Un texte de Nicolas Gagnon, Directeur Québec à la Fédération Canadienne des Contribuables
La campagne électorale n’est peut-être pas terminée, mais il est clair que les engagements de la CAQ, du PLQ et de Québec Solidaire maintiendront les finances publiques dans le rouge pour les huit prochaines années. Et ça, c’est en supposant que la croissance économique sera au rendez-vous.
Si les Québécois peuvent se réjouir des baisses d’impôt promises, ils devraient aussi s’inquiéter du fait que les partis s’engagent également à gaspiller l’argent des générations futures. La fragilité des finances publiques du Québec et la menace imminente d’une récession devraient être prises au sérieux par les aspirants élus. Au lieu de chercher des moyens de dépenser davantage l’argent des contribuables, ils devraient chercher des moyens pour l’économiser.
Le rapport préélectoral du ministère des Finances sur l’état des finances publiques du Québec indiquait avec optimisme un retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2027.
C’était avant les récents engagements de la CAQ, qui compte dépenser 30 milliards de dollars supplémentaires au cours d’un prochain mandat. Même si ces dépenses augmenteront le déficit de l’année en cours de six milliards de dollars, le premier ministre François Legault a réaffirmé son intention d’équilibrer le budget d’ici 2026-27, essentiellement grâce à la croissance économique projetée.
De leur côté, les libéraux promettent également des déficits. Leur cadre budgétaire de 41 milliards de dollars mentionne l’ajout de 17 milliards de dollars à la dette du Québec et le report de l’équilibre budgétaire à 2030. Selon leurs prévisions, une tranche d’imposition supplémentaire pour ceux qui gagnent plus de 300 000 $, couplée à la croissance économique, devrait suffire à rééquilibrer le budget.
Entre-temps, Québec Solidaire a promis d’augmenter les dépenses gouvernementales de 36 milliards de dollars sur quatre ans. Pour assouvir leurs désirs de dépense, ils augmenteraient les impôts des entreprises et des contribuables qui gagnent plus de 100 000 $ par année. En bref: plus d’impôts, plus de dépenses.
On dirait que les politiciens ignorent l’état actuel de nos finances publiques.
De récentes études démontrent pourtant qu’au cours des deux dernières décennies, les dépenses publiques ont augmenté en moyenne de 5,4 % par année, alors que les revenus ont à peine atteint 4,7 %.
Pour soutenir de telles dépenses, le gouvernement du Québec a augmenté ses impôts et ses taxes au point de devenir la neuvième juridiction la plus gourmande parmi les pays de l’OCDE, tous niveaux de gouvernement combinés.
Malgré toutes ces taxes, les Québécois ont des hôpitaux qui ferment leurs urgences l’été, des pénuries d’enseignants dans leurs écoles et des routes qui se dégradent chaque année.
Pendant ce temps, la bureaucratie ne cesse de croître. Sur les 127 000 emplois créés au cours des quatre dernières années, 100 000 se sont créés au gouvernement.
Pour l’exercice 2019-20, les contribuables ont versé 50,9 milliards de dollars en rémunération à plus d’un demi-million d’employés du gouvernement. Cela représente près de 45 pour cent des dépenses totales du gouvernement. S’il y a un endroit où les partis devraient envisager des révisions de coût, c’est bien là.
Selon des calculs antérieurs, une réduction de 15 pour cent de la rémunération réduirait les dépenses du gouvernement du Québec de 7,6 milliards de dollars sur une base annuelle. Cette somme pourrait financer au moins deux fois les baisses d’impôt promises par la CAQ ou le PLQ.
Pour économiser l’argent des contribuables, le gouvernement devrait également mettre fin à la pratique consistant à donner à la première entreprise qui lui fait les yeux doux.
Au cours des deux derniers mois, le gouvernement du Québec a versé plus de 300 millions de dollars à Garda afin de soutenir son expansion commerciale, tout en ouvrant la discussion sur une subvention de 500 millions de dollars à Glencore pour assurer la modernisation de sa fonderie à Rouyn-Noranda. Non seulement ces entreprises sont déjà bien rentables, mais on ne sait pas comment les familles québécoises profiteront de ces chèques aux entreprises.
En bref, il est clair que le gouvernement du Québec ne manque pas d’opportunités pour réduire les dépenses et ainsi améliorer les finances publiques de la province. Les Québécois méritent une réduction d’impôt, mais il n’est pas moins vrai que le gouvernement doit réduire ses dépenses. Les cibles à privilégier? La bureaucratie et l’aide financière aux entreprises.
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