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Concentration des minéraux critiques : l’Agence internationale de l’énergie sonne l’alarme sur la dépendance mondiale envers la Chine

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D’après un article de David Mchugh et Alexa St. John, The Associated Press, publié dans BNN Bloomberg le 21 mai 2025

La transition énergétique vers un monde sans carbone pourrait se heurter à un nouvel obstacle géopolitique majeur : la concentration croissante des minéraux critiques dans un nombre restreint de pays producteurs, au premier rang desquels figure la Chine. C’est l’avertissement lancé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié mercredi, et rapporté par David Mchugh et Alexa St. John pour The Associated Press.

Des ressources stratégiques concentrées

David Mchugh et Alexa St. John expliquent que l’AIE, basée à Paris, a évalué l’approvisionnement mondial en minéraux et métaux essentiels à la fabrication de batteries, de véhicules électriques, de réseaux électriques intelligents, de robots, de semi-conducteurs, de drones et même d’équipements militaires. Bien qu’ils soient « de faible volume », ces éléments sont d’« importance capitale » pour l’économie de demain.

Le rapport révèle que pour des matériaux comme le cuivre, le lithium, le cobalt, le graphite et les terres rares, les trois principaux pays producteurs contrôlaient en 2024 86 % du marché mondial, contre 82 % en 2020. Cette tendance s’accompagne d’une domination écrasante de la Chine dans la chaîne de transformation : Pékin est aujourd’hui le principal raffineur de 19 des 20 minéraux critiques étudiés, avec une part moyenne de 75 % du raffinage mondial.

L’Indonésie, pour sa part, a connu une ascension rapide dans le secteur du nickel, essentiel à la production d’acier inoxydable et de batteries pour véhicules électriques.

Des risques croissants de ruptures d’approvisionnement

L’AIE met en garde contre les risques systémiques que représente une telle concentration. « Les chaînes d’approvisionnement des minéraux critiques peuvent être extrêmement vulnérables aux chocs », a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’agence. Ces chocs peuvent provenir d’aléas climatiques, de pannes techniques ou de tensions commerciales croissantes.

Birol a évoqué les crises énergétiques récentes, notamment la coupure du gaz russe à l’Europe après l’invasion de l’Ukraine, ou encore la pénurie mondiale de puces électroniques durant la pandémie, qui avait paralysé l’industrie automobile. Il rappelle à ce sujet que « la règle d’or de la sécurité énergétique, c’est la diversification », ajoutant que cette sécurité est aussi une question de « sécurité économique ».

Selon le rapport, les forces du marché à elles seules ne suffiront pas à atténuer ces risques. « Il faut des politiques gouvernementales bien conçues », a affirmé Birol, citant entre autres le financement public, l’accélération des permis de forage et les partenariats stratégiques.

Trump veut réduire la dépendance… mais à quel prix?

Mchugh et St. John soulignent que cette alerte de l’AIE coïncide avec une offensive géoéconomique de la nouvelle administration Trump. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président a fait de la réduction de la dépendance des États-Unis aux minéraux étrangers une priorité de ses « 100 premiers jours », au nom de la sécurité nationale.

Parmi les mesures déjà prises : une entente controversée conclue avec l’Ukraine pour exploiter ses vastes ressources minières, l’accélération des projets d’extraction minière dans les eaux internationales — au grand dam des groupes environnementaux —, un décret pour relancer la production intérieure de cuivre, une proposition de partenariat avec le Congo malgré l’instabilité du pays, et même une tentative de forcer la main au Groenland pour sécuriser ses gisements.

De plus, la Chine — en réponse aux tensions commerciales ravivées par l’administration Trump — a limité l’exportation de plusieurs produits clés, rendant encore plus difficile pour les États-Unis d’accéder aux matières premières nécessaires à leur industrie.

Une alerte sur le cuivre et les besoins de demain

Malgré des prix en baisse à l’heure actuelle, l’AIE prévient que les projets d’extraction planifiés ne suffiront pas à répondre à la demande future, notamment en ce qui concerne le cuivre, vital pour les infrastructures électriques. L’agence anticipe ainsi un manque de 30 % de cuivre d’ici 2030, un gouffre qui pourrait freiner l’expansion des réseaux et des installations de production d’énergie renouvelable.

Les auteurs précisent que cette pénurie pourrait engendrer des hausses de prix pour les consommateurs et réduire la compétitivité industrielle dans les pays occidentaux.

Une réponse mondiale encore hésitante

Enfin, David Mchugh et Alexa St. John notent que, face à ces constats, les pays industrialisés tardent à réagir de manière coordonnée. Les investissements dans de nouveaux gisements, dans le recyclage des métaux ou dans la substitution de certains matériaux ne suivent pas le rythme de la demande croissante liée à la transition énergétique.

La concentration des chaînes d’approvisionnement entre les mains d’un petit nombre d’acteurs, principalement asiatiques, crée une vulnérabilité structurelle qui pourrait transformer la dépendance énergétique d’hier en dépendance minérale de demain.

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