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Chris Selley : L’aide sociale corporative du Canada à Volkswagen est une insulte à notre intelligence

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Traduit de l’anglais. Article de Chris Selley publié le 17 mars 2023 sur le site du National Post.

La nouvelle usine de batteries de Volkswagen en Ontario est la pire forme d’aide sociale. Probablement. Jusqu’à présent, nous n’avons même pas le droit de savoir ce qu’elle nous a coûté

C’est un fait malheureux de la politique canadienne – de la politique partout ailleurs, en fait – que si personne n’est prêt à défendre les aides aux entreprises par principe, tous les gouvernements, quel que soit leur parti, les distribuent malgré tout. Le principe du « pay to play » est presque universellement accepté : Puisque tous les pays subventionnent leurs secteurs automobile, aérospatial et (insérer l’industrie ici), le Canada doit en faire autant s’il souhaite conserver ses secteurs automobile, aérospatial et (insérer l’industrie ici), ainsi que tous les emplois et la prospérité de la classe moyenne qui en découlent.

La nouvelle usine de batteries pour véhicules électriques de Volkswagen à St. Thomas, en Ontario, annoncée cette semaine en grande pompe, est un classique absolu du genre.

Comme à l’accoutumée, un groupe hétéroclite d’experts et d’économistes jette l’opprobre et pose des questions sans réponse : Et si nous n’avions pas besoin d’une industrie automobile ou aérospatiale (ou de batteries pour véhicules électriques) ? Si vous parcourez la liste des nations les plus prospères du monde, vous remarquerez que la plupart d’entre elles s’en passent. Les Canadiens sont certainement suffisamment éduqués, entreprenants et débrouillards – et raisonnablement soutenus par notre filet de sécurité socio-économique – pour trouver et créer d’autres opportunités. N’est-ce pas ? Aussi tristes qu’elles soient, les histoires de la ceinture de rouille du Canada ne sont rien comparées à ce qui se passe juste de l’autre côté de la frontière.

Et puis il y a les coûts d’opportunité : Que pourrions-nous faire d’autre avec cet argent ? Tim Bousquet, du Halifax Examiner, a noté cette semaine qu’une nouvelle subvention importante pour l’usine Michelin de Bridgewater, en Nouvelle-Écosse – 106 millions de dollars, répartis entre les gouvernements provincial et fédéral – revient à quelque chose comme 1,4 million de dollars par emploi ! Il est certain qu’un certain montant par emploi est trop élevé. C’est vrai ?

L’annonce de V-dub est cependant particulière, dans la mesure où nous ne pouvons même pas dire s’il s’agit d’un triomphe ou d’une escroquerie.

De nombreux Canadiens auront vu l’interview du ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne avec Vassy Kapelos de CTV, au cours de laquelle M. Champagne a évité de répondre aux questions les plus élémentaires que l’on puisse imaginer : Combien cela coûte-t-il aux contribuables, et combien d’emplois les contribuables achètent-ils grâce à cela ? « Le Canada devait faire partie de l’équation, mais je ne vais pas entrer dans les détails », a déclaré M. Champagne.

Le Premier ministre Justin Trudeau nous a tranquillement rassurés en nous disant que ces détails insignifiants finiraient par être révélés.

D’ici là, nous sommes censés nous réjouir d’avoir dépensé une somme d’argent inconnue – au moins 10 milliards de dollars, selon les négociations de Volkswagen avec l’Union européenne – pour une quantité inconnue d’un produit inconnu. Woo !

« Le Canada offre des conditions idéales, notamment l’approvisionnement local en matières premières et un large accès à de l’électricité propre », se réjouit le communiqué de presse de Volkswagen. Mais tout le Canada n’est pas aussi bien loti. Le Québec, par exemple, qui avait également participé à l’appel d’offres, a déterminé qu’il n’avait tout simplement pas assez d’électricité pour répondre aux besoins de l’usine. Dans la région de London, en Ontario (dont St. Thomas fait partie), plusieurs responsables se sont exprimés comme si Dieu lui-même avait placé les mines de cobalt et de nickel, les voies de transport et la main-d’œuvre exactement là où elles devaient être pour faire de cette région l’idéal platonique de l’emplacement d’une usine de batteries.

Nous devons donc débourser quelque chose comme 10 milliards de dollars ou plus… pourquoi ? On peut supposer que VW aura de toute façon besoin de cobalt et de nickel. Et si une autre juridiction doit subventionner la production des batteries que nous utiliserons tous dans nos futurs véhicules électriques, pourquoi ne pas la laisser faire ?

[…]

Il est certain que la région de London a subi de plein fouet l’énorme déclin de l’industrie manufacturière de l’Ontario. Selon un rapport publié en 2021 par Mike Moffatt, économiste à l’Université d’Ottawa, London et la ville voisine de Norfolk, en Ontario, ont connu les plus fortes baisses des taux d’emploi entre 2003 et 2018 dans l’ensemble du pays. Après Windsor, London a également connu la croissance la plus lente de la rémunération hebdomadaire au cours de cette période.

Plus récemment, cependant, London n’a pas fait exception à la règle nationale du « trop d’emplois, pas assez de travailleurs ».

« Nous n’arrivons pas à pourvoir les postes. Je n’ai jamais vu une situation aussi grave », a déclaré l’an dernier au London Free Press le responsable des ressources humaines d’un fabricant local de transmissions. « Nous avons besoin d’opérateurs de presse, d’opérateurs de machines à commande numérique et cela fait deux ans que nous n’avons plus d’outilleur. Le marché est tellement tendu que les entreprises se débauchent chez les autres », a observé le propriétaire d’une agence locale pour l’emploi.

L’aide sociale aux entreprises est plus facile à vendre lorsqu’une juridiction n’a pas de chance, lorsque les employés et les autres résidents sont terrifiés par l’avenir. Elle est moins convaincante lorsqu’une juridiction tente de créer une industrie à partir de rien, ou qu’elle est déjà en train de se redresser et de se transformer après une récession. Si Volkswagen va principalement embaucher des personnes qui avaient de bons emplois au départ, alors que faisons-nous ?

Ces questions reçoivent rarement des réponses acceptables. La plupart des Canadiens ne semblent d’ailleurs pas intéressés par ces questions. Si l’opacité insultante de l’annonce de Volkswagen ne fait pas bouger les choses, il est probable que rien ne le fera jamais.

Pour lire l’article dans sa forme originale

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