Le GRIS-Montréal, un organisme dédié à la démystification de la diversité sexuelle et de genre, a récemment annoncé les résultats préliminaires d’une étude sur l’homophobie. Celle-ci alerte sur une augmentation marquée du sentiment hostile à la « diversité sexuelle » dans les écoles du Québec. Cependant, cette étude, qui n’est pas encore accessible au public, soulève autant de questions qu’elle prétend apporter de réponses. Alors, qui sont les véritables responsables de cette situation ?
Une montée fulgurante des malaises face à la diversité sexuelle
L’étude s’appuie sur des données préoccupantes :
- En 2017-2018, 25 % des jeunes disaient ressentir un malaise face à l’orientation sexuelle d’un ami gai. En 2023-2024, ce chiffre grimpe à près de 40 %.
- Concernant une amie lesbienne, la proportion est passée de 15 % à 34 % sur la même période.
Ce bond spectaculaire interroge. Les premières explications avancées pointent vers des causes familières :
- La montée du conservatisme dans les médias et les réseaux sociaux.
- L’influence d’acteurs controversés comme Andrew Tate, souvent qualifiés de « masculinistes ».
- Le « manque d’éducation » des jeunes en matière de diversité et d’inclusion.
La solution proposée par les militants : renforcer encore davantage l’éducation sur ces questions. Mais cette approche pose problème. À force de vouloir « rééduquer » les jeunes, ne risquons-nous pas de provoquer un rejet encore plus marqué ?
Une jeunesse en quête de repères
Certes, l’homophobie est condamnable, tant sur le plan moral que légal. Mais l’analyse du GRIS-Montréal passe peut-être à côté d’un point central : le manque de repères masculins positifs dans la société actuelle.
- Pression sur la masculinité : Les jeunes hommes sont souvent critiqués pour leur comportement, leur ambition ou leur compétitivité, désormais considérées comme des expressions de « masculinité toxique ».
- Absence de figures inspirantes : Autrefois incarnées par les pères, les grands-pères ou les enseignants, ces figures masculines se font rares. De plus en plus de jeunes grandissent sans père à la maison, et les hommes se raréfient dans le milieu scolaire.
Le succès de personnalités comme Jordan Peterson ou Andrew Tate s’explique en partie par cette quête de défis et de repères. Les jeunes hommes veulent être encouragés, responsabilisés, et surtout, trouver un sens à leurs actions.
Trop, c’est trop
Pour certaines organisations militantes, la réponse est simple : les influenceurs conservateurs sont à blâmer. Mais cette analyse occulte un facteur clé : le contexte qui a permis l’émergence de ces figures controversées.
- Surreprésentation médiatique : Des pratiques comme les lectures de contes par des drag queens ou la constante mise en avant des enjeux LGBT peuvent provoquer une lassitude ou un rejet, même parmi des jeunes qui n’ont aucune hostilité intrinsèque envers la communauté LGBT.
- Racines religieuses : Bien qu’il soit prématuré de conclure, les témoignages en provenance d’écoles montréalaises montrent une hausse des incidents homophobes, particulièrement dans des établissements où la majorité culturelle est issue de pays d’Afrique du Nord, où les normes sociales autour de l’homosexualité peuvent être hostiles.
Le GRIS-Montréal : des questions sur la méthode
Si le GRIS-Montréal souhaite réellement contribuer au débat, il est impératif que son étude soit rendue publique dans son intégralité, et non relayée par morceaux choisis dans les médias. Il ne suffit pas de blâmer des conséquences visibles comme la popularité d’Andrew Tate. Une véritable introspection sur les causes profondes de cette montée du sentiment homophobe est nécessaire.
Quelques pistes à explorer :
- Donner plus de responsabilités aux jeunes hommes : Leur permettre de vivre des expériences par eux-mêmes, sans les surprotéger ni chercher à les conformer à des idéaux rigides.
- Rééquilibrer les discours : Ne pas surcharger l’espace public de messages sur le thème LGBT, au risque de provoquer un rejet ou une saturation.
Un débat essentiel à mener
La montée du sentiment homophobe dans les écoles québécoises est un sujet grave, qui mérite une réflexion approfondie. Plutôt que de se focaliser uniquement sur des figures controversées ou sur une rhétorique accusatoire, il serait plus constructif d’explorer les racines socioculturelles de ce phénomène.
Les jeunes ont besoin de défis, de repères, et d’un espace où ils peuvent expérimenter et grandir sans se sentir constamment surveillés ou jugés. Si l’on veut réellement inverser cette tendance, il faudra aller bien au-delà des solutions superficielles et se pencher sur les causes profondes du problème.
Le débat est ouvert.