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Bloqueurs de puberté bannis au Royaume-Uni : le Québec devrait-il suivre son exemple?

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Vendredi dernier, la Haute Cour de justice britannique a rendu un jugement confirmant l’interdiction de prescrire des bloqueurs de puberté aux enfants trans. Cette loi avait été introduite par le dernier gouvernement conservateur, mais était depuis attaquée en justice par un groupe militant trans. C’est donc un jugement significatif que vient de faire la Haute Cour dans le débat qui entoure les traitements réservés aux enfants trans. Et l’un qui pousse à se demander si le Canada et le Québec devraient suivre le pas.

La décision de la Haute Cour survient peu de temps après une étude accablante de la respectée médecin et pédiatre Hilary Cass, dont les conclusions affirmaient qu’il n’y avait pas encore assez de preuves scientifiques pour supporter l’usage de bloqueurs d’hormones pour les moins de 18 ans.

À l’annonce de cette décision, Wes Streeting, le secrétaire d’État à la Santé actuel, qui est un travailliste – appartenant donc à la gauche de l’échiquier britannique – a salué le jugement, démontrant que l’enjeu surpasse les lignes partisanes. Il a ensuite expliqué que « les soins de santé aux enfants doivent être fondés sur des données probantes. L’étude de Cass a montré qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves que les bloqueurs de puberté étaient sûrs et efficaces pour les enfants souffrant de la dysphorie de genre et d’incongruité de genre. »

« Nous devons donc agir avec prudence et circonspection lorsqu’il s’agit de ce groupe vulnérable de jeunes. »

Ce changement de position sur la question ne semble pas exclusif au Royaume-Uni, d’ailleurs. En effet, de nombreux pays européens, de la France à la pourtant très progressiste Suède, semblent aussi aller dans cette direction plus conservatrice et en voie d’interdire ce type de traitement aux mineurs.

C’est qu’apparemment, ces changements ne seraient pas autant judiciarisés et politisés qu’aux États-Unis ou en Angleterre, et seraient parfois implantés de manière plus discrète et effective, soit par de simples consignes entre le gouvernement et le système de santé, soit carrément à l’interne et indépendamment du gouvernement. Une sorte de « révolution tranquille », en somme.

Selon Cianán Russell, responsable politique à l’ILGA-Europe, la branche européenne de l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexuels, « Il ne s’agit pas d’une bataille juridique en Europe » Au contraire « les gouvernements modifient les lignes directrices ou les instructions données aux différentes institutions, ou les institutions modifient elles-mêmes leurs politiques ».

Ainsi, en France, l’Académie Nationale de médecine a recommandé en février 2022 « la plus grande prudence » à l’égard des bloqueurs de puberté en raison des effets secondaires graves tels que « son impact sur la croissance, l’affaiblissement des os et le risque d’infertilité ».

En Suède, la Direction nationale de la Santé et des Affaires sociales a déclaré que les traitements hormonaux devaient seulement être fournis dans un contexte de recherche, dans des cas exceptionnels, et que « les risques des traitements de suppression de la puberté et des traitements hormonaux d’affirmation du genre l’emportent actuellement sur les avantages possibles ».

En Norvège, le Comité d’enquête sur les Soins de santé a recommandé que les traitements hormonaux soient qualifiés « d’expérimentaux », et donc limités à des conditions extrêmement strictes. La Finlande, pour sa part, suit « l’approche danoise », qui ne permet l’usage de bloqueurs seulement après 16 ans et au terme d’un rigoureux suivi médical et psychologique.

Ainsi, on voit que l’approche européenne est plutôt impulsée par les médecins, les scientifiques et les organismes de santé eux-mêmes. Et le resserrement des exigences ne semble pas se heurter à autant de polémiques.

Pour ce qui est de notre côté de l’Atlantique, nous savons bien à quel point le sujet est controversé. Aux États-Unis, particulièrement, mais le Canada n’est pas en reste. C’est un débat jugé très « toxique » et il est pratiquement tabou de simplement émettre des questionnements. Même nos partis politiques conservateurs hésitent encore beaucoup à s’y mouiller, préférant se limiter à défendre les droits parentaux, c’est-à-dire le choix pour les parents de dire non au traitement. Mais on est encore loin d’un bannissement législatif des traitements en tant que tel.

Du côté libéral, le support pour ce genre de traitement est assez clair. Lorsque Danielle Smith a déclaré son intention de bannir les bloqueurs hormonaux pour les moins de 15 ans, Justin Trudeau a lié l’initiative à l’extrême droite, affirmant : « Il est révélateur que la semaine après avoir accueilli le conservateur américain d’extrême droite Tucker Carlson dans sa province [et s’être assise] avec lui sur scène, Danielle Smith ait maintenant mis de l’avant les politiques les plus anti-lesbienne, gai, bisexuel, transgenreLGBT de tout le pays« .

Mais désormais que les milieux académiques, médicaux et politiques d’Europe se font sévères contre ce genre de traitements, la position de Justin Trudeau deviendra de plus en plus marginale. Et la question se pose donc s’il faudrait que le Québec et le Canada bannissent eux-aussi cette pratique qui, clairement, ne fait pas consensus dans la communauté scientifique.

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