La plus récente analyse économique de la Banque TD, signée par les économistes Beata Caranci et Marc Ercolao et présentée dans un article de Stewart Lewis publié le 30 octobre 2025 dans le National Post, conclut que la réduction des cibles d’immigration par le gouvernement fédéral commence à porter ses fruits. Selon le rapport, cette politique permet au Canada de « reprendre son souffle » après plusieurs années de croissance démographique record, qui avaient mis à rude épreuve le logement, le marché du travail et les infrastructures sociales.
Les auteurs de l’étude rappellent qu’entre 2022 et 2024, la population canadienne avait connu une hausse de 3,2 %, un sommet inégalé depuis des décennies. Cette explosion, alimentée par l’arrivée massive de résidents temporaires et permanents, avait contribué à faire grimper le taux de chômage d’un point de pourcentage et exacerbé la crise du logement. Devant cette situation, Ottawa a décidé de « réajuster » les seuils d’immigration afin de retrouver un certain équilibre. Le résultat : au deuxième trimestre de 2024, la croissance démographique a chuté à 0,9 %.
Caranci et Ercolao expliquent que cette décélération rapide a commencé à réduire la pression sur les loyers et la demande immobilière. Dans les grandes villes comme Toronto et Vancouver, les loyers affichent désormais des hausses plus modestes, estimées à environ 3 à 3,5 % pour 2026, soit la moitié du rythme observé deux ans plus tôt. Le recul de la demande de copropriétés, tant pour l’achat que pour la location, contribue aussi à stabiliser les marchés locaux. Les économistes notent que la baisse du nombre d’étudiants étrangers et de travailleurs temporaires, particulièrement en Ontario et en Colombie-Britannique, explique une bonne partie de cette détente.
Sur le marché du travail, la Banque TD observe une amélioration similaire. L’afflux massif d’immigrants durant la reprise post-pandémique avait d’abord permis de combler des pénuries de main-d’œuvre, mais la situation s’était rapidement inversée lorsque la croissance de la population active a dépassé la capacité d’absorption des entreprises. Le réajustement des cibles est donc arrivé « au bon moment », écrivent les auteurs, alors que le pays venait d’enregistrer 40 000 pertes d’emplois entre juillet et septembre 2025. Sans cette correction, estiment-ils, le taux de chômage aurait pu franchir la barre des 8 %.
Beata Caranci et Marc Ercolao insistent cependant sur le fait que la politique d’immigration doit demeurer flexible et réactive. Une immigration trop élevée dans certains secteurs, préviennent-ils, peut décourager l’investissement des entreprises et favoriser une dépendance à une main-d’œuvre moins coûteuse. Trouver le juste équilibre, ajoutent-ils, est essentiel pour soutenir une croissance durable et cohérente avec les besoins du marché.
Le rapport de la TD souligne également un effet inattendu : la consommation des ménages a continué de croître malgré le ralentissement de la population. Grâce à la baisse des taux d’intérêt, à la reprise de la demande immobilière et à un regain du tourisme intérieur, les dépenses réelles par habitant ont augmenté pour la première fois depuis deux ans. Même si une partie des nouveaux arrivants, souvent étudiants ou employés dans des secteurs à bas salaires, consomment moins que la moyenne, l’économie intérieure est demeurée robuste.
En conclusion, les économistes de la Banque TD estiment que la révision de la politique d’immigration fédérale « commence à porter ses fruits » en rétablissant un équilibre entre croissance démographique et capacités d’accueil. Stewart Lewis, dans son article, rapporte que selon eux, cette approche arrive à point nommé alors que le Canada doit composer avec des incertitudes économiques chez son voisin américain. La TD rappelle toutefois que l’immigration restera un pilier de la résilience économique du pays à long terme, à condition que ses flux soient mieux calibrés aux besoins réels du marché et des infrastructures.



