Pour certains, c’était l’une des plus belles et impressionnantes cérémonies d’ouverture pour les jeux olympiques, et pour d’autres, c’était un « shit show » woke, satanique et militant pour nous enfoncer la diversité queer dans le crâne. Je vous dirais que personnellement, je suis plutôt entre les deux. On parle quand même d’une cérémonie de près de 4h, et beaucoup des séquences choquantes qui sont virales en ce moment n’ont duré que quelques minutes au total et éclipsent les beaux moments… en même temps, on ne peut non plus les ignorer simplement parce que la prestation de Céline était sensationnelle.
L’universalisme est mort ; vive l’inclusivité?
D’entrée de jeu, Céline Galipeau, dans sa couverture pour Radio-Canada, affirmait que l’intention du metteur en scène Thomas Jolly en organisant cette cérémonie d’ouverture était de montrer un « Paris inclusif, un Paris universel » (Une interview qu’il a donné au journal Le Monde confirme d’ailleurs qu’il assume complètement la dimension politique de son spectacle). Vous direz que j’accroche sur des subtilités un peu intellos, mais cette déclaration m’a instantanément fait grincer des dents et, bien franchement, m’a rendu triste. Parce qu’il est vrai que Paris, capitale du « Pays des Lumières », fut probablement l’épicentre de la pensée universaliste – et ça devrait remplir de fierté n’importe quel moderne. Mais cette manière de confondre inclusivité et universalisme témoigne de la perdition idéologique dans laquelle on se retrouve aujourd’hui : contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les principes intersectionnels « d’inclusivité » sont le parfait opposé de l’universalisme.
L’universalisme, c’est être aveugle aux couleurs et rechercher ce qui est commun à tous les êtres humains sur terre : on tente d’accéder à des réalités universelles, qui sont au-delà des différences culturelles… alors que l’inclusivité woke telle qu’on la connaît aujourd’hui est obsédée par les différences et voit tout dans un prisme racial, sexuel ou militant. Les woke sont les premiers à dire que la modernité occidentale, qui était universaliste, « homogénéise » la société et tue la diversité. Ainsi, « L’inclusivité », dans sa forme actuelle, c’est la mort de l’universalisme et de la modernité politique. C’est la mort de la pensée des Lumières… Alors voir Paris et le Pays des Lumières la célébrer comme une part d’elle-même a quelque chose de profondément triste. C’est signe que même en ce lieu de culture avancée, le cancer du wokisme à l’américaine est en train de tout emporter.
Grossièreté et provocations directes
Je sais que je vais en choquer plus d’un au sujet de Gojira, qui a été largement salué par les gens, et particulièrement la communauté metal, mais j’ai trouvé cette prestation d’une grossièreté sans bornes. Écoutez, je comprends que la tête coupée de Marie-Antoinette fait partie du folklore français, et que l’attitude générale a toujours été à la raillerie… mais il y a quand même une différence, dans un évènement officiel comme ça, entre commémorer ce moment sanglant de l’histoire et carrément le célébrer comme des ados pris d’un coup de provoc. D’autant plus que le sujet de la violence politique était sur toutes les lèvres récemment. Mais montrer aussi graphiquement une reine tenant sa tête coupée serait apparemment rigolo… Va savoir.
Et puis, on se demande bien ce que la famille de Samuel Paty ou de tout autres victimes de ces violences politiques barbares ont pu penser en voyant ça… La France et les islamistes, au bout du compte, c’est du pareil au même? La décapitation : que du plaisir et de la rigolade.
Un autre moment qui m’a particulièrement dégoûté, c’est cette séquence où, pour célébrer l’amour, on voyait trois individus queer maquillés comme de vrais clowns qui, après avoir montré quelques œuvres littéraires célèbres dans une bibliothèque, décident de la saccager en lançant des pages partout et de courir vers chez eux pour avoir un « trip à trois ». Je n’ai absolument aucun problème avec ce que font les gens au lit : ça les regarde. Mais cette tentative militante de normaliser le polyamour – un modèle qui n’est pas viable et seulement promu par des individus dégénérés et dans un profond déni – est extrêmement lassante. Et encore une fois, cette espèce de petite attitude provocatrice, « kinky » et extrêmement sexualisée ne devrait pas avoir sa place dans des évènements grand public.
