Désigné terroriste au Royaume-Uni, un groupe islamiste annule son événement en Ontario

La branche canadienne du groupe islamique Hizb ut-Tahrir a annulé un événement qui devait avoir lieu le samedi 27 janvier à Mississauga, en banlieue de Toronto. La nouvelle de cette annulation survient au lendemain d’une décision l’ayant désigné comme entité terroriste au Royaume-Uni.

Qu’en est-il de ce groupe? Issu d’une scission avec les Frères musulmans, Hizb ut-Tahrir [ou Parti de la Libération] se donne pour but l’établissement d’un califat qui instaurera la charia à l’échelle globale. Le groupe, qui affirme être présent dans plus de 70 pays, était déjà interdit en Chine, en Russie, en Allemagne, en Indonésie, au Pakistan, au Bangladesh et dans la plupart des pays arabes, dont l’Égypte.

Au Royaume-Uni, la mesure d’interdiction a été présentée par le ministre de l’Intérieur, James Cleverly, qui a déclaré que « le Hizb ut-Tahrir est une organisation antisémite qui promeut et encourage activement le terrorisme, notamment en louant et en célébrant les effroyables attentats du 7 octobre ». L’appartenance au Hizb ut-Tahrir ou l’incitation à soutenir le groupe est désormais passible d’une peine de prison allant jusqu’à 14 ans, qui peut être prononcée en complément ou à la place d’une amende.

Depuis l’annonce de son annulation, toute l’information au sujet de l’événement de Mississauga a été retirée. Le site Web de Hizb ut Tahrir Canada [actif depuis 2012], sa chaîne YouTube et ses comptes sur les réseaux sociaux ont tous été désactivés ou supprimés. On suppose qu’ils n’ont pas eu envie que leurs propos soient scrutés.

Muhammad Malkawi devait être la tête d’affiche de la conférence annulée. Dans un discours prononcé le mois dernier, il aurait déclaré que si les musulmans s’unissent, « vous n’aurez même pas besoin de vous battre pour la Palestine car il n’y aura pas d’État juif là-bas ». Lors d’une entrevue récente, il a affirmé que l’existence d’un État juif était impensable, même s’il se limitait à l’unique ville de Tel Aviv, et même sur un bateau, à 15 kilomètres au large.

On critique Benjamin Netanyahou pour son évident rejet de la solution à deux états. Force est de constater que l’option bi-étatique n’est pas préconisée de ce côté-là non plus.

Cette nouvelle nous rappelle par ailleurs que des organisations islamistes sont actives sur le territoire canadien. Alors qu’on interdit le simple séjour à des individus aux propos controversés, comme l’écrivain britannique David Irving [à cause de son négationnisme] ou le pasteur américain Terry Jones [parce qu’il a déjà brulé un coran], on laisse parallèlement des islamistes radicaux venir s’installer au Canada.

Le Canada a accueilli 371,299 immigrants pour l’année 2023, ce qui reste en dessous d’un objectif fixé à 465 000 personnes. Ce nombre n’inclut pas les résidents non permanents. L’administration Trudeau espère accueillir 500,000 nouveaux immigrants en 2025.

Selon les chiffres de 2022, l’immigration provient principalement de l’Inde [1er rang] et de Chine [2ème], mais aussi de pays musulmans comme l’Afghanistan [3ème], le Pakistan [7ème], l’Iran [8ème] et la Syrie [10ème]. Le Nigeria, qui compte 55% de musulmans, se classe au 4ème rang. Le caractère extra-civilisationnel de l’immigration massive la rend d’autant plus néfaste pour le tissu social.

Il ne s’agit pas d’amalgamer l’ensemble des musulmans du Canada aux groupes islamistes tels que le Hizb ut-Tahrir. Il faut considérer un dégradé allant des Musulmans dits « modernes » ou « laïcs », qui sont bien disposés à vivre dans une société d’accueil sécularisée, aux fondamentalistes les plus intégristes qui aspirent à vivre sous l’égide de la charia et qui ne tarderont pas à revendiquer des accommodements politico-religieux. Ce fut le cas de Zunera Ishaq, cette femme venue du Pakistan, qui avait entrepris un recours judiciaire pour contester l’interdiction du niqab à l’assermentation avant même d’obtenir sa citoyenneté.

Certains feront une distinction entre islam et islamisme, mais c’est plutôt le niveau de fondamentalisme qui serait source de frictions avec la société d’accueil, notamment s’il donne lieu au repli sectaire, revendique des accommodements et a recours au djihad juridique pour les obtenir.

En 2016, l’Académie Webber de Calgary a dû verser $26,000 aux deux élèves musulmans qui l’avaient traîné devant les tribunaux, s’estimant discriminés parce que l’établissement scolaire ne leur avait pas alloué une salle de prière appropriée.

En 2003, l’Islamic Institute of Civil Justice avait tenté d’instaurer des tribunaux chariatiques pour les 400 000 musulmans qui vivaient alors en Ontario [il y en a presque un million aujourd’hui]. Suite à une vaste controverse, la requête avait été rejetée [à noter qu’il y avait des Musulmans des deux côtés du débat]. Il faudrait toutefois être naïf pour croire que les fondamentalistes ne reviendront pas éventuellement à la charge avec un poids démographique augmenté.

Fondamentalisme n’est évidemment pas synonyme de terrorisme, mais la menace que sa volonté d’islamisation pose sur le long terme ne doit pas être prise à la légère. Le voile islamique, porte-étendard du fondamentalisme musulman, y contribue insidieusement à titre de marqueur territorial, qu’il soit porté volontairement ou non, en conscience de cause ou pas. Selon une étude réalisée par Environics Institute, 53% des femmes musulmanes portaient le voile au Canada en 2016 – en augmentation par rapport à 42% en 2006. Outre, 40% des immigrants Musulmans ont répondu que leur attachement à l’islam s’était renforcé depuis leur arrivée au pays. N’en déplaise à ceux qui se drapent de vertu inclusive, la sympathie des individus sur une base individuelle ne fait pas disparaître une problématique sociale résultant du nombre.

Le recensement de 2021 indique que le Canada compte 4,9% de Musulmans, en forte hausse par rapport à 3.2% en 2011 et 2% en 2001. Ils sont davantage concentrés dans 3 provinces: 4.8% en Alberta, 5% au Québec et 6,7% en Ontario. 9,6 % de la population du Grand Toronto est musulmane, comparativement à 8,7 % dans le Grand Montréal. Si la moitié d’entre eux s’apparentent au fondamentalisme, ça constitue un groupe important.

L’accélération d’une immigration musulmane qui était déjà massive implique forcément l’augmentation du nombre de fondamentalistes – d’autant plus qu’elle s’effectue sans discernement par une administration Trudeau obnubilée par la réalisation de son utopie post-nationale. L’étude d’Environics Institute rapporte que 65% du vote musulman est allé au Parti Libéral en 2015, par rapport à 10% pour le NPD et seulement 2% pour les Conservateurs [l’autre 20% n’a pas voté]. Raison de plus pour que Trudeau continue de les accueillir à pleine porte en dépit de toute potentielle conséquence néfaste pour le vivre ensemble.

Ophélien Champlain

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