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Au-delà des armes à feu : le gangstérisme hip hop

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La récente tuerie dans l’école texane de Uvalde, il y a deux semaines, a donné l’occasion aux militants pour la prohibition des armes à feu de rappeler qu’il y avait une augmentation sans précédent de la violence armée et des fusillades à Montréal. Le problème, c’est que la violence à Montréal est en fait un contre-exemple : les armes qui y sont utilisées sont illégales et les gangsters qui les utilisent n’ont que faire des lois. Pire, une mouvance culturelle bien connue fait la promotion ouverte de leurs crimes.

Violence à Montréal : criminalité et gangstérisme

Se rappelle-t-on, il y a près d’un an, de ce conseiller financier avare ayant été arrêté avec 249 armes de poing aux lignes américaines[1]? S’il fut attrapé et que ces armes illégales furent saisies, on peut logiquement affirmer que beaucoup avant et après lui ont dû réussir à les faire écouler sur le marché noir.

Nous savons que la majorité de celles-ci passent par la réserve Mohawk de Akwesasne, située entre les États-Unis, l’Ontario et le Québec. La zone est devenue une véritable passoire et l’ambassade américaine d’Ottawa est allée jusqu’à accuser les douaniers canadiens d’avoir « peur des Mohawks »[2].

La violence à Montréal est donc une affaire de criminalité, de gangstérisme et de porosité de nos frontières, pas une question de réglementation des armes à feu. Dans une majorité écrasante, les citoyens honnêtes disposants des permis appropriés n’utilisent pas leurs armes pour régler leurs comptes dans la rue.

Le principe même de la criminalité est la transgression des lois, et celui qui est prêt à assassiner sera forcément prêt à risquer l’achat d’une arme au noir… surtout s’il en contrôle déjà le commerce.

Culture hip hop : normalisation mondiale du gangstérisme

Maintenant, il semble ironique qu’on soit aussi fervent à gauche dans cette idée de prohiber les armes à feu, considérant les liens de celle-ci avec des milieux culturels où elles sont omniprésentes. En effet, une autre « culture des armes à feu » que celle des conservateurs alimente fortement ces violences de rue : le hip hop et sa promotion incessante de la criminalité et du gangstérisme.

Depuis les années 90, la violence des gangs est effectivement célébrée dans les plus hautes sphères culturelles. Des Grammy’s à Hollywood, des plateformes de diffusions web à la radio, la culture hip hop est parvenue à normaliser sa violence et sa misogynie. Une sorte de culture du « badass » pousse à admirer le criminel, le pusher, le pimp, le gangster, etc.

– Ce qui est plutôt surprenant considérant l’ambiance de cancellation woke actuelle… On se demande bien qui osera ouvrir le panier de crabes qu’est devenu le hip hop pour cette mouvance militante… –

Il y a quelques semaines, la réalisatrice du film Rodéo se désolait que les rodéos urbains soient interdits. Elle affirmait : « La pratique est criminalisée à mort, parce qu’elle est illégale, qu’il y a eu des accidents mais surtout, les accidents sont souvent causés par les flics qui prennent en chasse […] ». Ce à quoi répond Céline Pina, dans un article : « L’éloge des rodéos urbains révèle la fascination d’une certaine gauche pour le voyou[…] Il y a dans cette façon de mythifier le voyou, dans l’attraction pour la violence et la mise en danger de soi-même et d’autrui, une jouissance de la destruction qui ne dit jamais son nom.»[3]. Cette normalisation de la violence aura d’ailleurs été observée une semaine plus tard, lors des troubles autour du Stade de France à Saint-Denis[4] à l’occasion de la finale de la Ligue des Champions…

En Angleterre, où on légifère les armes à l’extrême, le phénomène est tout de même présent avec un usage démesuré des armes blanches. Ce qui avait donné naissance au meme “Oi mate, Yu got a loicense for that knoife? », qui évoque le besoin toujours grandissant du gouvernement à légiférer au fur et à mesure que les gens se trouvent des alternatives en matière d’armes.

En bref, le type de violence auquel on assiste à Montréal n’est pas lié aux dispositions réglementaires sur les armes à feu. Il est identifiable et le résultat d’une culture qui fait une promotion décomplexée de la violence depuis des décennies. Elle n’a rien à voir avec le concept du droit citoyen de posséder une arme, qui est un concept politique tout à fait raisonnable et respecté par des citoyens honnêtes qui ne se tuent pas entre eux.


[1] Aubin, E. Gonthier, V. « 249 pistolets saisis : un conseiller financier lourdement armé arrêté », Journal de Montréal, https://www.journaldemontreal.com/2021/03/10/conseiller-financier-lourdement-arme

[2] Lester, N. « D’où viennent donc ces armes qui se retrouvent à Montréal ? », Journal de Montréal. https://www.journaldemontreal.com/2021/11/21/dou-viennent-donc-ces-armes-qui-se-retrouvent-a-montreal

[3] Pina, Céline. « L’éloge des rodéos urbains révèle la fascination d’une certaine gauche pour le voyou ». Le Figaro. https://www.lefigaro.fr/vox/culture/celine-pina-l-eloge-des-rodeos-urbains-revele-la-fascination-d-une-certaine-gauche-pour-le-voyou-20220526

[4] Chevrier, Guylain. « Violences au Stade de France : certains ne partagent plus les valeurs et les règles d’une société dans laquelle ils vivent ». Le Figaro. https://www.lefigaro.fr/vox/societe/violences-au-stade-de-france-certains-ne-partagent-plus-les-valeurs-et-les-regles-d-une-societe-dans-laquelle-ils-vivent-20220531

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