D’après un article de Graham Fraser et Imran Rahman-Jones publié sur BBC News le 3 juillet 2025
Depuis plusieurs semaines, un vent de révolte souffle chez de nombreux utilisateurs de Facebook et Instagram à travers le monde. Comme le rapportent Graham Fraser et Imran Rahman-Jones dans un article publié par la BBC, des milliers de personnes affirment avoir vu leurs comptes suspendus sans justification claire, et peinent à obtenir une réponse humaine de Meta, la société mère des deux plateformes.
Tout commence par une reconnaissance officielle de Meta, la semaine dernière, admettant une « erreur technique » affectant certains groupes Facebook. Mais depuis, le problème semble bien plus vaste que ce que l’entreprise laisse entendre. Brittany Watson, une Canadienne de 32 ans originaire de l’Ontario, a vu son compte désactivé pendant neuf jours en mai, sans explication valable. Comme elle le confie à la BBC, « Facebook n’était pas qu’une application pour moi. C’était un lieu de souvenirs, de soutien et de liens sociaux. »
Choquée par cette coupure soudaine, elle lance une pétition pour pousser Meta à s’expliquer. En quelques semaines, plus de 25 000 personnes la signent, dénonçant des bannissements touchant aussi bien des comptes personnels que professionnels, des groupes, des pages d’entreprises et même des comptes liés à WhatsApp. « Il y a un vrai problème », insiste Brittany Watson, « et Meta minimise les faits en affirmant que seules certaines pages de groupes sont concernées. »
John Dale, un ancien journaliste de l’ouest de Londres, a lui aussi vu son compte suspendu. Il gérait un groupe de nouvelles locales comptant plus de 5 000 membres. Du jour au lendemain, il ne peut plus approuver de publications, et constate que ses propres contributions ont été effacées. « Le groupe est figé dans le temps », explique-t-il, déplorant l’absence de tout service à la clientèle. Il a fait appel, mais s’inquiète d’une suppression définitive.
La situation devient encore plus préoccupante lorsque des activités professionnelles sont affectées. Michelle DeMelo, résidente de Niagara Falls et active dans le marketing numérique, a vu l’ensemble de ses comptes — personnels et professionnels — suspendus à la mi-juin. « Mon revenu a pris une énorme claque », confie-t-elle. Après des semaines d’incompréhension et d’angoisse, ses comptes ont été restaurés… le lendemain du contact de la BBC avec Meta. Elle dénonce l’absence totale de soutien humain dans la gestion de ces incidents : « C’est insultant qu’une entreprise aussi puissante que Meta, construite par ses utilisateurs, n’offre aucun vrai soutien. »
Le doute s’installe aussi sur les mécanismes de modération de Meta. Sam Tall, un jeune de 21 ans vivant à Bournemouth, a vu son compte Instagram suspendu pour prétendue violation des normes communautaires. Il dépose un appel — rejeté deux minutes plus tard. « Il est évident qu’aucun humain n’a lu ma demande », affirme-t-il. En conséquence, il perd l’accès à ses souvenirs et à ses contacts, car son compte Facebook lié a aussi été supprimé.
Face à l’ampleur de ces témoignages, de plus en plus d’utilisateurs s’organisent sur Reddit, évoquent des recours collectifs, et interpellent Meta pour obtenir justice. L’entreprise, de son côté, affirme n’avoir détecté aucune augmentation des suspensions erronées et rappelle que les utilisateurs peuvent faire appel. Mais pour bien des victimes, cette réponse automatique n’est pas à la hauteur des enjeux humains et sociaux en jeu.
Comme le résume Sam Tall : « Il est temps que Meta prenne conscience de l’ampleur du problème et agisse — pas seulement pour moi, mais pour tous. »