Traduit de l’anglais. Article de Lorrie Goldstein publié le 4 mai 2024 sur le site du Toronto Sun.
L’évaluation de l’efficacité du plan de lutte contre le changement climatique du Premier ministre Justin Trudeau, doté de 200 milliards de dollars et comprenant plus de 100 programmes gouvernementaux, se heurte à un problème majeur : le gouvernement ne cesse de modifier rétroactivement les données historiques relatives aux émissions industrielles annuelles de gaz à effet de serre du Canada.
L’objectif du plan de Justin Trudeau étant de réduire les émissions, ces données sont essentielles pour déterminer si les contribuables en ont pour leur argent.
Le gouvernement affirme que la modification rétroactive de l’historique des émissions du Canada chaque année est due à l’amélioration des méthodes de mesure, tant passées que présentes.
Mais cela a pour effet de déplacer constamment le poteau d’affichage en ce qui concerne les objectifs climatiques du gouvernement.
Il est donc difficile de comparer les données sur les émissions d’une année à l’autre, car une nouvelle série de chiffres remontant à plusieurs décennies remplace celle de l’année précédente.
À titre d’exemple, le gouvernement Trudeau a déclaré la semaine dernière que les émissions du Canada en 2022 s’élevaient à 708 millions de tonnes (les émissions sont déclarées deux ans après les faits), contre 698 millions de tonnes en 2021 et 686 millions de tonnes en 2020.
Mais dans le même rapport de l’année dernière, le gouvernement a déclaré que les émissions en 2021 étaient de 670 millions de tonnes (et non 698 millions), en hausse par rapport à 659 millions de tonnes en 2020 (et non 686 millions).
Cette modification rétroactive des niveaux d’émission annuels s’applique également aux décennies précédentes et est particulièrement importante pour l’année 2005, sur laquelle le gouvernement fonde son objectif de réduire les émissions d’au moins 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici à 2030.
Le rapport de cette année indique que les émissions en 2005 étaient de 761 millions de tonnes. L’année dernière, il indiquait qu’elles étaient de 732 millions de tonnes.
Sur la base du rapport de cette année, l’objectif de M. Trudeau pour 2030 est de 457 millions de tonnes d’émissions (60 % de 761 millions de tonnes), ce qui est nettement moins strict que l’objectif de 439 millions de tonnes (60 % de 732 millions de tonnes) fixé pour 2030 l’année dernière.
Le rapport de cette année indique qu’entre 2005 et 2022, les émissions du Canada ont diminué de 7,1 %.
Le rapport de l’année dernière indiquait qu’entre 2005 et 2021, les émissions du Canada avaient diminué de 8,4 %.
Si l’on se base sur l’une ou l’autre des données des deux dernières années, cela signifie que le gouvernement s’éloigne de son objectif pour 2030, et non qu’il s’en rapproche.
Le ministre de l’environnement, Steven Guilbeault, a commenté le rapport de cette année en ces termes : « Le travail acharné des Canadiens porte ses fruits : Le rapport d’inventaire national 2024 du Canada confirme que nous avons infléchi la courbe et que les émissions restent sur une trajectoire descendante à long terme, tandis que nous développons une économie propre, durable et forte. Ensemble, nous réalisons des progrès constants, et il est impératif que nous continuions sur notre lancée ».
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M. Guilbeault a également indiqué que les émissions du Canada sont les plus faibles depuis un quart de siècle, si l’on exclut les années pandémiques de 2020 et 2021.
C’est une façon étrange de dire ce qui s’est réellement passé, à savoir que la seule baisse importante des émissions du Canada depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Trudeau en 2015 s’est produite en raison de la récession mondiale causée par la pandémie qui a débuté en 2020.
C’est cela qui a « infléchi la courbe », et non le plan de lutte contre le changement climatique de M. Trudeau.
Les émissions diminuent pendant les récessions parce que l’activité économique utilisant des combustibles fossiles est moins importante.
Au cours de l’ère moderne, les émissions n’ont chuté de façon spectaculaire que deux fois au Canada : pendant la récession due à la pandémie et pendant la récession mondiale de 2008-2009 déclenchée par le scandale des dérivés des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis.
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