qui n’offre presque pas de services directs à la population.

Des analystes ont eu raison de dire que le fédéral n’était pas attaqué par les indépendantistes québécois, mais par les libéraux eux-mêmes à Ottawa. Le fédéralisme est un mode de gouvernement qui délègue à des États fédérés, justement car dans un grand pays en superficie, la capitale ne peut voir à tout et être efficace. Trudeau est dans une fuite en avant avec Jagmeet Singh, et crée les conditions de la destruction du Canada tel que nous le connaissons. Ces programmes ne sont pas populaires ni demandés par personne. Ils sont seulement le reflet d’un gouvernement qui ne sait plus trop quoi faire pour se maintenir au pouvoir. Tout simplement.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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