Dans le Journal de Montréal, paraît depuis quelques jours un dossier intéressant sur la crise que vit présentement le transport scolaire. Il faut dire que le transport par les célèbres autobus jaunes n’a jamais été une partie de plaisir, ni pour les élèves, ni pour les chauffeurs. Mais les témoignages font froid dans le dos. Est-ce un autre symptôme de l’ensauvagement d’une société où l’on ne prend plus ses responsabilités ?
Plusieurs articles dans le Journal couvrent les diverses facettes des problèmes posés par le transport scolaire : des élèves abuseurs, agresseurs sexuels, peuvent continuer de prendre l’autobus sans être punis, tandis que des chauffeurs s’en prennent parfois physiquement à des élèves. D’autres sont débarqués au milieu de nulle part, sans que personne ne soit tenu responsable.
On peut attribuer ces incivilités à divers facteurs : les écrans, les réseaux sociaux, qui amplifient l’intimidation que subissent certains élèves, mais aussi un ensauvagement de la société québécoise. Peut-on faire le lien entre l’immigration massive des dernières années et la hausse de la violence dans les transports scolaires ?
Il serait un peu précipité de l’affirmer, car l’origine n’est pas mentionnée. Mais il faut dire que, dans de nombreuses écoles de la grande région de Montréal, les établissements sont sous pression en raison de la quantité de nouveaux arrivants de ces dernières années, tout en nécessitant des services qui se font rares à l’école. Ajoutons à cela une attitude nonchalante des parents, indifférents aux actes de leurs enfants.
Enfants qui seront appuyés par leurs parents devant la direction, les chauffeurs ou les enseignants. Cela n’était pas le cas si l’on remonte même à une vingtaine d’années. Les parents, jusqu’à l’ère des écrans, appuyaient de façon quasi unanime les enseignants et punissaient leurs enfants si cela était nécessaire. Il s’est perdu une forte autorité sur les jeunes générations. Et il faut le dire, sur les adultes également.
Car il serait facile de blâmer seulement les enfants pour leurs mauvais coups. Les articles du Journal montrent que les CSS – centres de services scolaires, les anciennes commissions scolaires – ne prennent pas leurs responsabilités. Certains élèves ont plus d’une vingtaine de plaintes à leur dossier. Des chauffeurs ont peur de certains d’entre eux, qui vont même parfois jusqu’à agresser sexuellement des élèves plus vulnérables qu’eux, par exemple les handicapés.
Les directions d’école s’en lavent les mains. Pour plusieurs CSS, l’autorité de l’école s’arrête à la porte de l’autobus scolaire. Nous vivons dans une société où plus personne n’est responsable. Les gens font leur travail à peu près, sans trop se donner la peine.
D’ailleurs, pourquoi le feraient-ils ? Ils ne sont pas appuyés par les autorités, le gouvernement. Le gouvernement se fiche bien des conditions désastreuses auxquelles les élèves sont confrontés, mais aussi de la détresse psychologique des professionnels censés les aider. Trouver du personnel qualifié dans ce contexte relève de l’exploit.
Donc, qu’est-ce que l’on fait ? On lésine sur les exigences. Même si l’on sait qu’un tel fume de la drogue, en autant qu’il ne le fasse pas devant les enfants. Ou bien, même s’il a déjà eu des plaintes le concernant. Tant que ce n’est pas directement de nature sexuelle, les gens s’en préoccupent peu. On est bien capable de tout enterrer sous le tapis, comme on le fait trop souvent.
L’idée d’imposer le vouvoiement à l’école devra faire son chemin. Le ministre de l’Éducation l’a annoncé. Peut-être devrait-il aussi s’attaquer à la discipline pendant les transports entre l’école et la maison ? Et, à l’inverse, sanctionner les chauffeurs dangereux et incompétents ? Nous vivons une bien drôle d’époque, où on nous parle de diversité et d’inclusion, mais où la violence à l’orange mécanique devient banale.