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Combien d’immigrants le Canada devrait-il admettre ? Pour des économistes, il n’y a pas de lien entre prospérité et immigration massive

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Traduit de l’anglais. Article de Ian McGugan publié le 5 juin 2023 sur le site du Globe and Mail.

Les économistes posent cette question avec de plus en plus d’insistance, et ce pour de bonnes raisons. La population du Canada a augmenté de plus d’un million de personnes l’année dernière. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle de l’histoire du pays, presque entièrement due à l’immigration.

La montée en flèche du nombre de nouveaux Canadiens accroît la pression sur un marché du logement déjà très tendu. Les gens se démènent « pour trouver un endroit où vivre dans un marché où l’offre de logements est inexistante », prévient la Banque de Nouvelle-Écosse. Les prix des logements augmentent, tandis que le taux d’inoccupation des logements locatifs est à son plus bas niveau depuis une génération, selon la Banque nationale du Canada.

Pour l’instant, le gouvernement libéral d’Ottawa s’en tient à la politique agressive en faveur de l’immigration qu’il a introduite après son élection en 2015. Il vise près d’un demi-million d’immigrants par an, soit environ le double des 261 000 personnes admises annuellement par le Canada entre 2010 et 2014.

Toutefois, un nombre croissant de critiques remettent en question la logique qui sous-tend les grandes ambitions d’Ottawa en matière d’immigration.

D’éminents économistes d’entreprise se disent déconcertés par l’insistance du gouvernement à respecter des quotas d’immigration surdimensionnés à une époque où la pénurie de logements est généralisée. Stéfane Marion, économiste en chef à la Banque nationale du Canada, et David Rosenberg, président de Rosenberg Research, ont exhorté Ottawa à envisager une révision de ses objectifs afin de permettre à l’offre de logements de rattraper la demande.

Parallèlement, un nouveau document de travail rédigé par un trio d’économistes universitaires canadiens approfondit les questions relatives à l’immigration. Ce document, qui circule actuellement sous forme de projet sous le titre « The Economics of Canadian Immigration Levels » (L’économie des niveaux d’immigration au Canada), propose une critique érudite mais sévère de la politique actuelle.

Les auteurs – Matthew Doyle et Mikal Skuterud, de l’université de Waterloo, et Christopher Worswick, de l’université de Carleton – estiment que les décideurs politiques se trompent en concluant « que si une certaine immigration est bonne pour l’économie, une plus grande immigration doit être meilleure ».

Il est vrai que la façon dont on envisage cette question dépend de la définition que l’on donne au mot « mieux ». Les trois économistes reconnaissent que si l’objectif d’Ottawa est simplement d’accroître l’influence géopolitique du Canada, alors, oui, il est logique d’ouvrir les portes et d’accueillir un afflux massif de nouveaux arrivants. Plus de travailleurs et plus de consommateurs, c’est une économie plus importante.

Mais la taille ne fait pas tout. Imaginons que la production économique du Canada ait doublé en même temps que sa population. La vie du Canadien moyen s’en trouverait-elle améliorée ? Pas vraiment. Le citoyen moyen ne verrait aucune amélioration de son niveau de vie. L’augmentation de la taille du gâteau économique s’accompagnerait d’une augmentation équivalente du nombre de personnes se le partageant.

Il faut également tenir compte de la moralité. Sur le papier, il est possible de montrer qu’un pays peut générer un « excédent d’immigration » en faisant venir en masse des travailleurs peu qualifiés pour occuper des emplois subalternes. Cette sous-classe d’immigrants faiblement rémunérés peut libérer la population existante pour lui permettre d’occuper des emplois mieux rémunérés.

Toutefois, on peut se demander jusqu’où cette idée peut ou doit être poussée dans un pays égalitaire comme le Canada. La notion d’excédent d’immigration minimise les difficultés rencontrées par les immigrants faiblement rémunérés. Elle ignore les questions d’inégalité des revenus et se concentre uniquement sur les bénéfices récoltés par les personnes déjà présentes dans le pays.

Les trois professeurs plaident en faveur d’une approche plus équitable et plus inclusive. Ils affirment que le test le plus juste et le plus raisonnable de la politique d’immigration canadienne est de savoir si elle contribue à l’augmentation de la production par personne – ou du produit intérieur brut (PIB) par habitant, dans le jargon.

La recherche a démontré que les mesures du PIB par habitant sont étroitement liées aux sentiments de bien-être et de satisfaction de la vie. Si l’immigration offre un moyen sûr d’augmenter ce chiffre, il y a de bonnes raisons de penser qu’elle profite à la nation dans son ensemble.

Malheureusement, pour les partisans de l’immigration, rien ne prouve qu’elle contribue réellement à accélérer la croissance du PIB par habitant.

Le contraire est souvent vrai. Lorsque l’immigration est limitée et que la main-d’œuvre est rare, les entreprises peuvent trouver rentable d’investir dans de nouveaux capitaux – outils, ordinateurs, usines et autres équipements – afin d’augmenter la productivité des travailleurs qui se font rares. Cet investissement en capital peut contribuer à augmenter le PIB par habitant.

En revanche, lorsque l’immigration explose, l’investissement en capital peut sembler moins intéressant. Les entreprises peuvent estimer qu’il est moins coûteux d’embaucher un travailleur supplémentaire pour répondre à une nouvelle demande que d’investir dans de nouveaux équipements. Il peut en résulter une main-d’œuvre plus nombreuse, mais dont la productivité et le PIB par habitant sont moindres.

Les trois professeurs se sont penchés sur les décennies passées et n’ont rien trouvé qui indique que l’immigration ait jamais été un tonique économique.

« En nous basant sur des données concernant le Canada et les États-Unis, nous constatons qu’il existe une relation négative, ou aucune relation, entre les périodes de forte immigration et la croissance ultérieure du PIB par habitant », écrivent-ils dans leur article.

Soyons clairs : L’absence de retombées économiques évidentes de l’immigration ne signifie pas que le Canada doive fermer la porte aux nouveaux arrivants.

Les économistes soulignent que la législation fédérale énumère 12 objectifs en matière d’immigration, allant du regroupement familial au soutien des communautés de langues officielles minoritaires. Nombre de ces objectifs ne sont pas de nature économique et peuvent encore justifier des niveaux d’immigration substantiels.

L’accent mis sur les immigrants de la classe économique peut refléter des idées fausses.

Prenons, par exemple, l’idée que l’immigration est nécessaire pour occuper des emplois peu qualifiés et essentiels. Selon les économistes, cette idée n’a pas beaucoup de sens. L’admission de personnes pour occuper des emplois faiblement rémunérés fait baisser le PIB par habitant au lieu de l’augmenter.

L’idée selon laquelle l’immigration peut compenser les effets du vieillissement de la population canadienne est tout aussi discutable.

Les immigrants vieillissent et finissent par prendre leur retraite comme n’importe qui d’autre. Bien que l’immigration puisse constituer un dividende démographique à court terme, « l’exploitation de ce dividende démographique pour produire une croissance continue nécessiterait une stratégie de type Ponzi consistant à augmenter continuellement le taux d’immigration pour compenser l’augmentation de la taille de la population en âge de prendre sa retraite », écrivent les économistes.

[…]

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