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Cabinet Carney : la parité comme signal de vertu

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Le nouveau cabinet du premier ministre Mark Carney a été officiellement dévoilé et assermenté le mardi 13 mai 2025 lors d’une cérémonie à Rideau Hall. Le cabinet comprend 28 ministres, dont 14 femmes et 14 hommes, respectant l’engagement pour la parité hommes-femmes, une norme établie par Justin Trudeau en 2015. En incluant les 10 secrétaires d’État, le Conseil des ministres compte 38 membres, dont 20 hommes et 18 femmes. (Au Canada, un secrétaire d’État est un ministre junior qui aide un ministre principal sur un dossier précis, par exemple: les Sports ou la Petite entreprise).

Cette insistance à maintenir la parité hommes-femmes confirme que le progressisme fait partie intégrante de l’ADN du Parti libéral. Ce qui compte avant tout, c’est d’envoyer un signal de vertu. Peu importent les parcours, les compétences ou les idées : l’essentiel est de mettre en scène une représentation équilibrée entre les sexes. L’initiative s’adresse à la sensibilité d’une population acquise aux codes du progressisme, et laissera une impression favorable chez ceux qui suivent la politique de loin. Dans le logiciel idéologique dominant, la parité est devenue le modus operandi du camp du bien, voire son passage obligé.

Au moment d’écrire ces lignes, le site d’Élections Canada fait état de 169 élus pour le Parti Libéral, dont 67 sont des femmes. En raison de recomptages en cours, il est plausible que le nombre de femmes élues final soit de 68. Quoi qu’il en soit, le pourcentage des femmes élues sous la bannière Libérale se situe à 40%. Le Parti libéral du Canada avait présenté 123 candidates sur l’ensemble des 343 circonscriptions (ce qui représente environ 36%).

En psychologie des différences entre les sexes, il est bien établi qu’en termes de pourcentages, les femmes sont moins nombreuses que les hommes à être attirées par des environnements hautement compétitifs et axés sur le pouvoir, comme la politique. Statistiquement, elles privilégient davantage des domaines liés au soin, à la stabilité ou aux relations humaines. La proportion de femmes qui seraient tentées par une carrière politique est simplement plus faible. Il s’agit d’une tendance mesurable, non d’un jugement moral. On ne parle pas de la compétence des femmes qui se lancent en politique, mais de leur proportion.

Une étude publiée dans l’American Political Science Review en 2013 (basée sur un échantillon de 4280 étudiants des niveaux secondaires et universitaires âgés entre 13 et 25 ans) a révélé un écart significatif entre les sexes en matière d’ambition politique. Les auteurs ont constaté que les jeunes femmes étaient moins susceptibles que les jeunes hommes d’envisager une carrière politique, et ce, avant même d’entrer dans les professions qui servent de tremplin vers la politique. La sous-représentation des femmes en politique ne résulte pas d’obstacles externes ou de discriminations, mais reflète des différences d’intérêts et de préférences, observables dès l’adolescence.

Viser obstinément une parité 50-50 parmi le cabinet, alors même que le bassin des élus est déjà déséquilibré dans une proportion de 60-40, revient à poursuivre un objectif artificiel qui nécessite une forme de discrimination positive inutile et potentiellement contre-productive.

Bien sûr, il est possible que 14 des 28 personnes les mieux qualifiées pour composer le cabinet (parmi le lot de 169 élus) soient des femmes, mais c’est statistiquement peu probable. Si les compétences étaient également réparties entre les sexes au sein du caucus, un cabinet proportionnel compterait plutôt 11 femmes et 17 hommes. Il n’est cependant pas question de réclamer que la composition du cabinet soit calquée sur la répartition hommes-femmes du caucus, mais de veiller à ce qu’aucune discrimination positive ne l’emporte sur le mérite et la compétence. 

La discrimination positive fondée sur le sexe est celle qui rencontre le plus large assentiment social. Mais une fois ce principe accepté, le progressisme suit une pente glissante déjà bien entamée, susceptible d’étendre cette logique aux critères d’origine ethnique, d’orientation sexuelle ou d’identité de genre.

Outre la parité hommes-femmes, neuf nominations — incluant des ministres d’origine pakistanaise, tamoule, punjabi, philippine, libanaise, haïtienne, autochtone et métisse — illustrent la volonté du gouvernement à refléter la diversité ethnique et culturelle du Canada au sein de son Cabinet. Selon les données du recensement de 2021, 16% de la population canadienne (tout au plus) serait représentée par les communautés ci-haut mentionnées réunies. Ensemble, ces neuf ministres comptent pour 32% du cabinet. Simple observation: on n’imaginerait difficilement les Canadiens anglais et français de souche être surreprésentés dans de mêmes proportions. Dans ce sens-là, on y verrait probablement un signe de repli sur soi. Le parti Libéral est fier de diriger un État « post-national » et atomisé.

Voilà pour la forme. Mais le cabinet de Mark Carney marque aussi une continuité notable avec les administrations Trudeau sur le fond, en reconduisant un contingent d’une quinzaine d’anciens ministres et secrétaires d’État issus des gouvernements précédents. Parmi ceux-ci: Chrystia Freeland, qui devient ministre des Transports et du Commerce intérieur; François-Philippe Champagne, nommé ministre des Finances et du Revenu national; Anita Anand devient ministre des Affaires Étrangères; Dominic LeBlanc devient ministre du Commerce international et des Affaires intergouvernementales; Sean Fraser passe de l’Immigration à la Justice; Steven Guilbeault devient Ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes; et Mélanie Joly, cerise sur le sundae, devient ministre de l’Industrie. Reconduire Mélanie Joly, figure emblématique des « limites » des années Trudeau, n’est-ce pas un pied de nez symbolique à ceux qui espéraient naïvement un changement?

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