L’aide médicale à mourir fait controverse depuis toujours. Cette pratique, également nommée euthanasie par ses opposants, est le nouveau droit pour quiconque de mettre fin à ses souffrances dignement au Canada. Du moins c’est vendu comme ça. Les opposants ont fait l’objet des pires railleries, mais pour au final mettre le doigt sur les dérives de ce « droit » désormais inscrit dans la loi canadienne. On peut même se demander si nous n’assistons pas à un véritable « nettoyage social » des individus les plus vulnérables de notre société par le biais de la « mort sans douleur » promise par plusieurs politiciens. Quelques réflexions sur cet enjeu de société par les plus importants de notre époque.

Les gouvernements provinciaux du Canada demandent une pause sur l’extension constante du droit à « mourir dans la dignité ». En effet, pour une rare fois, il y a entente entre les différentes provinces sur un enjeu de société : ne pas autoriser tout de suite des gens souffrants de maladies mentales de demander l’euthanasie. Ce qui était considéré jusqu’à récemment comme une solution de dernier recours pour des personnes ayant une fin de vie prévisible dans la douleur est maintenant étendu à encore plus de malades dont la vie n’est pas compromise à court ou moyen terme comme les dépressifs chroniques et les schizophrènes.

Les associations médicales ont beau dire que des malades psychiatriques souffrent et demandent la fin de leurs souffrances, les opposants à l’euthanasie ont eu raison d’alerter sur les risques de pente glissante. Que si on autorise l’aide médicale à mourir pour les malades du cancer, il faudra un jour étendre ce « droit » à toujours plus de gens, surtout dans un système canadien qui privilégie le recours aux tribunaux pour forcer des décisions politiques.

Certaines associations pour l’aide médicale à mourir demandent même l’extension de ce dispositif aux personnes mineures souffrant de maladies mentales à partir de 12 ans. Rien n’indique que cela ne se poursuivra pas jusqu’au nourrisson prématuré ou encore à des adolescents écoanxieux. Un sophisme que nous apprenons dans un cours de philosophie au Cégep est la pente glissante. Par exemple, si nous autorisons les automobilistes à tourner à droite au feu rouge, cela finira un jour par la fin des limites de vitesse. Or, ce qui se passe avec l’aide médicale à mourir est réel.

Parmi les seuls opposants de cette mesure, on comptait la très mal aimée Église Catholique. Les évêques furent qualifiés de reliquats du passé, de réactionnaires et de plein d’autres choses. Pourtant, ils ont vu clair avant tout le monde. Ils ont proposé que l’on accompagne les malades en fin de vie plutôt que de prendre la solution facile qui est d’abréger les souffrances sur simple demande. Les gouvernements s’étaient engagés que ce recours est seulement pour répondre à des douleurs insupportables lorsque la mort est prévisible. Par exemple, les malades du cancer généralisé. Ce n’est pas ce qui s’est passé.

Maintenant, nos gouvernements sont allés trop loin, et se rendent compte de la dangereuse pente dans laquelle nous nous sommes aventurés. Les schizophrènes et dépressifs chroniques ne demanderaient pas la fin de leurs souffrances par l’euthanasie si nous avions un système de santé fonctionnel. Beaucoup trop de patients sont laissés à eux-mêmes. De même, on peut se questionner si cela ne fait pas l’affaire du gouvernement de se débarrasser des vétérans blessés.

Une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre, c’est cette femme vétérane de l’armée canadienne qui a reçu une suggestion de la part du ministère des anciens Combattants de mettre fin à ses souffrances par l’euthanasie. Il faut dire que plusieurs de nos vétérans reviennent blessés et traumatisés par l’expérience de la guerre. Mais ce que propose le gouvernement, même s’il prétend qu’il ne s’agit que d’un malheureux incident, c’est la solution de facilité dans un système qui craque de partout. La santé en particulier. Plusieurs patients n’auraient pas recours à l’euthanasie s’il était possible d’être soigné dignement. De même, le gouvernement canadien, avec les libéraux à sa tête, sous couvert d’extension des droits, a ouvert une porte dangereuse vers un nettoyage social d’éléments considérés comme « inutiles » ou « indésirables ». On peut se demander : cette folie prendra-t-elle fin un jour?

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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