Traduit de l’anglais. Texte publié le 15 janvier 2023 sur le site Al-Jazeera.
L’exécution d’Alireza Akbari, qui possède la double nationalité irano-britannique et qui était auparavant vice-ministre de la Défense en Iran, intervient dans un contexte d’agitation locale et risque de marquer le début d’une nouvelle période de tensions croissantes avec l’Occident.
L’annonce par l’Iran de la pendaison de l’ancien fonctionnaire, samedi, après sa condamnation pour espionnage au profit des services de renseignement britanniques, pourrait être le signe précurseur de changements importants dans la manière dont Téhéran et l’Occident gèrent leurs relations et a suscité des spéculations quant à l’éventualité d’autres changements au sein de l’establishment iranien.
Akbari a été arrêté en 2019 après être rentré en Iran depuis le Royaume-Uni, où il vivait depuis une décennie, mais son cas n’avait pas été rendu public par les autorités iraniennes.
Selon le Guardian, il lui avait été demandé de revenir pour conseiller le gouvernement iranien sur l’accord sur le nucléaire iranien.
Les autorités britanniques et sa famille avaient choisi de ne pas discuter publiquement de son cas, espérant que sa libération pourrait être obtenue en privé.
Au lieu de cela, le système judiciaire iranien a confirmé l’exécution de l’homme de 61 ans quelques jours seulement après la publication de la nouvelle de son arrestation et de sa condamnation à mort.
Les allégations selon lesquelles il s’agissait d’un « super espion » grassement payé et formé par les services de renseignement britanniques ont occupé une place centrale dans la description de son cas par les autorités judiciaires, ainsi que dans les vidéos de ses « aveux » diffusées par les médias d’État.
Le ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni et la famille d’Akbari ont nié ces allégations et ont affirmé son innocence.
Tout porte à croire qu’il y aura une violente réaction internationale, en particulier de la part du Royaume-Uni.
Après l’exécution d’Akbari, de hauts responsables britanniques ont considérablement intensifié leur rhétorique contre Téhéran, dénonçant la République islamique comme un « régime barbare » et promettant d’agir.
Quelques heures plus tard, Londres a déclaré qu’elle avait inscrit le procureur général de l’Iran sur sa liste noire et rappelé temporairement son ambassadeur à Téhéran.
Le ministère français des affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires iranien pour protester contre l’exécution, et les États-Unis ont également condamné cette décision et demandé l’arrêt des « exécutions à motivation politique ».
Un timing important
Le timing de l’exécution suggère son importance à plusieurs égards.
Tout d’abord, elle intervient alors que les plus hautes autorités iraniennes, dont le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, accusent régulièrement l’Occident d’être à l’origine des troubles actuels dans le pays.
Des dizaines de ressortissants étrangers ont été arrêtés depuis que des manifestations ont éclaté dans tout l’Iran à la suite de la mort, à la mi-septembre, de Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs pour non-respect présumé d’un code vestimentaire obligatoire pour les femmes.
Quatre personnes ont été exécutées dans des affaires liées aux protestations. Le cas d’Akbari – et les réactions qu’il a suscitées – souligne très publiquement l’idée des autorités selon laquelle le Royaume-Uni et ses alliés occidentaux s’investissent activement pour « intervenir » dans ce que les autorités iraniennes perçoivent comme des affaires internes.
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D’autre part, l’exécution d’Akbari intervient alors que le Royaume-Uni – et l’Union européenne – envisagent de désigner le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) comme une organisation « terroriste ».
Les États-Unis ont proscrit cette force d’élite, principal pilier de l’establishment iranien, en 2019, un an après que l’ancien président Donald Trump eut abandonné unilatéralement l’accord nucléaire conclu en 2015 par l’Iran avec les puissances mondiales.
À l’époque, de nombreux politiciens européens étaient contre cette décision, mais avec l’UE imposant des sanctions à Téhéran pour avoir prétendument fourni des drones à la Russie pour la guerre en Ukraine, et les faibles perspectives de restauration de l’accord nucléaire, le paysage politique a considérablement changé.
Entre-temps, des groupes opposés à l’Iran ont demandé l’expulsion de ses ambassadeurs dans les pays européens et le rappel des ambassadeurs à Téhéran.
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Pour lire l’article dans sa version originale : https://www.aljazeera.com/news/2023/1/15/analysis-akbari-execution-signals-rising-iran-tensions-with-west