Hackers « anti-woke » : la guerre culturelle s’invite à l’Université de Pennsylvanie

L’Université de Pennsylvanie, l’une des institutions les plus prestigieuses de l’Ivy League, a été la cible d’une cyberattaque au caractère ouvertement politique. Comme le rapporte Lauren Feiner dans The Verge, des pirates ont envoyé aux membres de la communauté universitaire des courriels incendiaires, prétendant avoir piraté les systèmes internes et menaçant de divulguer les données personnelles des étudiants.

Les messages, envoyés depuis des adresses liées à la Graduate School of Education de Penn, contenaient des propos vulgaires et insultants, accusant l’université d’être une « institution élitiste et woke », violant selon eux la récente décision de la Cour suprême interdisant la discrimination positive fondée sur la race. Le texte mentionnait explicitement le groupe Students for Fair Admissions (SFFA), à l’origine de cette décision historique, ainsi que la loi fédérale FERPA, qui protège la confidentialité des dossiers scolaires.

L’administration de Penn a rapidement réagi, confirmant la circulation d’un courriel frauduleux intitulé « We got hacked (Action Required) ». Dans un communiqué, l’université a précisé que son équipe de cybersécurité traitait activement l’incident et qu’aucune preuve de fuite de données n’avait été confirmée. Elle a aussi dénoncé le caractère « offensant et haineux » du message, contraire à la mission de l’établissement.

Cette attaque intervient dans un contexte explosif pour les universités américaines. Plusieurs institutions d’élite sont visées par des campagnes de piratage à connotation politique. Columbia University a subi une intrusion similaire plus tôt cette année, au cours de laquelle des données d’admission ont été compromises. Le pirate, qui s’était présenté comme un militant d’extrême droite, affirmait vouloir prouver que l’université continuait d’appliquer des critères raciaux malgré la décision de la Cour suprême. Columbia, tout comme Penn, a récemment été au cœur de vives polémiques liées à la gestion des manifestations sur la guerre à Gaza.

L’affaire illustre une nouvelle forme de militantisme numérique, où le piratage devient un outil d’expression idéologique. Dans ce cas, la rhétorique « anti-woke » s’attaque directement aux politiques d’inclusion des universités et à leurs engagements sociaux. Derrière la façade politique, les conséquences peuvent être graves : violation potentielle de la vie privée d’étudiants, perte de confiance institutionnelle et montée de la haine en ligne.

Pour Lauren Feiner, cette série d’attaques marque une escalade dans la guerre culturelle américaine, où les campus deviennent des cibles symboliques. Les pirates ne cherchent plus seulement à voler des données, mais à humilier des institutions perçues comme trop progressistes. Le cyberspace devient ainsi un champ de bataille idéologique où l’éducation, la politique et la sécurité numérique s’entrechoquent.

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