Depuis déjà de nombreuses années, des politologues de partout ont questionné la technocratie de nos sociétés mondialisées et avancé qu’elles pouvaient créer un déficit démocratique. En d’autres termes, les démocraties occidentales ont tellement multiplié les ONG, les administrations publiques, les législations et les chartes et ont tellement professionnalisé de domaines qui étaient autrefois strictement politiques qu’on se retrouve maintenant avec des gouvernements au pouvoir nettement réduit sur leur propre territoire. Au lieu d’écouter leurs populations, les gouvernements délèguent la gestion de leurs pays à des technocrates (le cas de Mckinsey le démontre bien).
La saga du chemin Roxham est probablement le cas le plus éloquent de ce phénomène : le Canada n’ose même plus appliquer ses lois à ses frontières, qui constituent tout de même une des prérogatives les plus basiques d’un État-Nation.
Voilà des années que la faille dans notre intégrité territoriale cause problème et stimule la controverse, or nous sommes toujours là, en 2023, à tourner en rond.
Quand un politicien comme Legault veut agir, il doit se rapporter au fédéral, puisque ce n’est pas son champ de compétence. Quand le fédéral se prononce, il nous affirme que les « experts » en immigration affirment que ça causerait plus de problème, que les migrants ne passeraient qu’ailleurs, etc. Et si on ose affirmer que les migrants ne sont pas notre responsabilité, qu’un État devrait se concentrer sur ses citoyens avant toute chose, on nous rabat les oreilles avec le droit des réfugiés inclus dans des chartes internationales.
Bref, quand bien même que la population québécoise soit majoritairement en faveur de fermer le chemin Roxham, le fédéral, ses experts, l’administration publique et les chartes internationales nous empêchent complètement d’appliquer une décision politique.
Nous sommes devenus des sociétés complètement paralysées et subjuguées par la peur de paraître insensible. Et ce n’est pas le seul dossier où c’est le cas.
Il est donc affligeant de voir les élites politiques se renvoyer la balle au sujet de ce point de passage irrégulier (entendez ici illégal), tel un véritable téléroman, sans qu’aucune action ne soit jamais entreprise.
D’autant plus ridicule considérant que nous sortons de 3 ans de pandémie et que nous étions bel et bien capables de rendre notre frontière étanche à ce moment-là ; l’argument qu’une fuite se créerait ailleurs est ainsi bien ténu…
Tout comme l’argument de base qui affirme que c’est notre devoir d’accueillir des réfugiés qui, selon la définition, seraient en danger dans leur pays. Ça ne prend pas un BAC en géographie pour réaliser que nous ne partageons aucune frontière avec un pays de ce type. S’ils sont déjà aux États-Unis, ils sont déjà « en sécurité » par rapport à leur pays d’origine et n’ont en aucun cas besoin de poursuivre leur route au nord. Dans le cas échéant, ces soi-disant réfugiés ne sont que des migrants économiques qui magasinent les meilleurs avantages sociaux.
C’est d’ailleurs tout le point autour de l’entente entre le Canada et les États-Unis sur les pays tiers sûrs, qui exige que les migrants fassent une demande d’asile dans le premier pays dans lequel ils arrivent, et qui n’est manifestement pas respecté.
Trudeau a donc raison de vouloir moderniser cette entente, or son inefficacité devrait le convaincre que cette solution est tout aussi simpliste, voire plus, que celle de Poilievre qu’il a qualifié de la sorte.
Ultimement, il en revient au premier ministre de prendre ses responsabilités et d’assurer l’intégrité territoriale de son pays, au risque, même, de froisser nos voisins américains ou les moralisateurs mondialisés. Poilievre a complètement raison lorsqu’il affirme : « Si nous sommes un vrai pays, nous avons des frontières. Et si c’est un vrai premier ministre, il est responsable de ces frontières ».
À quand, donc, des politiciens qui agissent au lieu de s’écouter argumenter pendant des décennies ? La volonté du Québec, incarnée par Legault dans ses récentes sorties et ses appels au Canada anglais à agir, est tout à fait clair. Outre la question de principe qui fait en sorte qu’un pays ne devrait accepter sur son territoire que ceux qui commencent par respecter ses lois à ses frontières, la situation linguistique du Québec justifie amplement une politique plus affirmée et plus proactive dans le domaine.