Rebel News rapporte que la plus grande usine de transformation de grillons au monde, Aspire Food Group, située à London en Ontario, a été placée sous séquestre judiciaire, interrompant ainsi toutes ses activités de production d’aliments à base d’insectes. L’entreprise, jadis promue comme un fleuron de l’agroalimentaire « durable », devient aujourd’hui un exemple emblématique des limites de la transition alimentaire forcée par les élites politiques et technocratiques.
Fondée en 2013 par cinq étudiants de l’Université McGill et couronnée par le prestigieux prix Hult de la Clinton Global Initiative, Aspire Food Group avait pour ambition de révolutionner l’alimentation mondiale grâce aux insectes. À partir d’octobre 2022, son installation de 150 000 pieds carrés a commencé à vendre des grillons pour la consommation humaine, alors qu’auparavant elle ne ciblait que le marché de l’alimentation animale. Les grillons y étaient transformés en poudre protéinée destinée aux boissons, pâtisseries, barres énergétiques et autres produits dits « écologiques ».
Mais malgré une forte couverture médiatique et un appui appuyé de l’État, l’entreprise n’a jamais trouvé son public. Comme le rapporte Rebel News, Aspire a reçu 8,5 millions de dollars en subventions directes du gouvernement fédéral, dans le cadre d’un programme plus large ayant octroyé des fonds à cinq entreprises dans le secteur des insectes comestibles. Selon le Canadian Taxpayers Federation, ces investissements ont été mal ciblés et peu transparents, surtout dans un contexte où l’acceptation publique de ces nouveaux aliments reste très faible.
Une vision en décalage avec la réalité
Selon Rebel News, les prévisions de croissance de l’industrie des insectes comestibles étaient pourtant prometteuses : un rapport de Research and Markets anticipait une valeur de marché mondiale atteignant 3,5 milliards de dollars d’ici 2029, avec un taux de croissance annuel de 28,6 %. Aspire, elle, estimait que la demande atteindrait 13 millions de kilos de grillons par an dès 2024.
Mais ces ambitions se sont heurtées à une réalité plus terne. En novembre dernier, Aspire a licencié 100 de ses 150 employés, invoquant la nécessité de réduire la cadence de production afin de stabiliser les rendements. Le PDG actuel, David Rosenberg, a tenté de rassurer le public en affirmant que la demande « restait forte » mais que l’entreprise devait « produire de manière plus cohérente ». Il espérait pouvoir réembaucher une partie des employés en juillet — une promesse qui semble désormais caduque.
L’ancien PDG et cofondateur, Mohammed Ashour, affirmait pourtant en mars 2023 avoir sécurisé des engagements contractuels suffisants pour couvrir les coûts de production. Une déclaration que les événements récents viennent directement contredire.
Le rêve technocratique d’une alimentation forcée
Rebel News souligne que ce projet bénéficiait d’un soutien idéologique important de la part du Forum économique mondial (WEF), qui voyait dans les insectes comestibles une solution au changement climatique. Le WEF affirme que la production de grillons requiert huit fois moins d’eau et émet trois fois moins de CO₂ que l’élevage bovin traditionnel. Ces arguments ont été largement repris dans les médias et les milieux politiques favorables à la transition écologique radicale.
Mais comme le montre l’échec d’Aspire, les chiffres théoriques ne suffisent pas à convaincre le public canadien de consommer des insectes. Ashour s’est défendu contre les accusations de conspiration mondiale visant à imposer cette nouvelle diète, soulignant les qualités nutritives des grillons : riches en protéines, faibles en gras, et peu coûteux. Cependant, le fait est que les consommateurs n’ont pas suivi, et l’entreprise n’a jamais su créer un marché viable.
Rebel News rappelle également que les coûts d’implantation dans ce secteur demeurent très élevés, comme l’a reconnu Rosenberg lui-même. Malgré les investissements massifs et les discours enthousiastes, Aspire n’a jamais atteint un seuil de rentabilité durable.
Une débâcle subventionnée par les contribuables
L’exemple d’Aspire s’ajoute à une liste croissante de projets « verts » subventionnés par l’État qui échouent à livrer les résultats promis. Les 8,5 millions de dollars accordés par Agriculture et Agroalimentaire Canada en 2022 représentaient environ le quart du financement total de l’usine. L’absence de retombées concrètes soulève des questions sérieuses sur la rigueur avec laquelle les fonds publics sont attribués dans le cadre des transitions alimentaires et énergétiques.
Rebel News conclut que cette mise sous séquestre marque non seulement l’échec d’une entreprise, mais aussi le recul d’une stratégie idéologique visant à remodeler de force les habitudes alimentaires sous prétexte de sauver la planète. Entre des projections irréalistes, un marché récalcitrant et une dépendance malsaine aux fonds publics, Aspire Food Group devient un cas d’école pour les dérives d’un technocratisme déconnecté de la réalité sociale.
Sources :
Rebel News, « Canada’s largest cricket farm under receivership, despite millions in subsidies », 13 mai 2025.
Western Standard, Canadian Taxpayers Federation, Research and Markets