Paris est certainement la capitale de la romance… pour le polyamour, essayez San-Francisco, Seattle ou quelque chose du style…
Mais plus l’évènement avançait dans le temps, plus la provocation était explicite. Pour être honnête, je n’ai jamais réellement eu de problème avec Aya Nakamura, mais je comprenais les débats autour de sa participation, puisque sa musique représente plutôt l’africanisation de la France que la France elle-même. Mais la musique pop n’a jamais été quelque chose de très intellectuel et on ne s’est jamais empêché d’inviter des artistes lors d’évènement. Nakamura étant très populaire, je n’y étais pas à priori opposé. Mais organiser son numéro avec la Garde républicaine était une provocation évidente contre ces critiques… qui dépassait à mon avis les bornes. Encore une fois, j’ai trouvé ce numéro extrêmement grossier : on instrumentalisait la Garde républicaine pour sauver l’image d’une artiste pop qui chante un argot de cité indigeste et on envoyait promener près de la moitié de la population française. Clairement, la république ne va pas bien. C’était une célébration de vulgarité et de mépris pour les traditions militaires et républicaines françaises.
Il faudra bien un jour que les artistes réalisent que ce concept de mélanger traditionnel et contemporain est dépassé, usé, et n’a plus rien de révolutionnaire ou d’intelligent en 2024. Au contraire, c’est juste rendu irritant et on voit bien que c’est simplement une volontée de ridiculiser et de se moquer des traditions.
Vint évidemment la séquence partagée par tous: la reproduction woke de la Dernière Cène lors d’un défilé de mode, interprétée par une brochette des pires énergumènes drags et dégénérés, qui pourraient être sortis tout droit du film Zoolander. C’est ce qui a choqué le plus les gens, parce que la provocation envers les chrétiens est flagrante. Il est loin le temps – près de 1000 ans d’histoire – où la France était qualifiée de « Fille aînée de l’Église catholique »… Cet acharnement est certainement lassant.
Cela dit, pour toute cette séquence, j’ajouterais ce bémol : le thème, c’était celui de la mode. Paris est une capitale de la mode, et on sait très bien que ce milieu est particulièrement queer. Comprenez-moi bien, je suis tout autant lassé par ce placardage mur à mur de drags queen dans tout ce qu’il y a de culturel, mais dans un sens, je me suis dit qu’un catwalk était probablement le meilleur contexte dans lequel montrer ce genre d’individus.
Pour ce qui est de la performance de Philippe Katerine, déguisé en sorte de Dionysos bleu pratiquement nu, encore une fois, les images ont été largement relayées, et l’intention de normaliser les comportements dégénérés est flagrante de la part de l’organisation… mais je n’ai pas été aussi choqué que d’autres. Je veux dire : on parle de Philippe Katerine ici.
La première fois que j’ai vu un clip du chanteur, étant jeune, il était déguisé en Reine d’Angleterre et chantait « Bonjour, je suis la Reine d’Angleterre et je vous chie à la raie ». Et que dire de sa chanson « je vous emmerde », où il chante « Je suis une merde et je vous emmerde »… Dans le contexte actuel, sa prestation fait instantanément penser au wokisme, mais Philippe Katerine a TOUJOURS fait dans la provoc, même avant les folies wokes. Il faut donc éviter de tout voir dans le prisme un peu déformant de cette « panique morale », elle-aussi plutôt anglo-saxonne.
Sous la provoc, la grandeur française
Ce qui est surtout dommage de ces provocations immatures dans un pays politiquement divisé comme la France d’aujourd’hui, c’est probablement que ça a fait ombrage à l’immense quantité de références historiques et culturelles habilement présentées tout au long de la cérémonie. Car oui, elles étaient là, il suffisait de porter attention.
D’abord, je noterais la trame sonore, qui était sensationnelle et nous faisait passer de Piaf, Gainsbourg, France Gall ou Rita Mitsuko aux classiques de Maurice Ravel, Georges Bizet en passant par l’électro moderne de Stardust ou David Ghetta. Certainement, il y a eu quelques productions anglaises qui n’avaient peut-être pas leur place, mais au total, j’ai trouvé qu’il y avait une réelle célébration de la musique française.
