Craig Lord, journaliste pour La Presse Canadienne, rapporte dans un article publié par CTV News le 18 mai 2025 que la décision du gouvernement Carney de supprimer le prix carbone sur les consommateurs en avril a eu un effet immédiat sur le taux d’inflation, le faisant chuter à un niveau que les économistes jugent proche de la cible de 2 % de la Banque du Canada.
Une décision politique aux effets économiques directs
Selon les données compilées par LSEG Data & Analytics et relayées par Craig Lord, les économistes s’attendaient à ce que l’inflation annuelle recule à 1,6 % en avril, contre 2,3 % en mars, un changement largement attribué à l’abolition du prix carbone à la pompe, une des premières décisions majeures du premier ministre Mark Carney après son entrée en fonction. Ce prix représentait environ 18 cents par litre d’essence pour les consommateurs.
La Banque du Canada estime que la disparition du prix carbone a contribué à une réduction directe de 0,7 point de pourcentage sur l’inflation globale du mois d’avril. L’effet devrait se poursuivre pendant un an, le temps que cette mesure cesse d’avoir un impact dans les comparaisons annuelles.
Des distorsions fiscales qui brouillent les données
Craig Lord cite également une note de Nathan Janzen et Abbey Xu, économistes à la RBC, soulignant que les données de l’inflation au Canada sont toujours influencées par des changements fiscaux récents, notamment la fin du congé de taxe fédérale sur certains biens, qui s’est terminée à la mi-février.
En parallèle, Tu Nguyen, économiste chez RSM Canada, explique que la baisse des prix mondiaux du pétrole en avril a aussi permis aux automobilistes de souffler. L’augmentation de la production par certains pays de l’OPEP, combinée à un ralentissement économique mondial, a fait chuter le prix du baril.
Nguyen souligne également un ralentissement de l’inflation dans le secteur du logement, en lien avec la stabilisation des loyers, ce qui contribue à maintenir le taux d’inflation général autour de la cible de la Banque du Canada.
L’effet incertain des tensions commerciales
Toutefois, le soulagement observé sur les coûts de transport pourrait ne pas se répercuter sur les chaînes d’approvisionnement, avertit Nguyen. En effet, avril a aussi marqué le premier mois complet du conflit commercial entre le Canada et les États-Unis, amorcé par des tarifs américains sur l’acier et l’aluminium canadiens, auxquels Ottawa a répondu par des contre-tarifs sur des milliards de dollars de biens américains.
Selon Nguyen, cette instabilité pousse certaines entreprises à réorienter leurs chaînes d’approvisionnement, ce qui pourrait annuler les gains réalisés grâce à la baisse des coûts du carburant. Elle anticipe des hausses de prix dans des secteurs précis comme les véhicules neufs et les pièces d’automobile, mais juge que ces effets ne seront pas encore suffisants pour influencer significativement l’indice global d’avril.
Aux États-Unis, les données sur l’inflation publiées récemment n’ont pas encore montré d’effets notables de la guerre tarifaire, un signe que l’impact demeure pour l’instant contenu.
Une Banque du Canada prudente, mais prête à agir
Après sept baisses consécutives, la Banque du Canada a choisi de maintenir son taux directeur en avril, attendant de voir plus clairement les répercussions économiques du bras de fer tarifaire.
Cependant, avec une économie qui donne des signes de ralentissement, plusieurs économistes anticipent une reprise des baisses de taux dès juin. Craig Lord rapporte que le taux de chômage a atteint 6,9 %, en raison notamment de pertes d’emplois dans les secteurs sensibles au commerce, comme la fabrication.
Marc Ercolao, économiste à la Banque TD, affirme que les données récentes « dessinent de plus en plus le portrait d’une économie canadienne en perte de vitesse ». Les marchés financiers évaluent désormais à plus de 64 % les probabilités d’une baisse de 0,25 point du taux directeur le 4 juin.
Pour sa part, Nguyen prévoit deux autres baisses de taux d’un quart de point d’ici la fin de l’année, sans pour autant que celles-ci soient consécutives. La Banque du Canada resterait sur une approche graduelle et prudente, suivant l’évolution de la situation commerciale et l’état du marché du travail.
Cet article s’appuie entièrement sur les informations rapportées par Craig Lord pour La Presse Canadienne, publiées sur CTV News le 18 mai 2025.