La Presse Canadienne rapporte, dans un article publié par CTV News le 7 octobre 2025, que les figures de proue du « Freedom Convoy », Tamara Lich et Chris Barber, ont été condamnées à des peines conditionnelles de 18 mois pour leur rôle dans les manifestations qui ont paralysé le centre-ville d’Ottawa en 2022. Après plus de trois ans de procédures, le jugement rendu par la juge Heather Perkins-McVey vient clore l’un des procès les plus symboliques de l’après-pandémie au Canada, illustrant la persistance des divisions politiques et sociales nées de la crise sanitaire.
Des peines conditionnelles plutôt que carcérales
Selon le reportage de CTV News signé par La Presse Canadienne, Tamara Lich et Chris Barber, tous deux reconnus coupables de méfait en avril 2025, se sont vu imposer des peines conditionnelles de 18 mois. Barber a écopé de 12 mois d’assignation à résidence, suivis de six mois sous couvre-feu strict. Lich devra pour sa part purger 12 mois à domicile et 3,5 mois de couvre-feu, après avoir obtenu un crédit pour les journées passées en détention préventive.
La juge Perkins-McVey a tenu à préciser que ces peines comportaient plusieurs exemptions : les deux accusés pourront notamment travailler, assister à des rendez-vous médicaux, se rendre à des offices religieux ou effectuer des courses essentielles. Ce régime de détention à domicile, explique-t-elle, vise à sanctionner sans étouffer la possibilité d’une réhabilitation, tout en rappelant la gravité des perturbations causées à la population d’Ottawa.
Une fracture politique toujours vive
La Presse Canadienne rapporte que la juge Perkins-McVey a reconnu d’emblée la profondeur du fossé politique et social que cette affaire continue de révéler. Alors que la Couronne réclamait sept ans d’emprisonnement pour Lich et huit ans pour Barber, la défense plaidait plutôt pour des absolutions inconditionnelles. Ces écarts, a souligné la magistrate, témoignent de la persistance des tensions entourant la pandémie et la gestion des mesures sanitaires.
« Mon tribunal n’est pas un lieu pour la politique », a-t-elle toutefois tranché, ajoutant qu’aucune cause comparable ne permettait d’établir un précédent parfaitement applicable. Elle a néanmoins comparé la situation de Lich et Barber à celle d’autres figures du mouvement : Pat King, condamné en février 2025 à une peine conditionnelle de 12 mois dont trois mois de détention à domicile, et Marco Van Huigenboss, impliqué dans le blocus de Coutts en Alberta, qui avait écopé de quatre mois de prison ferme.
Les considérations du tribunal
La juge Perkins-McVey a indiqué avoir tenu compte de plusieurs facteurs atténuants, notamment l’absence d’antécédents judiciaires et les efforts de médiation entrepris par Lich et Barber auprès des forces de l’ordre pour limiter les débordements. Mais elle a aussi rappelé l’ampleur des conséquences économiques et sociales du blocus.
Le reportage de La Presse Canadienne souligne que la Ville d’Ottawa a évalué à environ 7 millions $ les pertes directes engendrées par les trois semaines de manifestations, tandis que les coûts additionnels pour le service de police se sont élevés à 55 millions $. Ces chiffres ont pesé lourdement dans la décision.
La juge a insisté : la peine devait « dissuader » la répétition d’actions semblables sans pour autant décourager les Canadiens de participer à des manifestations pacifiques. Cette distinction, a-t-elle précisé, est essentielle dans une démocratie où la liberté d’expression et la contestation demeurent protégées, mais où le blocage d’artères publiques ne saurait être toléré.
Réactions de la défense et perspectives d’appel
À la sortie du tribunal, les avocats de la défense ont livré des réactions contrastées. Me Diane Magas, qui représente Chris Barber, a déclaré — selon les propos rapportés par La Presse Canadienne — que la sentence s’inscrivait dans la ligne des décisions rendues dans des causes similaires :
« La juge a été très claire : mon client et Mme Lich étaient animés des meilleures intentions. C’était au départ une manifestation légitime, devenue illégale uniquement parce que les rues ont été bloquées. Le message est simple : protestez, mais ne bloquez pas les rues. »
De son côté, Me Lawrence Greenspon, avocat de Tamara Lich, a annoncé envisager un appel, estimant que la condamnation heurtait les principes constitutionnels de liberté d’expression et de réunion pacifique. Il a soutenu que :
« Au Canada, la liberté d’expression protégée par la Constitution doit primer sur le droit de jouissance de la propriété. Ce déséquilibre est au cœur de notre réflexion pour un éventuel appel. »