Évidemment, le point culminant du spectacle, Céline Dion chantant l’Hymne à l’amour d’Édith Piaf du premier étage de la tour Eiffel, était absoluement sublime et, pour beaucoup, a carrément excusé les folies wokes précédentes. En tant que Québécois, il est certain que c’était un grand honneur de voir l’une des nôtres être reçue de la sorte et, dans un sens, ça nous rappelait notre lien historique avec la France.
Petite observation, cependant : je sais bien que la chanson « Imagine » de John Lennon est le bien incarné et on veut toujours la mettre à toutes les sauces… mais je ne pouvais m’empêcher de noter l’ironie dans ce contexte. Chanter « Imagine there’s no countries » (Imagine qu’il n’y aurait pas de pays) alors que tous les pays du monde défilent avec leur drapeau avant de s’affronter dans des compétitions sportives est quand même ridicule. C’est simple, s’il n’y avait pas de pays, il n’y aurait pas d’Olympiques…
Mais surtout, tout au long de la cérémonie, alors qu’on présentait – parfois subtilement – toutes les inventions qui ont la France pour origine et toutes les œuvres sur son territoire, je ne pouvais m’empêcher de me dire « Diantre! Y-a-t-il une chose que la France n’a pas inventé ou rendu célèbre? » Pour un public international ça devait être très impressionnant. Cinéma, Montgolfière, les œuvres du Louvres, l’idéal révolutionnaire, le french cancan, Louis-Vuitton, etc.
Outrage justifié ou panique morale?
Ceux qui me lisent savent que je suis le premier à déplorer la monopolisation des sphères culturelles par le wokisme et à critiquer l’establishment moralisateur qui, malgré tout, fait la promotion des vices et des déviances. Je suis tout à fait d’accord qu’il s’agit d’une tentative d’ingénierie sociale, et j’irais même jusqu’à dire qu’il est vrai que le sphères culturelles adorent les symboliques sataniques. Cela dit, je pense qu’il faut faire attention à ne pas devenir aussi réactif et émotifs que ne le sont ces militants woke.
À regarder les réactions sur les réseaux sociaux, je remarque qu’elles sont de plus en plus enlignées avec des analyses anglo-saxonnes (l’obsession du satanisme, par exemple, vient clairement des États-Unis). De la sorte, non seulement on importe le wokisme des américains, mais en plus, on importe leur frilosité puritaine!
Je ne dis pas ça pour excuser les provocations décomplexées de ce spectacle, mais il est quand même nécessaire de noter cette réalité incontournable : depuis au moins la Guerre de Cent-Ans et probablement même avant, les Anglais considèrent les Français comme « décadents », « dégénérés » et trop libertaires. Que ce soit, à l’époque, les perruques poudrées, les collants et le maquillage efféminé de la cour et de la noblesse en opposition au style plus sobre des aristocrates britanniques, ou plus tard, le penchant vulgaire et radical de la révolution, ou bien les nuits de vices avec les prostitués de Montmartre et le French cancan du Moulin Rouge : cet outrage proprement puritain a toujours existé de l’autre côté de la Manche et les Français, au contraire, célébraient cette liberté décomplexée.
Évidemment, ce penchant libertaire, comme je l’ai expliqué au début de cet article, venait des intellectuels des Lumières, de l’Universalisme, et non pas des théories fascisantes de l’inclusivité communautariste d’aujourd’hui. Les wokes ne viennent pas de la liberté à la française, mais des universités américaines de la côte ouest… MAIS il ne faudrait pas pour autant en venir à devenir les perroquets de l’outrage moral anglo-saxon.
Un exemple de cela : quand un américain partage la photo de Philippe Katerine, tout ce qu’il voit, c’est de la « propagande woke », or, comme je vous l’ai expliqué, si on connait le personnage, ça fait un peu plus de sens. Mais des Québécois et Français partagent quand même ces publications américaines comme s’ils étaient aussi distants de la culture française et ignorants de ses personnalités. Ils imitent la réaction de calvinistes qui rougissent à la vue d’une cheville…
Bref, je ne dis pas qu’il ne faut pas critiquer ces assauts wokes sur la culture, mais simplement, essayez de ne pas oublier votre francité au passage et gardez en tête que la liberté française a toujours eu sont lot de débordements.